« Mets-toi dans tes couleurs, sois dans ton droit, et que le bruit des feuilles devienne doux. »
Un homme, devenu écrivain, retourne au lieu de sa naissance. Il vient voir son frère et sa soeur, qui lui refusent sa part d’héritage. Parti depuis longtemps, il ne reconnaît plus le paysage de sa vallée, métamorphosé par la vie moderne. Entre la mort de l’ancien monde, celui des parents, et l’esquisse de l’avenir, la pièce ouvre le temps de la parole. Elle déferle comme une vague, comme un cri, comme une guerre. Au centre, l’opposition des deux frères, l’intellectuel et l’ouvrier, à qui l’auteur confie le point d’orgue, véritable manifeste des humiliés et offensés.
C’est en 1982 que Peter Handke conçut cette histoire d’une fratrie traversée par le monde. Si Stanislas Nordey l’a choisie pour une création dans la Cour d’Honneur, en Avignon, c’est aussi parce que la beauté de la langue de Handke y élève la vie de tous les jours à la hauteur du mythe. Pour lui, c’est aujourd’hui une des raisons d’être du théâtre que de faire entendre ces appels, ces protestations, ces éclats de douleur et d’espoir – comme autant de trouées que le lyrisme opère dans le poids du monde.
Traduction de l'allemand par Georges-Arthur Goldschmidt. Le texte de la pièce est publié aux éditions Gallimard.
« Stanislas Nordey aime cette pureté, cette radicalité, cette façon de sculpter la langue. La force des mots impose une force dans le jeu de l’acteur. Le metteur en scène s’est entouré d’acteurs fidèles pour incarner ce texte. Aucun ne tire la couverture à lui. Emmanuelle Béart et Jeanne Balibar, les deux actrices vedettes de la distribution sont sur le même pied d’égalité que le reste de leurs camarades, sur cette même corde tendu qui les amène à porter ce poème brulant. L’exercice n’est pas facile. Il divise. Mais le texte magnifique de Peter Handke l’emporte sur le reste. » Stéphane Capron, Sceneweb.fr, 8 juillet 2013
« Quatre heures de parole claire et drue, de gestes millimétrés, face à un public attentif, fasciné par ce théâtre de monologues furieux qui exige une vérité totale du comédien en scène. Bien sûr, l'aventure que nous offre Nordey n'est pas sans creux et bosses. Par les villages est un spectacle exigeant qui force les sens et l'intellect. Mais au bout du chemin, il y a la satisfaction d'avoir vécu un moment de grâce, un moment unique - la confirmation, mots et gestes à l'appui, qu'une vie sans art est une vie de rien. » Philippe Chevilley, Les Échos, 8 juillet 2013
« Quatre heures de poésie proférée sous forme de récit en prose, distribuée en longs monologues que prennent en charge une dizaine de comédiens mis à l’épreuve d’une performance quasi-athlétique, c’est ainsi que Stanislas Nordey, artiste associé de cette 67° édition du Festival d’Avignon, vient d’ouvrir le bal dans la Cour d’Honneur. Il faut être un peu fou, très engagé ou viscéralement sincère pour proposer à 2000 spectateurs l’écoute attentive de ce récit épique de Peter Handke, autobiographique, qui oscille sans arrêt entre la tragédie intime et l’espoir collectif, le quotidien gris des gens modestes et la possibilité d’une utopie fraternelle au fil d’un étonnant mélange des genres. Vous l’aurez compris, passé le cap d’une attention redoutable et d’un art de la diction appuyée, ce spectacle constitue un voyage, imaginaire et réel, géographique et sentimental. Il faut juste se laisser aller, larguer les amarres. » Hélène Kuttner, Pariscope, juillet 2013
« Dominé par Stanilas Nordey, qui porte à incandescence la luciditén, la noblesse de l'ouvrier, qui donne l'impression de voler au-dessus de la scène et des mots, le spectacle entraîne à la fois en soi et hors de soi. Pousse à la solitude du recueillement et à l'ouverture au monde. Nul pathos dans le jeu des acteurs. Juste une énergie qui va droit au public. Celle d'Annie Mercier, d'Emmanuelle Béart et de Stanislas Nordey est admirable. » Fabienne Pascaud, Télérama, 17 juillet 2013
« « Par les villages » est un spectacle exigeant qui force les sens et l’intellect. » Philippe Chevilley, Les Echos, 05.11.2013
« Un western métaphysique très bien interprété. » René Solis, Libération, 08.11.2013
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