Nocturne en solitude majeure, Opus n°3
Un voyage onirique...
dans un univers déroutant
Une boucle infernale
Originales, mordantes, sensuelles et touchantes sont les trois comédiennes d’Onirica. Un festival de couleurs, des sons envoûtants qui se mettent délicieusement au service d’une fable d’aujourd’hui, celle-ci servie par cinq auteurs résolument contemporains. Cette pièce, on y entre comme dans un rêve où l’on voit défiler un kaléidoscope de personnages attachants qui retracent un voyage dans un monde onirique rempli de plaisirs troubles, de fantasmes et hanté par la peur de la solitude et de l’amour. On en ressort avec des images plein la tête et une envie d’aimer encore plus intense.
Textes extraits de :
Xavier Durringer : Chroniques et Chroniques 2
Philippe Minyana : Inventaires
Sarah Kane : L’amour de Phèdre
Reiner Werner Fassbinder : Du sang sur le cou du chat et Preparadise sorry now
Racine : Phèdre
On découvre cette impression étrange de ne pas savoir si ce qui se passe sur scène est réel ou illusoire ; et c'est dans cet univers déroutant, oscillant entre rêveries et réalisme que le spectateur est sans cesse transporté.
C'est ainsi que l'on pénètre dans Onirica, avec ce décor qui se prolonge côté public : cinq bras de mannequins sur les sièges, grandes moustiquaires suspendues au-dessus des spectateurs, les incluant naturellement dans le spectacle. Tous les sens sont en éveil ; ces partitions choisies traitent de la peur du vieillissement, de la solitude et du questionnement face à sa propre séduction ; cette création est portée par trois comédiennes originales, sensuelles et mordantes d'humour face à elles-mêmes.
Ces trois jeunes femmes n'existant pour personne, le spectateur est témoin de leur déchéance, plus tragi-comique que dramatique ; car l'on rit énormément de l'aspect pathétique qu'elles dégagent. Elles offrent ainsi de magnifiques moments d'intimité.
On s’extasie devant un visuel très chorégraphié, accompagné de musiques envoûtantes, d’ énergies ténébreuses et de violence surréaliste qui retrace un voyage dans un monde fantastique, dévoilant de nombreux fantasmes.
C'est une galerie de femmes que vont incarner tour à tour les trois comédiennes d'Onirica ; un voyage initiatique.
Les personnages endossés par Emilie sont sans aucun doute les plus frustrés sexuellement. Dénotant une violence intérieure extrême, elle apparaît alors aux yeux du public comme une fleur fanée, présentant ainsi un côté totalement désespéré ; pourtant l'exaltation de certains de ses rôles et la mise en exergue de ses fantasmes refoulés , révèleront à la fin du voyage une créature terriblement sexuée.
Lucie, au tempérament instinctif , est un personnage fougueux, parfois torturé mais toujours fonceur. Elle réagit avec beaucoup de hargne et d'aigreur ; elle est toujours sur le qui-vive et s'interroge sans cesse sur le sens de la vie à deux, l'importance d'essayer, de réessayer, pour ne pas... finalement... vivre seule.
Quant à Laure, elle a cette fraîcheur et cette insouciance qui attire, comme si rien de grave ne pouvait au fond la flétrir ; et même si elle offre au premier regard une touche juvénile et terriblement sensuelle aux personnages qu’elle incarne, elle n’en reste pas moins attachante.
Onirica est une fable servie par cinq auteurs traitant d'un thème récurrent : la solitude. Et c'est cette union de textes contemporains (Fassbinder, Durringer, Minyana, Kane) et texte classique (Racine) qui apporte une touche originale et inédite à cette pièce.
Le voyage commence comme un cauchemar : les spectateurs s'installent dans une semi-obscurité, sur un fond sonore pesant et découvrent les trois actrices sur scène, immobilisées au sol.
Puis les personnages se réveillent et commencent leur traversée. Elles incarneront tour à tour des rôles de femmes-enfants, femmes perdues, ...
Sur un texte de Xavier Durringer, elles s’adonneront à une logorrhée tout en utilisant leur corps mécaniquement. Les vers de Racine entrecoupés de l’écriture de Sarah Kane souligneront le caractère intemporel du manque d'amour. Puis place aux fantasmes ; les corps s’expriment sur un fond de lumière rouge et deviennent tout aussi nerveux que les paroles énonçant les textes de Fassbinder.
Tout au long de la pièce, le spectateur va être témoin de cette folie qui les entrave peu a peu. La tristesse et le pathétisme vont prendre alors toute leur ampleur pour aboutir à de la folie pure ; dans une des dernières scènes, chacune substitue au réel des parties de corps humain en plastique et danse sur un slow des Platters.
Au final, allongées sur le sol, les actrices murmurent le même texte qu’au départ, présentant ainsi Onirica comme une boucle infernale de leur vie qui n'en finirait jamais.
Une pièce débordante d'humour, de pathétisme et d'originalité. Toute femme doit le voir au moins une fois (et les hommes aussi pour qu'ils voient notre intèrieur). C'est du pure délice pendant environ 1h30. Allez y nombreux A ne pas rater ps: on veut toutes être aimées
Une pièce débordante d'humour, de pathétisme et d'originalité. Toute femme doit le voir au moins une fois (et les hommes aussi pour qu'ils voient notre intèrieur). C'est du pure délice pendant environ 1h30. Allez y nombreux A ne pas rater ps: on veut toutes être aimées
2, passage du Bureau 75011 Paris