Les enfants ne sont pas des anges. Si jamais on en doute, il suffit de regarder Récréations (1992), inoubliable documentaire de Claire Simon. Tout se passe dans leur monde à eux, d’où sont exclus les adultes : la cour de l’école. On y voit jouer des gosses qui, en toute innocence, réinventent les lois de l’amour et de la guerre, et celle du plus fort. Il y a ceux qui se retrouvent ensemble, forment des groupes, celle qui reste seule, assise sur le perron et que les autres négligent.
Comédienne, auteure, Sandrine Roche est partie du film pour retrouver ses souvenirs, les faire partager à travers des personnages de petites chipies qui ne se font pas de cadeaux, et pour tout dire, n’en font à personne. Rien d’étonnant à ce que Stanislas Nordey s’en empare. Metteur en scène et pédagogue, depuis toujours, il se passionne pour les écritures, pour la façon dont elles mettent au jour des vérités embarrassantes, pour les chemins que chacun prend ou tente de prendre afin de regarder le monde, se regarder, se connaître. Vivre.
Colette Godard
Le texte de la pièce est publié aux Éditions Théâtrales.
« Tout est beau, dans ce spectacle où neuf comédiennes vêtues de robes chasubles racontent des histoires sans jamais chercher à ressembler à des petites filles ni à se montrer féroces : elles n'en ont pas besoin, c'est la vie qui, souvent, n'est pas tendre avec elles. » Brigitte Salino, Le Monde, 19 avril 2014
« Le groupe des (petites) filles va d’unions en désunions, de clans en communauté, grandeur et misère du « vivre ensemble ». C’est cela que Nordey met en avant, tout en évitant toute retombée réaliste (...) Toutes les mises en scène de Nordey sont des écrins offerts à l’écriture de l’auteur. Et c’est le cas ici avec beaucoup de finesse allant jusqu’à l’accompagnement des lumières (Stéphanie Daniel) et celui des sons (Olivier Mellano) qui sont comme des ponctuations du texte. » J.-P. Thibaudat, rue 89, 21 avril 2014
« Neuf petites filles est donc une pièce sur les enfants, mais s'adressant à un public d'adultes. Avec un effet « miroir » ressenti jusque sur la scène. » Ouest France, 15 avril 2014
Quel théâtre aujourd’hui pour témoigner de l’état de notre société ? Comment inventer de nouvelles formes de récits à la fois engagés et non didactiques qui permettent aux spectateurs de réfléchir tout en rêvant ? à la lecture du texte très ouvert de Sandrine Roche, il m’a semblé qu’un certain nombre de réponses étaient esquissées dans son geste d’écriture. Qui sont ces neuf petites filles dont parle le titre ?
À partir de ce regard d’enfant elles dessinent les questionnements liés à leur devenir de femme en ce début de XXIe siècle. Le texte est violent, drôle, impertinent avec une rythmique empruntée aux improvisations du jazz ; il permet comme le suggère l’auteure elle-même une grande liberté pour le metteur en scène et les interprètes. Celles-ci seront donc au nombre de neuf ; neuf comédiennes sur un plateau de théâtre !
Stanislas Nordey
31, rue des Abbesses 75018 Paris