Presque trop sérieux

Paris 18e
du 6 au 17 février 2008
1h15

Presque trop sérieux

Presque trop sérieux est un dialogue de la nostalgie, une réminiscence de cette époque toujours un peu mystérieuse, parfois miraculeuse, qu’est notre enfance. Les deux personnages évoquent cette enfance, en tâchant de comprendre pourquoi elle leur a été ravie. Ces lignes s’adressent à ceux qui ont le sentiment, tout comme l’auteur, que grandir n’était peut-être pas la meilleure façon de vivre longtemps...

Un dialogue de la nostalgie
Intentions
Les personnages
Robert Schuman et l'enfance
La presse

Ce spectacle est un voyage vers le monde de l’enfance. Il tente d’en retrouver les parfums, les jeux, les mythes, les chagrins… Solange et Pierrot, les deux personnages de la pièce, remontent ainsi le temps. Pour faire écho au texte, des intermèdes musicaux empruntés à Robert Schumann, ce poète du piano.

La musique est interprétée par Damien Luce, qui est aussi ce Pierrot lunaire. Également joueur d’échec, son combat est tout intérieur.

Quant à Solange, la solaire, incarnée par Marie Anaf, elle dessine, lit, danse. Sa lutte est extérieure. On sort de ce spectacle l’esprit plein d’images et de musique, et avec au cœur des émotions anciennes qu’on croyait disparues.

La musique de Schumann, l’une des plus touchante qui soit, nous prend par la main vers nos propres souvenirs. Sur la scène, une horloge, une marionnette, un grand livre à dessiner, un globe terrestre, un bric à brac hautement symbolique et propice à la poésie. On sympathisera avec ces deux êtres touchants et fragiles, ces deux vestiges de l’enfance.

  • Un dialogue de la nostalgie

Cela commence par un réveil : “Encore une autre nuit”, murmure Solange en allumant la bougie. Pierrot dort encore, la chambre est dans la pénombre. “C’était une belle journée”... Solange raconte, elle tâche de revivre cette journée qui nous semble irréelle, inaccessible. Pierrot se lève à son tour. On comprend vite que cette chambre est leur prison, qu’un “sortilège” les y condamne pour l’éternité.

“Ce parterre où nous jouons une vie sans contours ni couleurs”... Pierrot s’insurge, Solange raisonne. Tour à tour, ils connaissent l’amertume, la détresse, l’insouciance, la résignation, l’espoir. Tous deux se débattent dans cette cage où rôdent les fantômes de leur enfance. “On nous a ravis du monde parce que nous avions perdu notre enfance”.

Chacun s’occupe à sa manière, pour passer le temps. Pierrot joue seul aux échecs, pianote entre deux souvenirs, Solange lit, dessine, danse. Ils évoquent leur passé commun : leur rencontre, leur enfance qu’ils ont respirée d’un même souffle, et ce soir d’orage où d’étranges sorciers leur ont jeté ce charme énigmatique, les transformant en statues de jardin public. Où sont-ils durant le jour ? Quel est ce jardin dont ils ne sortent pas ? La nuit passe. Pierrot et Solange parlent de leur mère, de leur père, de leurs jeux. Ils comptent leurs souvenirs comme l’on passe en revue ses petits soldats.

Presque trop sérieux est un dialogue de la nostalgie, une réminiscence de cette époque toujours un peu mystérieuse, parfois miraculeuse, qu’est notre enfance. Les deux personnages évoquent cette enfance, en tâchant de comprendre pourquoi elle leur a été ravie. Ce texte imagé s’adresse à cette part de chacun d’entre nous qui se souvient de notre commencement. En ce sens, il est susceptible de toucher bon nombre de spectateurs, par la charge émotionnelle et sentimentale qu’il transmet. L’enfance, quelle qu’elle soit, n’est jamais surannée.

Elle est atemporelle, car nous la portons avec nous à travers la vie. Cette pièce tente d’en retrouver la magie, et éclairera peut-être (nous l’espérons !) le spectateur sur sa propre enfance. Si un peu de la saveur de ses jeunes années lui revient au coeur, notre but sera atteint. Ces lignes s’adressent à ceux qui ont le sentiment, tout comme l’auteur, que grandir n’était peut-être pas la meilleure façon de vivre longtemps...

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  • Intentions

L’enfance perdue
Le thème principal de cette pièce est la nostalgie de l’enfance. Précisons d’emblée que ce texte ne s’adresse pas aux enfants, mais bien aux adultes, ou mieux, à la part enfantine que chacun porte en soi. De même, les personnages de la pièce sont sortis de l’enfance. “Sinon l’enfance, qu’y avait-il alors qu’il n’y a plus ?” Cette question de Saint-John Perse, nous la posons en épigraphe du texte, car elle en est l’inspiratrice. Tout est parti, en effet, de cette simple interrogation : qu’est devenu l’enfant que j’étais ? Chacun aura sa réponse, qu’il nourrira de ses propres intuitions, de sa logique. Mais la question demeure. Reste-t-il quelque chose de ce petit miracle de simplicité que nous étions à sept ans, à dix ans? Les rationalistes invoqueront la biologie, l’évolution physiologique, ce qui, sur une scène de théâtre, ne présente pas grand intérêt. Nous avons choisi de suivre un chemin plus ténu, plus onirique, procédant davantage par esquisses que par raisonnements. Nous avons choisi de répondre à la question par petites touches imprécises, mêlant nos souvenirs à notre imagination. Mais peut-on réellement y répondre ? Devant un mystère, l’homme s’invente une mythologie, et la perte de l’enfance est l’un des plus précieux mystères que nous ayons.

Le recours au fantastique
Le fantastique nous a semblé le moyen le plus juste d’évoquer le deuil de l’enfance : Pierrot et Solange ont un jour été figés, transformés en statues dans un jardin public. Depuis, il ne sont libres que la nuit, en rêve, dans une chambre enfantine. Nous avions besoin de ce symbole pour exprimer le caractère éternel de l’enfance. Nous avons l’intime sentiment que nos jeunes années marquent l’éternité de leur relief, et qu’elles n’ont jamais fini de s’écouler à notre insu. “Et nous ne sommes pas seulement des enfants, nous sommes l’enfance.” Cette phrase, prononcée par Solange donne une dimension allégorique à ces deux personnages. Ils représentent tous les enfants de l’humanité, passés et à venir. Ils incarnent ces petits êtres qu’un jour nous avons abandonnés à leurs jeux, pour endosser le frac de l’adulte, toujours un peu artificiel.

L’âme des objets
Un bilboquet, un grand livre à dessiner, un yoyo, un jeu d’échecs des masques, un pantin... C’est dans les objets que s’est réfugié l’esprit d’enfance, plus que dans le jeu des comédiens. Nous pensons que l’intérêt de la mise en scène réside dans l’écart entre un le caractère résolument imagé du texte et la relative simplicité des actes : Pierrot et Solange évoquent leur enfance avec des mots d’adultes, mais en accompagnant leur rêverie de gestes ludiques. Le spectateur aura sans cesse devant les yeux ce va-et-viens entre le sérieux et la légèreté : “presque trop sérieux”, le titre (emprunté à Schumann) évoque la gravité des enfants, gravité si précieuse, si mystérieuse. Nous avons pris le parti d’en faire le centre de la pièce, tout en l’accompagnant de son lot de rires, de danse, de fantaisie, qui en renforce encore le trait.

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  • Les personnages

Pierre
Il troque vite ce prénom pour celui de Pierrot, suggéré par Solange. Le sortilège lui en a donné l’habit noir et blanc. Ce surnom convient à son caractère : Pierrot est lunaire, candide, rêveur. Il porte en lui une inexorable tristesse, qu’il tente de disséminer dans des jeux divers (bilboquet, yoyo, échecs). Il joue du piano comme on se confie à un ami. Cette connivence qu’il entretient avec l’instrument lui permet de s’évader un peu de la chambre et de cette vie “sans contours ni couleurs”. Il aime Solange comme on aime à quinze ans, bien qu’il soit plus âgé. C’est un amour idéaliste, entier. Pierrot possède une sensibilité à fleur de peau. Elle le fait souffrir parfois ; il donne le change en faisant le brave, par des fanfaronnades artificielles. Son enfance fut préservée, choyée. Il en garde des souvenirs émus : une mère Madone, servante dans un château, un père maladroit, comme le sont tant de pères. Cette enfance solitaire (“Pierrot se tenait compagnie”) lui a donné sa fragilité.

Solange
Elle est le soleil de la chambre. Son costume coloré attire l’oeil. Même la couverture de son lit (orange vif) reflète son caractère lumineux (la couverture de Pierrot est bleue). On croirait, au premier abord, qu’elle s’est résignée à ce mauvais sort. Mais elle aura aussi ses moments d’amertume : “quelques mois de plus, était-ce trop demander ?” Il lui faudra une escapade nocturne vers le réel pour comprendre que le monde ne lui convient plus. Surtout, elle devine que ce monde a perdu son enfance (“c’est un grand monde, à présent.”) Les jeux de Solange sont plus posés : elle dessine, elle lit. Elle en a besoin pour tempérer son esprit débridé. Son enfance fut tapageuse, dans un cirque où sa maman faisait de la haute voltige. Elle y a appris à marcher sur un fil, et en garde l’habileté à toujours retomber sur ses pattes.

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  • Robert Schuman et l'enfance

La pièce est jalonnée d’intermèdes musicaux. La raison en est double : raison rythmique tout d’abord, car l’usage de la musique permet de rompre avec la linéarité du texte, et nourrit l’attention du spectateur. Raison poétique ensuite, car le choix des pièces de piano a été étudié pour faire écho aux différents épisodes. Le compositeur s’est imposé à nous par l’adéquation de sa musique avec l’univers de la pièce. Il s’agit de Robert Schumann, et pour cause... Qui d’autre a su saisir avec la même justesse les parfums de l’enfance ? Qui d’autre a su en exprimer la grâce, en capturer les tremblements et les émois ?

Voici donc des extraits des Scènes d’enfants, des Scènes de la forêt, des Fantasiestücke, du Carnaval de Vienne, des Davidsbündlertänze, et même, joué par un ocarina imaginaire, un soupçon des Papillons pour accompagner quelques pas de danse impromptus... Ce voyage à travers le monde Schumannien permet aux spectateurs de goûter à de nombreux aspects de cette musique. Également, ces intermèdes musicaux donnent aux spectateurs le temps de laisser résonner en eux les idées qui leur parviennent.

Chaque pièce musicale fait naturellement le lien entre les scènes. Robert Schumann est l’un des musiciens qui s’est le plus consacré à l’univers enfantin, de manière plus ou moins avouée : les Scènes d’enfants ou l’album pour la jeunesse en sont les exemples les plus célèbres, mais beaucoup de ses oeuvres sans titre ont malgré tout des accents de comptine, tant dans leur forme que dans leurs inflexions. Le public découvrira (ou redécouvrira...) ces chefs-d’oeuvres... Tout cela joué au piano par Pierrot. Voilà un moyen original de présenter un florilège de pièces pour piano, offrant un raccourci du génie Schumannien.

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  • La presse

"Solange et Pierre dans cette chambre d’enfants entourés de jeux et d’objets, retrouvent ce qui leur a le plus manqué : ces moments inoubliables de leur amitié dans un monde aux mille couleurs. En attendant d’y revenir bien plus tard, peut-être... Il est rare parmi les créations actuelles de voir un texte de cette qualité où chaque phrase renferme un trésor et où chaque séquence est une fenêtre ouverte vers un jardin de souvenirs : parfums, gestes, sensations retrouvés...

La pièce de Damien Luce déborde de poésie, de lyrisme et de sensibilité. Elle dépeint avec tellement d’acuité et de précision l’enfance, la dureté de perdre cette part de rêve et de jeu que chacun porte en lui et que les années évaporent que c’en est bouleversant. La musique de Schumann rythme à merveille ce rêve, en y accentuant encore la mélancolie et le romantisme. Et les deux comédiens nous font vivre ce spectacle onirique et un brin nostalgique avec tout leur cœur. Ensemble, ils créent un cocon irréel et magique protégé des absurdités de la vie comme cette petite cabane où, enfant, on aimait à se réfugier les après-midi pluvieux. Et l’on remonte le temps avec eux....

Damien Luce à réussi là un spectacle de toute beauté où il incarne un Pierrot touchant avec cet air d’oiseau moqueur. Et chaque réplique est pleine de sens et porte en elle un monde disparu.

Complémentaire et contrastant avec son partenaire, Marie Anaf avec ses yeux ronds et son rire en cascade illumine littéralement la scène. Sa voix et son visage expressif nous cueillent et sa sensibilité extraordinaire en fait une Solange rayonnante et enchanteresse. Entre piano et rêveries, on est heureux de suivre ces survivants d’autrefois, de partager un moment de joie, de rires et de jeux, enveloppé tout autour d'un fond de gravité. Comme l’enfance à jamais ressuscitée."

Froggies delight

"Douce enfance. Supposons que notre enfance ne soit pas enfouie au plus profond de notre âme et supposons encore qu’elle se soit construite sa propre existence au fil des années, au fil de nos années, quelque part entre nostalgie et bienveillance. Cette enfance là, l’auteur Damien Luce l’a déposée sur scène, curieux de nous la faire découvrir.

A travers ses deux personnages, Damien Luce a fait le choix de l’enfance innocence. Celle que l’on a ponctuée de jeux candides et de folles rêveries à travers notre intemporalité d’enfant. Solange, mutine et naïve cultive l’enthousiasme et la bonne humeur des jours ensoleillés. Elle croit aux contes de fées, aux souris familières des dents de lait cachées sous l’oreiller et au marchand de sable surgissant à la tombée de la nuit. Plus mélancolique, Pierrot singe le monde des adultes, regrettant amèrement la transformation inéluctable de l’enfant à l’âge mûr. Car l’évocation du monde des adultes par ce personnage ressemble à cette boîte de Pandore d’où s’échappe tous les maux de la terre : cynisme, soucis, travail, frustration, éternelle course contre la montre, abandon de ses propres rêves.

Et si ce jeune auteur est vraisemblablement atteint du syndrome de Peter Pan, la façon tendre et passionnée dont il parle de ce paradis perdu rend ses personnages attachants. La simplicité du texte sans que jamais le discours paraisse simpliste est interprété habilement par la jeune comédienne Marie Anaf ; et si parfois le rythme, appesantit par la nostalgie et les bons sentiments nous impatiente, les intermèdes musicaux joués au piano par le comédien redonnent du souffle à la pièce. Le décor, inspiré de nos chambres d’enfant, fait office de cocon pour Solange et Pierrot et les effets de lumière soulignent (à regret) le temps qui passe.

« Le bonheur est un rêve d’enfant réalisé dans l’âge adulte » a dit Sigmund. Alors sommes-nous devenus Presque trop sérieux ?"

Rue du théâtre

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Sélection d’avis du public

Presque trop sérieux Le 17 octobre 2007 à 17h59

j'ai vu cette pièce et ça ma beaucoup plu, je l'ai trouvé pertinente, drole et nostalgique, les acteurs sont formidables et convainquants !!! a voir

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Presque trop sérieux Le 17 octobre 2007 à 17h59

j'ai vu cette pièce et ça ma beaucoup plu, je l'ai trouvé pertinente, drole et nostalgique, les acteurs sont formidables et convainquants !!! a voir

Informations pratiques

Sudden Théâtre

14 bis, rue Sainte Isaure 75018 Paris

Spectacle terminé depuis le dimanche 17 février 2008

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