A partir de 14 ans.
Clown atypique : le grand méchant. Ce clown-là s’est déjà taillé une sacrée réputation : un peu sale, pas mal méchant, le foie gros de trop de bière, un ogre aux appétits hors normes. Et pourtant, est-il si sale cet homme ? Si méchant ? Parfois méchanceté est seulement un autre nom pour tristesse ou pour fragilité. Quoi qu’il en soit, le clochard céleste de Bonaventure Gacon est un clown pour enfants spéciaux : le genre d’enfant inquiet que chaque adulte abrite encore en lui et qu’il ne laisse sortir au grand air que si personne ne l’observe.
Bonaventure Gacon joue un Auguste loqueteux et provoquant. Le Boudu est une épave. Un clown méchant et qui le revendique. Mais c’est en endossant toute l’horreur du monde que le personnage de Bonaventure Gacon libère le rire. Gueule tordue, barbe foisonnante, le Boudu entre en scène, dépenaillé, fourbu, plus instable qu’une coquille de noix dans la tempête. Regardez un peu ses grands yeux lunaires, la misérable calotte de feutre gris qu’il porte sur la tête, sa souquenille, ses basques, ses pantoufles et son nez rouges. Vous l’avez compris, le Boudu est un clown qui s’appelle le Boudu. Pas un de ces clowns blancs, tyranniques et vaniteux, mais un Auguste un pauvre type, une épave. À grand peine, il s’approche d’une table de bois cent fois sauvée de la décharge publique, cent fois rafistolée. Va-t-il enfin parler ? Finalement oui, il parle. Ses mots sont pleins de trous, de vent et de honte : « C’est moi qui suis là ! (long silence), Moi, j’suis méchant... (long silence), j’suis méchant (silence) moi ! » Voilà, c’est dit. Jamais sans doute avant ce Boudu, un Auguste n’aurait osé se risquer sur la piste ou un plateau avec un tel aveu. Il aurait dit à la rigueur : j’suis con, j’suis moche, j’suis nul... Des choses dans ce genre. J’suis méchant, ça non !
Mais il y a pire encore. Cette histoire d’une petite fille qu’il prétend avoir enfermée dans une grotte : « Elle appelle un petit peu sa maman, y fait froid, j’aime ça (long silence) moi... Pi après, j’la bouffe, la fille, c’est moi qu’est l’méchant ! » Avec cette entrée en piste pas très ordinaire, le Boudu vient de se débarrasser du plus âpre, du plus cru de son personnage. Il l’a jeté comme on jette un sort ou comme on lance un défi. Après ça, est-ce que vous m’aimerez quand même ? S’il ne le dit pas, tout son personnage l’implore. Le Boudu est un bouc émissaire. Nos horreurs, nos erreurs, nos grandeurs, tout, il porte absolument tout sur ses larges épaules. En nous débarrassant du pire, il nous rend le meilleur de nous-même : le rire. Peut-être qu’un clown, ce n’est pas plus compliqué que ça.
« Le clown campé par Bonaventure Gacon est atypique. Il est seul, triste, ivre, sale et méchant. Il écrit des poèmes, fait du patin à roulettes, regarde les couchers de soleil et maltraite les petites filles. Il les mange même. Par ennui et par affection. Ce bonhomme, un rien désinvolte, n’a pourtant rien d’un ogre effrayant et sanguinaire. Les bons sentiments l’assaillent autant que la faim. Pour son premier solo, Bonaventure Gacon (remarqué dans le spectacle du CNAC C’est pour toi que je fais ça !) fait preuve d’une exceptionnelle maturité. Aussi bon comédien qu’acrobate, aussi juste que généreux à provoquer les rires. Son Boudu a déjà sa place auprès des grands clowns de l’histoire du cirque. » Thierry Voisin, L’Express, 06 décembre 2001
« Notre Boudu exécute à merveille et sans cynisme son travail de clown… En nous débarrassant du pire, il nous rend le meilleur de nous‐même : le rire. » Télérama
« Aussi bon comédien qu’acrobate, aussi juste que généreux à provoquer les rires… Boudu a déjà sa place auprès des grands clowns de l’histoire du cirque. » L’Express
« Bonaventure Gacon réalise une performance exceptionnelle grâce à son incroyable agilité. Explorant un registre de jeu inhabituel, il campe surtout un personnage d’une humanité profonde. » Les trois coups
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