Opium, nom évocateur, « aux arômes méphitiques » ou « paradisiaques » selon le regard qu’on lui porte. En 1851, sous le titre des Paradis artificiels Baudelaire faisait paraître et adaptait librement Confessions d’un mangeur d’opium, récit autobiographique de Thomas de Quincey, économiste anglais, essayiste et philosophe, rédigé trente années auparavant.
En décrivant cette expérience, loin d’en faire l’apologie, Baudelaire décrit le parcours de « l’opiomane poète » où ce dernier se libère de la tyrannie de l’opium.
Le spectacle Opium propose un voyage qui irait de la confession d’un poète vers un monde extérieur sans illusions où seul le cynisme des puissants dicte ses lois. Histoire et paradis poétique se disputent une part de réalité.
Un comédien, Redjep Mitrovitsa, devant un cénacle de spectateurs, rend à ces confessions toute la lumière des textes de Baudelaire. A ses côtés, Thomas de Quincey, représenté par une poupée lilliputienne, s’abandonne dans son petit théâtre de marionnettes, aux brumes de l’opium.
Librement inspiré des Paradis Artificiels de Charles Baudelaire.
Une jauge de spectateurs.
Un grand arc de cercle de rideaux noirs pour fond de scène, mais ce fond semble se perdre dans un espace insaisissable.
Peu de lumière. Quelques lampions chinois. Devant ce fond sont plantés des paravents, disposés en labyrinthe, chicane et quinconce. Ces panneaux nous cachent « une sorte de voie libre et directe ». Ils participent à la création de l’invisible. La sensation d’espace sans limite s’accentue.
Au milieu, face aux spectateurs, une table, sorte de plateau de scène surélevé, mais dont « l’anatomie » est celle d’une table de billard. Une grande lampe, dont la structure est exactement aux mêmes dimensions que la table, recouvre cette dernière. Par un jeu de tringles et de poulies, elle s’élève ou redescend, changeant la dimension du faisceau de lumière dans l’espace.
Cette table, représente la chambre de Thomas de Quincey. Alors que le reste de l’espace, appartient au monde obscur, toute la vie à lieu dans cette petite chambre symbolique. Un lit apparaît, une table s’escamote, un samovar se met à bouillir. Des brumes épaisses recouvrent la table sur quoi tout objet se met à flotter. Bien que la table soit équipée de 4 pieds, et que l’on voit en dessous, le technicien manipulateur qui s’y cache, par un effet magique, reste transparent et invisible !
« J’étais devenu un esclave prisonnier des liens de l’opium, mes travaux et mes paroles étaient colorés par mes rêves »
« Vous êtes à peine debout qu’un vieux reste d’ivresse vous suit et vous retarde, comme le boulet de votre récente servitude »
" Ici tout est envoûtement, la voix du comédien Redjep Mitrovitsa, le texte de Baudelaire, les marionnettes d’Ezéquiel Garcia-Romeu. Dans une atmosphère délicieusement sulfureuse, on traverse les volutes opiacées d’un mangeur d’opium. Bien vite, ses confessions déchantent, l’air se fait rare, c’est le temps des lendemains de fête terribles que fatalement promettent Les Paradis artificiels. On n’en revient pas… et les spectateurs aussi, de ce spectacle unique et précieux. " Le Figaro
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