« Accompagnée de dix comédiens (choisis dans le cadre de l’opération Paroles d'acteurs de l’Adami), je vais m’initier avec eux à l’écriture de Jean Luc Lagarce. Ce que je pressens déjà, c’est la drôlerie féroce, le trouble immense, la vie contenue dans cette écriture à déchiffrer comme une partition… Une parole d’auteur mesurée, rythmée, accidentée, qu’il nous faut, ensemble, apprendre par coeur. » Julie Brochen
Avec Paroles d’Acteurs, l’Adami perpétue la notion de transmission. Ces relations privilégiées entre un grand acteur-metteur en scène et de jeunes comédiens traduisent une volonté de mettre la mémoire et l’expérience des aînés au service des plus jeunes. En participant à la construction d’une identité professionnelle commune entre les comédiens de générations diférentes, il s’agit également de sauvegarder les grandes traditions de transmission orale qui caractérisent le théâtre. Chaque année, carte blanche est donnée à un « maître de théâtre », acteur et metteur en scène, pour partager pendant un mois son savoir et son expérience avec de jeunes comédiens dans le cadre de représentations publiques. Cette année, aprés Joël Jouanneau en 2006, c’est au tour de Julie Brochen de travailler avec une dizaine comédiens issus de Talents Cannes, une série de courts métrages cinéma coproduits par l’Adami.
Depuis plus de dix ans, une centaine de comédiens a ainsi pu bénéficier de l’opportunité de travailler sous la direction de François Perier, Christiane Cohendy, Gérard Desarthe, Redjep Mitrovitsa, Michel Didym, Daniel Mesguish, Niels Arestrup, Didier Flamand, René Loyon, Jean-Claude Drouot…
« J'aime les rencontres et le hasard dont on croit qu’il est le hasard jusqu’à ce qu’on découvre qu’il s’agit d’autre chose à l’oeuvre déjà en soi sans qu’on le sache. Ainsi à l’initiative du Festival d’automne et de l’Adami, cette rencontre prochaine avec Lagarce, avec son oeuvre, c’est à dire son théâtre mais aussi ses essais, ses notes, les échos que je trouve dans les récits, les histoires qu’on me raconte sur lui, le livre, à la croisée de tous ces chemins vers lui, écrit par Jean Pierre Thibaudat, me guident, m’accompagnent et déterminent ce travail à venir.
Je me livre à une sorte d’enquête sur moi-même à travers lui, sur mon rapport à l’écriture, à son écriture. Je n’osais pas m’y risquer, considérant à tort ou à raison qu’il y avait là une troupe, une famille de théâtre au sens noble du terme à laquelle cette oeuvre appartenait ou plutôt était destinée, au sens intime et privé d’une lettre envoyée. Je m’interroge sur cette intimidation ressentie, comme l’envie sourde et pas assumée par moi d’appartenir à une famille qui ne serait pas la mienne.
Et pourtant 2007 consacre enfin Jean Luc Lagarce, l’année où il aurait eu 50 ans, nous allons la vivre ensemble. Je découvre aussi dans ce projet des acteurs que je ne connais pas, choisis par des réalisateurs de cinéma, je leur propose le territoire écrit de Lagarce comme terre commune, et l’Aquarium comme lieu de cette expérimentation théâtrale.
J’ai suivi parallèlement au Conservatoire le cours de maîtrise sur le théâtre de Tchekhov dirigé par Alexandre Kaliaguine et Anastasia Vertinskaïa du théâtre d’Art de Moscou. Je suis frappée par le champ d’échos qui existe entre les pièces de Lagarce que je découvre et celles de Tchekhov que j’aime à redécouvrir toujours. Je ne compare pas leurs écritures respectives, mais les mets plutôt en relation ; il y a un champ de questions communes, et un désir d’actrice très proche de celui qui m’appelle vers Tchekhov : une affinité nouvelle et révélée. »
Julie Brochen
le 12 juillet, Villeneuve-lès-Avignon
La Cartoucherie - Route du Champ de Manoeuvres 75012 Paris
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.