Matthieu Cruciani aborde avec Phèdre un des monuments de l’œuvre racinienne. Le grand palais de Thésée prend des airs viscontiens. Le fantastique côtoie une humanité pleine de névroses, en proie à d’incessants cauchemars.
La mise en scène d’un grand texte est un exercice excitant et complexe. C’est le défi relevé par Matthieu Cruciani, qui aborde avec Phèdre un des monuments de l’œuvre racinienne. « Je voudrais saisir le subconscient de cette pièce, le grand refoulé, les arcanes et les ombres, voilà ce qui m’attire dans Phèdre : un grand songe noir », explique le metteur en scène.
Ici, le grand palais de Thésée prend des airs viscontiens. Le fantastique, ses créatures marines et ses dieux incarnés, côtoie une humanité pleine de névroses, en proie à d’incessants cauchemars. Les compositions musicales de Carla Pallone, leurs rémanences baroques ou classiques, habitent et hantent la pièce, faisant écho à notre monde moderne. Un théâtre d’ambiguïtés et d’ironie, entre comédie, drame et tragédie.
Nouvelle lecture, pourquoi pas ? Mathieu Cruciani a le mérite de débusquer dans le texte de Phèdre toute une foule de détails qu'il nous donne à voir et à entendre. On y gagne des nuances et des couleurs qui nous étaient passées inaperçues dans le texte, sans que cela ne nuise à la beauté de la langue de Racine, qui nous est donnée intacte. Par contre, cela aboutit à un décor et des costumes pleins d'un bric-à-brac kitsch sans grand intérêt et, plus grave encore, cela efface l'essentiel : la tragédie. La venimosité d'Œnone est totalement effacée, la scène au cours de laquelle elle conseille à Phèdre de calomnier Hippolyte passe inaperçue, comme escamotée. Ajoutons que la qualité d'interprétation est inégale. Philippe Smith nous campe un excellent Théramène, mais il ne s'agit que d'un rôle mineur. Hélène Viviès fait vibrer Phèdre - sans faire oublier Dominique Blanc et les autres font ce qu'ils peuvent, l'un ne sachant placer sa voix, une autre ne sachant que faire de ses bras.
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Nouvelle lecture, pourquoi pas ? Mathieu Cruciani a le mérite de débusquer dans le texte de Phèdre toute une foule de détails qu'il nous donne à voir et à entendre. On y gagne des nuances et des couleurs qui nous étaient passées inaperçues dans le texte, sans que cela ne nuise à la beauté de la langue de Racine, qui nous est donnée intacte. Par contre, cela aboutit à un décor et des costumes pleins d'un bric-à-brac kitsch sans grand intérêt et, plus grave encore, cela efface l'essentiel : la tragédie. La venimosité d'Œnone est totalement effacée, la scène au cours de laquelle elle conseille à Phèdre de calomnier Hippolyte passe inaperçue, comme escamotée. Ajoutons que la qualité d'interprétation est inégale. Philippe Smith nous campe un excellent Théramène, mais il ne s'agit que d'un rôle mineur. Hélène Viviès fait vibrer Phèdre - sans faire oublier Dominique Blanc et les autres font ce qu'ils peuvent, l'un ne sachant placer sa voix, une autre ne sachant que faire de ses bras.
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