Petit boulot pour vieux clown

Tout public dès 14 ans.

« La vie nous transforme parfois en clowns cruels, en clowns débiles, obligés à parader… »

• Le temps de la splendeur et des gifles

Réunis par hasard après des années de séparation pour répondre à l’annonce « Petit boulot pour vieux clown », Nicollo, Filippo et Peppino attendent d’être reçus à une audition. Passé l’enthousiasme des retrouvailles, c’est l’occasion pour les trois clowns de se souvenir du temps de leur « splendeur », le temps des gifles et des coups de pied au cul.

• Note de l'auteur

Petit boulot pour vieux clown est une pièce qui m’a accompagné dans mon errance à travers l’Europe, de l’est à l’ouest, durant mon passage d’un monde à l’autre, de ma langue maternelle vers la langue française, dans ma recherche d’une nouvelle identité. J’ai commencé à l’écrire à Bucarest en 1986 et je l’ai terminé à Paris en 1987.

Pourquoi j’ai écrit cette pièce sur des clowns ? Parce que j’aime les clowns, sans doute. Parce que dans ma jeunesse j’ai été beaucoup impressionné par un film de Fellini (qui s’appelle, bien sûr, Les Clowns). Parce que dans mon enfance passée dans une ville sans couleur au fin fond de la Roumanie, le seul moment de l’année où la vie devenait pétillante c’était lorsque le cirque arrivait (pour quelques jours seulement, malheureusement, mais l’arrivée du cirque bouleversait tout, et les clowns nous faisait oublier même la bêtise de la dictature).

J’ai écrit donc cette pièce parce que pour moi le clown est un personnage qui rit en pleurant et pleure en riant ; il est en même temps le bouffon du Roi qui se moque de son Maître, et le fou qui dit la vérité ; il est le miroir impitoyable de son temps et l’écho enfantin du temps qui passe…

Mais les clowns, malheureusement, ce n’est pas seulement ça… Parce que les clowns, eux aussi, s’entre-déchirent parfois et peuvent devenir, comme dans ma pièce, comme dans la vie, trois minables gladiateurs amateurs qui s’entre-tuent devant une petite annonce… C’est ce côté cruel de la vie qui m’a aussi beaucoup intéressé, la vie qui nous transforme parfois en clowns cruels, en clowns débiles, obligés à parader et à jouer la grande comédie sociale, jusqu’à faire le jeu de la machine conçue pour nous humilier et nous tuer.

Matèi Visniec

• Note d'intention

Dans Petit boulot pour vieux clown, la dénonciation sociale et le grotesque des personnages nous font osciller entre réalisme et absurde, entre éclats de rire et larmes. Aussi, nous retrouvons cette capacité à remuer la douleur peut être propre à la culture slave.

Cette écriture fouillée et d’une précision incroyable induit une mise en scène très près du texte, qui découle du jeu lui-même. C’est pourquoi le choix des comédiens/personnages, dans leur tempérament, est très important et constitue l’axe principal de ce spectacle. A la fois très proches, puisqu’ils ont plaisir à travailler ensemble, et à la fois très éloignés, ils sons tellement différents, ces trois personnages constamment en mouvement les uns par rapport aux autres n’arrêtent pas de faire apparaître leurs diversités. Les affinités se déplacent, les contrastes se révèlent, les conflits s’expriment, rien n’est jamais acquis.

Et quand arrive le dénouement, rien ne laissait supposer une telle issue.

Toutes ces facettes apparaissent dans la mise en scène, comme des éclairs, comme des éclairages différents, comme des angles de vue multiples, mais toujours ponctuées de retrouvailles chaleureuses, généreuses et sincères malgré les coups vaches. La vie, quoi.