Une évocation du rêve américain
Blonde, le roman
L'histoire
L’adaptation
Mise en scène
La presse
Principalement inspirée du formidable roman de Joyce Carol Oates, Blonde, la pièce de John Arnold se suit comme une véritable enquête policière. Un polar dont on connaît certes l’issue, mais dans lequel on se laisse totalement prendre.
C’est l’histoire d’une petite fille à la recherche constante d’un père, une jeune femme à l’ascension fulgurante, une star en quête permanente de légitimité. Ou comment Norma Jean devint Marilyn, héroïne de légende emprisonnée dans la cage de la gloire, injustement réduite au statut d’icône sexy. Ceux qui l’ont approchée ou côtoyée, célèbres ou non, viennent la raconter — Di Maggio, Miller, Kennedy, Zanuck mais aussi un médecin ou une infirmière… Des témoignages parfois cocasses, féroces ou impitoyables mais aussi remplis de délicatesse, de compassion et d’humour.
L’évocation du rêve américain passera ici par les strass et le stress de Hollywood, lieu de perdition pour celle que l’on découvrira dans quatre âges de sa vie : enfance, adolescence, jeune actrice et star provocante dont la mort est toujours sujette à spéculations. Un spectacle rempli de fulgurances, avec une mise en scène au service d’acteurs de talent, dont John Arnold, en personne.
Librement inspiré du roman Blonde de Joyce Carol Oates.
Je ne crois pas avoir jamais éprouvé des sensations aussi intenses qu’à la lecture du roman-fleuve de Joyce Carol Oates, il y a trois ans. Le livre m’a littéralement aspiré, englouti et a été mon compagnon de nuit. La vie de Norma Jean Baker me touchait profondément : le combat acharné qu’elle dut livrer dès ses premières années, sa survie d’abord, puis sa vie à laquelle elle cherchait à donner un sens à travers l’amour, son désir éperdu d’être mère, la fatalité ou le destin lui interdisant l’accès à une vie simple pour la conduire dans la cage de la gloire, et la réduire au statut peu enviable d’icône sexuelle et finalement la mort comme échappée ultime. Tout cela, l’écriture de Joyce Carol Oates me le restituait parfaitement.
Au-delà de la vie de Norma Jean Baker, alias Marilyn Monroe, c’est surtout la convocation d’un rêve, celui d’une vie et des promesses qu’elle recèle.
De la question du bonheur, de l’idée que l’on peut avoir de la réussite, du fait de « s’accomplir » dans quelque domaine que ce soit. De tout cela, la nation américaine, dès sa naissance, en a fait ses soubassements, sa raison d’être, sa nécessité, sa fierté, son dogme national.
C’est en partie, ce que l’on appelle « le rêve américain ». Aujourd’hui, le rêve s’est propagé dans le monde entier et la question du bonheur reste entière. Dans le cas présent, cela donne une comédie carnivore, un conte moderne, l’histoire de Cendrillon revue et visitée par Martin Scorsese et qui se situe dans un pays étrange, un pays où si les citrouilles se transforment en carrosses, elles carburent au whisky et à la vodka et laissent dans leur sillage des traînées de cocaïne. Et les rôles des petites souris sont tenus par des rats et des porcs. Et le prince charmant ne l’est pas du tout.
Et au milieu du désert brûlant, la petite fille qui crie son manque d’amour et son effroi. Et qui rencontre la bête aux mille yeux, et qui lui demande : « Mais qui es-tu ? ». Et la bête qui lui répond : « Vulgarité est mon nom, et je t’aimerai, je t’adorerai, je t’immolerai, et tu seras comète, flèche de feu dans le ciel, tu seras princesse ardente et immortelle. » C’est l’histoire de la rencontre entre une névrose et la société de consommation.
Le désir de faire une adaptation du roman pour le théâtre s’est, alors tout naturellement imposé, je me disais que ce que j’avais ressenti, seul, pouvait l’être aussi par d’autres et collectivement. Dès lors se posait la question de la nature de cette adaptation puisque le roman fait 1100 pages.
Fallait-il que l’histoire se raconte sous une forme narrative ? Un dialogue ? Un mélange des deux ? Fallait-il que Marilyn Monroe s’incarne sur scène ou fallait-il l’évacuer, qu’elle ne soit pas présente physiquement et axer l’histoire sur sa mère internée à l’hôpital psychiatrique et décédée en 1984 ? Entre mettre tous les protagonistes sur scène et un monologue de la mère, tous les possibles s’offraient. Je me suis posé alors la question de ce que j’aurais voulu voir en tant que spectateur.
Entre la perspective de voir sur scène l’histoire de Monroe par le biais d’un monologue de sa mère internée ou d’un dialogue avec un médecin ou des infirmières et celle de la voir elle, en chair et en os, avec tous les autres, Di Maggio, Miller, Kennedy, Zanuck... célèbres ou pas, bref, Hollywood, tout un monde qui, l’instant d’une représentation, redescend sur Terre et s’incarne, j’optais pour la seconde voie. Il m’apparaissait aussi que je ne voulais pas d’une forme narrative, je voulais que l’histoire se parle et qu’elle se parle au présent. Il m’a fallu m’éloigner du roman et me nourrir d’autres sources, les nombreuses interviews que Marilyn a données et les entretiens, innombrables où l’on parlait d’elle, m’ont été précieux et m’ont permis d’écrire les scènes qui manquaient. Toutefois l’inspiration venant du roman de Oates concerne 40 % de la pièce.
La pièce
L’histoire de Norma Jean Baker est écrite pour cinq actrices et sept acteurs, plus le metteur en scène qui doit jouer aussi. Si l’écriture, à part le poème du tireur d’élite et un passage du texte de la mère, est réaliste, elle doit se lire comme un conte, les partitions de chaque acteur étant le reflet d’un caractère, d’une pensée, d’un désir, d’une thématique, se déclinant à travers plusieurs rôles. Ceci est valable aussi pour Blonde qui, dans la pièce, traverse quatre âges de sa vie, enfance, adolescence, jeune actrice, star et chute. Toutes les partitions sont pensées sur un principe de poupées russes.
Si le fond de la pièce est tragique, elle contient aussi beaucoup de situations cocasses, le spectacle peut et doit faire rire, le jeu des acteurs doit être rapide, léger, enlevé. Les personnages ne s’apitoient pas sur leur sort ni sur celui des autres, ils n’en ont pas le temps, ils avancent à marche forcée, leur survie en dépend, mais s’ils sont souvent féroces et impitoyables, ils peuvent aussi se montrer plein de délicatesse, de compassion et d’humour. L’histoire étant ce qu’elle est, la question du cinéma devra être traitée. Comment montrer le cinéma au théâtre ? Idem pour la comédie musicale, certaines scènes seront dansées, d’autres chantées.
Une attention particulière sera portée au rythme des voix, des sons et des corps évoluant dans l’espace scénique. Ce spectacle au jeu rapide, extrêmement physique, les femmes et les hommes en sont le centre, donc les acteurs ! C’est la mise en scène qui est à leur service et non l’inverse.
John Arnold
Je n’ai, jusqu’à présent, jamais cherché à être metteur en scène. Ce qui est le plus important pour moi, c’est le spectateur. J’ai envie de voir des spectacles en tant que spectateur, et puisque personne ne les fait, je m’y mets ! Je me dis : « Tiens, j’aimerais bien que l’on me raconte cette histoire ! »… J’ai la chance de gagner ma vie comme acteur, et n’ai pas l’ambition de devenir metteur en scène. Ma seule ambition est de faire ma vie à l’endroit du théâtre, et peu importe la place que j’occupe. L’essentiel étant de faire des rencontres.
Le livre, le regard
Lorsque j’ai lu le livre de Joyce Carol Oates, j’ai compris ce qui me taraudait et me fascine toujours, à savoir la question du regard. Le regard que l’on se porte sur soi-même, et le regard que les autres nous portent, ces deux choses étant évidemment inextricablement liées. Le livre me renvoyait à ça. C’est comme une histoire d’amour : on ne décide pas du moment où l’on va tomber amoureux…
Une comédie carnivore
Il y a une distribution « hollywoodienne » au plan du nombre. C’est le seul luxe que je m’accorde depuis le départ. Je joue également, mais dans un dispositif à la Kantor. Je suis à la table, dans la salle, et fais le go-between entre la salle et la scène. L’espace scénique, lui, est extrêmement simple : il y a un rideau à la face et un rideau au lointain. C’est le principe de Peter Brook et de « l’espace vide », mais avec quelques éléments indispensables. Il y a également de la vidéo, car il est difficile de parler de Marilyn Monroe sans convoquer le cinéma. Mais le rôle principal dans ce spectacle au-delà de la personnalité de Norma Jean, c’est la foule, l’attente de la foule. Cela donnera ce que j’appelle une comédie carnivore. S’il fallait résumer le spectacle d’un seul mot, je choisirais celui d’hypnose.
Propos recueillis par Jean-Pierre Han
« Tel un chœur antique, réunis autour d’un corps recouvert d’un drap, des comédiens annoncent le destin de la blonde la plus célèbre de la planète : Marilyn Monroe. La jeune actrice menue, Marion Malenfant, brûle véritablement les planches. » Le Figaro
« John Arnold adapte Blonde, le roman-fleuve de Joyce Carol Dates et le mis en scène sur le ton d’une comédie poignante et grinçante. Bluffant ! » Le JDD
« Une création et une mise en scène audacieuses de John Arnold.
» France Info
« Un texte et des acteurs beaux et sublimés, un grand spectacle intelligent.
» Un fauteuil pour l'orchestre
« John Arnold orchestre avec fluidité une mise en scène qui fait la part belle à des envolées dramatiques, oniriques et ludiques, le tout au service de 13 acteurs multi-rôles...
» Publik'Art
« La pièce débute comme un conte funeste avec, allongée sous un drap, une belle au bois dormant qui, au pays du stress et des paillettes, n’aurait jamais su trouver son équilibre, créature trop vulnérable, prématurément usée d’avoir tant crié " Je veux qu’vous m’aimiez " ... » Libération
« John Arnold, qui tient un rôle dans le spectacle qu'il signe, est un comédien exceptionnel venu du Théâtre du Soleil et qui a fait depuis un long chemin singulier. Interprète, il est puissant, original. Il a adapté l'ouvrage très épais de Joyce Carol Oates, Blonde... » Le quotidien du médecin
« Tel un chœur antique, réunis autour d’un corps recouvert d’un drap, des comédiens annoncent le destin de la blonde la plus célèbre de la planète : Marilyn Monroe. La jeune actrice menue, Marion Malenfant, brûle véritablement les planches... » Le Figaro
« John Arnold adapte Blonde, le roman-fleuve de Joyce Carol Dates et le mis en scène sur le ton d’une comédie poignante et grinçante. Bluffant ! » Le Journal du dimanche
« Une création et une mise en scène audacieuses de John Arnold.
.. » France info
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