L’espace interdit de la plage
Je ne partirai pas
La presse
Une femme revient dans son pays et sur la plage de son enfance, « le rivage du monde », elle attend des amis pour un pique-nique, situation plutôt banale, mais un homme est étendu sur le sable qui lui dit qu’elle n’a aucun droit d’être là, que la plage est désormais privée. Il lui demande de partir, elle veut comprendre pourquoi il ne supporte pas sa présence, il finit par lui dire que c’est sa couleur qui ne va pas car « elle est porteuse d’une mémoire qui n’a pas sa place » sur cette plage.
Pouvons-nous revenir au pays de l’enfance ? Pouvons-nous oublier ce qui divise les hommes et les empêche de s’asseoir ensemble sur le rivage du monde ? Cette plage interdite est la métaphore du gouffre qui se creuse entre les hommes et les femmes, les blancs et les autres, le passé et le présent.
José Pliya, dramaturge d’origine béninoise, a écrit cette pièce lors d’une résidence en Martinique, après quelques mois d’observation de la société antillaise et de sa quête identitaire. Il écrit dans une langue puissante, imagée et concrète en même temps, qui a fasciné Denis Marleau, lui qui aime les écritures porteuses d’imaginaire, de Maeterlinck à Jon Fosse. Dans un espace scénique d’une blancheur intense, les gestes des acteurs noirs écrivent une partition troublante, la mer est hors champ mais on perçoit sa respiration, elle est là comme un danger et une douceur, contrepoint à l’espace interdit de la plage.
L’Homme : Non. Vous vous trompez de pays. Vous vous trompez d’île. Vous vous trompez de plage. Nous ne sommes pas ici dans un de ces pays du froid d’où vous débarquez et où les femmes exigent des hommes hommages et compliments. Vous êtes chez moi, sur mes terres, sous ma loi.
La Femme : De quelle loi parlez-vous ? Je regarde autour de vous et je n’en vois pas. Je ne vois rien d’écrit, ni sous le vent, ni sur le sable. Rien qui me prouve ce que vous dites. Rien qui vous autorise, vous, à vous exposer nu sur ce rivage et sous mes yeux en toute impudeur. Je ne me plains pas de votre beauté tapageuse. Je ne m’offusque pas de vos muscles racoleurs et de ces manières indolentes et lascives que vous avez.
L’Homme : Voilà très précisément l’une des raisons pour lesquelles je ne voulais pas que vous vous attardiez. Vous entrez dans mon intimité. Vous violez ma plage secrète. Vous me déshabillez du regard et, moi, je déteste ça. Et je sais aussi que je vais détester votre nudité, les courbes, le galbe, les rondeurs et tous ces atours qu’immanquablement vous allez exhiber. Voilà une autre raison suffisante pour justifier mon injonction.
La Femme : Je ne suis pas convaincue. Vos raisons ne me conviennent pas. Ce ne sont pas là vos raisons profondes de me voir m’en aller. Elles sonnent faux. Il en va de même pour votre autorité. Vous savez ce qu’on dit : la véritable autorité ne se discute pas ; on l’exécute et puis c’est tout. Vous n’avez pas réussi. Vous me cachez la vérité. Je ne partirai pas tant que vous ne m’aurez pas dit pourquoi je ne dois pas m’installer sur le Rivage du monde. Je ne partirai pas.
José Pliya, Nous étions assis sur le rivage du monde....
« (...) un spectacle langoureux, porté par des interprètes précis, des lumières vives et un riche environnement sonore. » Hervé Guay, Le Devoir, 27 mai 2005
« Nicole Dogué incarne avec naturel et subtilité cette femme pleine de candeur (...). » Caroline Barrière, Le Droit, Ottawa, 27 mai 2005
« (...) Denis Marleau décortique avec la précision chirurgicale qui est la sienne une écriture de nature à susciter le débat (...). » Ève Dumas, La Presse, Montréal, 26 mai 2005
« (...) une mise en scène ciselée de Denis Marleau d’un texte fulgurant (...). » Dominique Lachance, Le Journal de Montréal, 27 mai 2005
« Nicole Dogué et Ruddy Sylaire brûlent de vérité (...). » Jean St-Hilaire, Le Soleil, 31 mai 2005
« Cette pièce, très forte et esthétiquement réussie, harmonieuse et homogène à tous les niveaux, est l’un des événements de ces Francophonies. » Jacques Morlaud, L’Écho, 8 octobre 2005
« Interprété à la perfection, (...), cette confrontation se clôt sur la vision désolante d’une femme au cœur en cendres. » Joshka Schidlow, Télérama, 12 octobre 2005
ce spectacle est génial mais nous avons quand même a se mettre dedans, l'ambiance du début est un petit peu trop lente et les silences pas si bien répartis. Mais le message est tellement important ainsi que le faite que se soit des affricains qui jouent ces rôles tout en sachant les problèmes de communications et de racisme qu'il existe dans le monde.
ce spectacle est génial mais nous avons quand même a se mettre dedans, l'ambiance du début est un petit peu trop lente et les silences pas si bien répartis. Mais le message est tellement important ainsi que le faite que se soit des affricains qui jouent ces rôles tout en sachant les problèmes de communications et de racisme qu'il existe dans le monde.
17, boulevard Jourdan 75014 Paris