« Ça vaut pour la mort comme pour l’amour, il faut dissimuler. »
Un sanatorium dans la montagne aux environs de Tokyo. L’été. Les hôtes de ce lieu éternel suspendu entre terre et ciel semblent condamnés à mourir les uns après les autres... mais de quoi ? Au rythme des visites quotidiennes des familles et des amis, seize personnages se croisent dans le hall d’accueil. Au gré d’une langue minimaliste aux interjections récurrentes - véritable partition musicale du texte - le mystère qui entoure la maladie des patients demeure. Les mots échangés sont pauvres, les préoccupations futiles et triviales. Ce qui importe, mieux vaut le taire. Car sous les non-dits, les silences, se profilent l’indicible, l’autre, l’ailleurs, la mort.
Ainsi se dégage un univers grotesque et dérisoire, où, à l’hypocrisie et aux démissions des « vivants » font face le détachement et l’ironie des « mourants ». Un leitmotiv revient sur toutes les bouches, dans un crescendo aux allures tragi-comiques : « Le vent se lève. Il faut tenter de vivre ». Au travers de dialogues décharnés qui témoignent d’un art de la reprise et de la variation, les cimes du « Plateau » finissent par retentir d’un rire insouciant et guérisseur.
Après le rythme endiablé de la valse viennoise de Horváth, Laurent Gutmann orchestre ici les silences de sons contemporain Oriza Hirata, échos feutrés d’une montagne aussi magique que celle de Thomas Mann.
La pièce est disponible aux éditions Les Solitaires intempestifs, traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle.
Place de la liberté (Boulevard Foch) 57103 Thionville