On n'est pas seul dans sa peau

du 5 au 6 mai 2009
1h15

On n'est pas seul dans sa peau

Même jeune, on peut s’interroger sur ce que les ans font de vous. Sur ce que l’on est, ce que l’on croit être, sur la relation entre mémoire et identité. Julie Bérès interroge l’exclusion sociale de la vieillesse, comme de tout ce qui se tient hors du référent efficacité-jeunesse-beauté. De ses rencontres avec les pensionnaires d'une maison de retraite à Villejuif est née l’histoire d’une vieille dame nommée Rose, ex-chanteuse de rock à la vie passionnée autant que passionnante.

J’aimerais vous dire
On n'est pas seul dans sa peau, c'est...
La presse

  • J’aimerais vous dire

Je vis en France, à Paris, ville où la peur se radicalise depuis plusieurs années, c’est visible à l’œil nu.
Je suis une jeune-blanche-occidentale et cultureuse, évidemment je suis de gauche !
L’urgence : parler du présent, du présent vivant.
J’essaie de sentir la complexité du monde par les bouts, par l’en-dedans. Pas par les chiffres, pas par les causes. Pas uniquement par les livres.
Le monde vacille juste en dehors des grilles qui ferment le théâtre, là où nous bricolons dans nos coins nos nouvelles idées, entre nous, trop souvent imperméables à cette tension, cette diversité partout qui éclate au visage.
Ne pas réagir c’est étouffer à coup sûr, car j’étouffe. Mon calme m’étouffe, mon repos m’étouffe, mon ego m’étouffe, mea culpa, et l’affluence de ces phrases.

Je ne suis pas pour juger et rejeter constamment ce monde, je suis pour l’améliorer encore et puis le partager.
Est-ce que je fais le nécessaire ? Est ce que je suis suffisamment ouverte ?
Suis-je suffisamment sincère ? Ou subversive ?
Comment parler de ceux qui ne sont pas moi ?
Est-ce qu’il suffit d’être sincère ?
Suis-je légitime ? Dois-je parler de mon manque de légitimité ?
Est-ce que la culture, l’art peuvent jouer un rôle politique ? Quels sont concrètement leurs effets ? Je ne sais pas.
Le théâtre ? Je ne sais pas. Et quel théâtre ?
Est-ce que les gens tiennent au théâtre ?
Est-ce que les gens se sentent concernés ?

Le théâtre, parce que c’est l'endroit où l'humain vient voir de l'humain pour tenter de se comprendre. C'est une tribune, un lieu d'expression qui engage le débat et l'échange. C'est un croisement, un partage, idéalement, une communion entre tous ses acteurs : spectateurs et interprètes.
Je suis pour l’indécidabilité de l’art théâtral, pour la démocratie des disciplines. Le théâtre est la scène de tous les arts, il prend toute sa noblesse dans sa bâtardise. Je suis pour un théâtre pluridisciplinaire et par-dessus tout indisciplinaire.

« Je suis habité ; je parle à qui-je-fus et qui-je-fus me parlent. » Henri Michaux

Comment parler de ceux qui sont tout sauf moi ?
De ceux qui ne correspondent pas au référent dominant : Jeunesse, performance, beauté, dynamisme.
De l'isolement qui frappe nos vieux, de leur mise à l'écart dans nos sociétés occidentales.
Aujourd’hui, nous vivons de plus en plus vieux et notre rapport à la mort et à l’existence s’en trouve bouleversé. Nos sociétés modernes se sont fortement éloignées des structures religieuses qui permettent de croire à la vie éternelle.
Comment ne pas avoir peur de vieillir quand on ne croit pas à une existence au-delà de la mort, à un paradis qui nous permettrait de jouer une deuxième mi-temps ?
Vieillir, c’est apercevoir notre finitude.

– Avez-vous peur de vieillir ?
– On vous a donné cette peur ?
– Qui vous l’a donnée ?
– Quelle est son origine ?
– Avez-vous peur dans le ventre ou dans la tête ?
– Qu’est-ce qu’elle vous ferait faire ?
– Utilisez-vous des produits anti-vieillissement ? Pour préserver votre capacité intellectuelle ? Vos ébats sexuels ? Conserver une éternelle beauté ?
– Avez-vous peur de voir vieillir vos proches ?
– Pensez-vous que votre mari est vieux ? Votre femme ?
– Jusqu’à quel âge pensez-vous faire l’amour ?
– Aimeriez-vous vieillir sur le sol français ?
– Quelle serait la spécificité de ce qu’on appelle un vieux ?
– Y a t-il des idées typiquement vieilles ?
– Qu’est-ce que se sentir vieillir ?
– Est-ce que perdre sa mémoire, c’est perdre son identité ?

Certaines de ces questions nous ont incité à une immersion d’un mois et demi dans une maison de retraite à Villejuif : AREPA. Nous voulions questionner le devenir vieux de notre société, interroger les mémoires individuelles et collectives qui se façonnent aujourd’hui, et de comment ça se fabrique, où ça se trouble, une mémoire.

Julie Bérès, janvier 2007

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  • On n'est pas seul dans sa peau, c'est...

C’est ….
L’invitation au voyage mental d’une femme dont la mémoire et l’identité partent en lambeaux. Voyage où les temps se mélangent, se déstructurent et se confondent.
Plan sur plan, les différents âges de la vie se répondent, bonheurs et déboires entrelacés : des déboires, mais aussi de la jouissance, du désir dont il reste quelque chose sous la peau flétrie.
Une errance intérieure, l’écho de soi face à soi-même, présence de l’autre comme un même. Trois interprètes incarnent une même personne à trois âges de sa vie : l’enfance, la maturité et la vieillesse.
On n'est pas seul dans sa peau navigue sur un fil entre le réel et ce que nous en percevons, qui pourrait d’ailleurs en être très éloigné. Notre réel n’est qu’un leurre. Nous donnons à voir ce mensonge.
On n'est pas seul dans sa peau, c’est aussi une vingtaine de créateurs, d’interprètes et de sociologues curieux de s’interroger sur les vertiges de l’identité, les mécanismes de la mémoire et de l’inconscient. Désireux d’élaborer une forme sensible, serrée sur un propos polyphonique, où la narration peut s’éclater sans se perdre, tissée de voix, d’images et de sons qui résonnent et réfléchissent les uns avec les autres.

A partir des témoignages recueillis dans la maison de retraite AREPA de Villejuif, nous avons donné vie à l’imaginaire d’une femme vieillissante dont la mémoire est défaillante, nous l’appelons Rose. Ses faits et gestes, ses pensées, ses troubles et ses obsessions forment une pellicule sensible sous laquelle transparaît le déclin que l’on associe à la vieillesse.
Nous avons imaginé sa vie, ses paysages intérieurs et leurs métamorphoses.
Rose vit seule, elle se tourne vers son espace intérieur, revisite son histoire, la réécrit, entre en dialogue avec elle-même, s’adresse aux fantômes de son passé, convaincue qu’ils habitent son présent. Elle confond aussi le passé proche et celui plus lointain, cette confusion provoque une distorsion du réel. Elle ne discerne plus la réalité objective de ses chimères.

C’est cette déstructuration du temps, et du réel que l’on a questionnée.
Recomposer une réalité où durée et espace seraient bouleversés et transformés. C’est sous la forme d’un « scénario mosaïque» que notre spectacle s’est écrit. Scénario composé de morceaux épars d’une mémoire, qui ne sont pas reliées entre eux par des liens rationnels ou chronologiques mais par une succession de glissements et d’associations libres qui relève d’un parcours émotif et personnel.
Cette structure-puzzle nous permet de juxtaposer des fragments de souvenirs, elle fait écho au fonctionnement d’une mémoire qui s’étiole, où les strates de temps s’entremêlent et se superposent.

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  • La presse

"Julie Bérès élabore une composition picturale où le jeu d'acteur, l'usage modéré de la vidéo et les lumières s'imbriquent avec finesse. Les corps perclus de rhumatismes et les voix fragiles qui ne s'adressent plus qu'à elles-mêmes sont les marques visibles d'une humanité en fin de parcours. Ainsi mises en scène, la vieillesse et la perte de mémoire qui en résulte apparaissent aussi cruelles qu'irrémédiables." Bruno Masi, Libération, 15 octobre 2005

"Dans son nouveau spectacle, Julie Bérès met en scène, avec un tact affûté et une poésie toute en jeux de plans, les vertiges du vieillissement. Eminemment poétique et justement politique. C'est une vraie écriture de scène, serrée sur un propos et à la fois polyphonique, où la narration s'éclate sans jamais se perdre, tissée de voix, d'images et de sons qui résonnent formidablement les uns avec les autres. Plan sur plan, les différents âges de la vie s'engendrent et se répondent, bonheurs et déboires entrelacés. Mais aussi de la jouissance dont il reste quelque chose sous la peau flétrie. Et tout ceci est amené par des jeux d'images fugaces -des réminiscences-, et par un formidable travail de voix, tantôt nues, tantôt sonorisées, assourdies, éloignées, ou parfois presque hurlantes (...)" Jean-Marc Adolphe, Mouvement, Décembre 2006

"Julie Bérès a un profil de vainqueur moderne : jeunesse (elle a 35 ans), beauté (un physique de comédienne et avec du chien), dynamisme (sa première mise en scène a été accueillie à Chaillot), soit tous les signes extérieurs de réussite sociale. Elle ne s'en trouve pas pour autant exemptée d'interrogations sur l'exclusion ou le "devenir vieux". (...) Sans un gramme d'angélisme, Julie Bérès construit un onirique portrait de femme et chorégraphie un voyage intérieur dans les arcanes d'une mémoire qui se perd, phobie majeur des temps présents. Que reste-t-il alors de l'identité qui va avec ? Ici, de tendres et fantasmagoeriques images sonores. Et des instantanés de vies de vieux, révélés par un regard singulier." Cathy Blisson, pour Télérama, 2007.

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Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – CDN

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Place Jacques Brel 78505 Sartrouville
Spectacle terminé depuis le mercredi 6 mai 2009

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