Papa est parti il y a dix ans. Plus personne n’attendait son retour ; et voilà qu’il est là sur le seuil de la porte. Papa est beau et riche et sa peau est d’un « noir miroitant », il exige de rentrer à nouveau dans la vie de maman… Mais son apparence n’est rien de plus qu’un mensonge. Maman le sait mais contre toute logique raisonnable, elle le laisse revenir dans sa vie.
Papa doit manger est une tragédie contemporaine qui traite de l’abandon et de l’amour, des rapports de classe et de race, de la France et de l’Afrique.
La première fois que j’ai lu Papa doit manger, j’ai été immédiatement absorbée par son écriture surprenante et singulière. J’ai été transportée par ces mots qui m’ont emmenés ailleurs. J’ai relu le livre à plusieurs reprises et à chaque fois de nouvelles impressions, de nouvelles images sont nées.
L’univers de Marie NDiaye est très franc et direct. Elle écrit ce qu’elle pense, ce qu’elle voit autour d’elle. Elle traite de thèmes politiques, sans être moralisatrice ; elle est sincère avec elle-même et avec ses sentiments.
Papa doit manger semble prendre racine dans le passé de son auteur sans être pour autant une pièce autobiographique.
L’histoire est d’abord et simplement l’histoire d’une famille, d’une famille d’aujourd’hui dans un monde vaste ou chacun est livré à soi-même sans appuis stables. Cette famille recomposée essaie de survivre. Le père est africain, la mère française issue d’un milieu raciste et conventionnel ; toute sa famille est fermement opposée à cette relation.
Face à cette réalité personne ne peut échapper entièrement à l’emprisonnement. Chacun subit une situation choisie ou imposée par les circonstances, par la vie. Le père quitte sa famille pour s’en chercher une autre ; la mère trouve un homme rassurant, les enfants n’ont pas le choix.
Les préjugés ne laissent pas aux personnages la possibilité de s’épanouir. Ils les enferment, ils leur coupent les ailes.
Ces thématiques sensibles sont traïtées par Marie NDiaye avec aisance, naturel et spontanéité. Elle éclaire les coins sombres de notre société occidentale, en gardant toujours un sens de l’humour acéré et cynique qui ne laisse pas la place au pathos et aux bons sentiments.
Sophia von Gosen
Cartoucherie - Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris
Navette : Sortir en tête de ligne de métro, puis prendre soit la navette Cartoucherie (gratuite) garée sur la chaussée devant la station de taxis (départ toutes les quinze minutes, premier voyage 1h avant le début du spectacle) soit le bus 112, arrêt Cartoucherie.
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.