Providence Café

du 4 mars au 13 avril 2003

Providence Café

Ne parle pas aux crétins, ça les instruit. En plein désert, un bar sans âge à la croisée de deux routes. Ici ne vivent que quelques fêlés à la gâchette facile. Un archéologue est signalé dans le secteur. Un archéo-quoi ? Il aurait trouvé des vestiges indiens. Des vestiges quoi ?

Présentation
Tronches de vie
L'expérience de la révolte

Ce qu'en dit la presse

Ne parle pas aux crétins, ça les instruit. En plein désert, un bar sans âge à la croisée de deux routes. Ici ne vivent que quelques fêlés à la gâchette facile. Un archéologue est signalé dans le secteur. Un archéo-quoi ? Il aurait trouvé des vestiges indiens. Des vestiges quoi ?

Dans une Amérique imaginaire, près de la frontière, un bar sans âge, un refuge pour les âmes seules.
Là ne vivent plus que quelques fêlés, un vieux noir, un vendeur de poulet frit, une jolie serveuse qui attend l’amour.
Un jour, Larry Stocker, le célèbre animateur de talk-show, franchit la porte …

 "On n’échappe à la banalité qu’en la manipulant, en la dominant, en la plongeant dans le rêve, en la livrant au bon plaisir de la subjectivité".

Raoul Vaneigem

Dans l ’Amérique profonde, celle de l’ancien sénateur Bush devenu président, puis gendarme du monde, il y a un bar perdu près de la frontière mexicaine, le Providence Café.
Ceux qui le fréquentent refont l’histoire tous les jours, accablés de chaleur, d’ennui et de délires xénophobes. Leur univers, c’est celui de la télévision et de l ’alcool.
Prisonniers de leur vie dérisoire, de souvenirs qu ’ils n’arrivent pas à identifier, d’une mémoire qui fuit doucement, ils passent leur journée à boire et à raconter la désolation et la misère de leur existence. Ils entretiennent les mythes racistes sur les Indiens, les Chinois, la nature et le monde, relayés par une télévision qui distille une réalité faussée entre les publicités et le grand show du soir, animé par le célèbre Larry Stocker, le gagman le plus mauvais du monde.
Car la médiocrité est un autre visage de Providence Café. La médiocrité de la télévision tout d’abord. Larry Stocker tétanise son public avec ses blagues d ’une rare nullité. Le personnage qu’il s’est fabriqué oscille entre la naïveté, la trivialité, la ringardise et la méchanceté. Il rassemble l ’Amérique toute entière chaque soir pour leur débiter les histoires drôles les plus bêtes qui soient, goûtant avec délectation les huées de la salle. Et son slogan "je m’appelle Larry Stocker, mes amis m’appellent Larry, mais j’ai pas d’amis  ! " résume à lui seul l’isolement dans lequel notre société occidentale a condamné l’intelligence et la réflexion pour lui préférer le divertissement et le loisir.

La télévision n’est plus vecteur de culture ou de connaissance, d’informations ou de débats, elle est devenue au fil du temps l’arme fatale du pouvoir économique et politique qui pratiquent la colonisation massive des esprits.
Devant le poste de télévision imaginaire, il y a un jeune homme, Bonzo, handicapé physique et mental, qui ne fait plus différence entre ce qu’il voit sur l’écran et ce qui se passe dans la réalité. Son histoire est d’une cruauté sans nom. Il est victime d’une autre déclinaison de la médiocrité, celle des sentiments.
Dans Providence Café, les personnages sont trop humains. Leur manière de parler, leur commentaire, leur histoire personnelle est à dix mille lieues de la nôtre, car parfois, ils semblent eux-mêmes sortie d ’un film bas de gamme. Mais l’acharnement avec lequel ils témoignent de leur existence, nous les rend encore plus proches de nous.
Patty, la serveuse du Providence, est un joli bout de femme, même si son visage est déformé par une maladie étrange. C’est sans doute ce qui lui permet de vivre dans cet univers exclusivement masculin et brutal, car personne n ’essaye de lui mettre la main dessus. Elle voudrait aimer, aimer par-dessus tout et tout son être tend à l’amour. Elle est généreuse et simple, trop simple. Les autres personnages manquent d’amour, sont incapables d’en donner, ou ne savent plus comment il faut faire.

Rosco, lui, a fait la guerre. On suppose que c’est la guerre du Golfe. Il en est revenu traumatisé. Puis il a perdu sa femme. Alors depuis, il vit seul avec des souvenirs et une mémoire qui fout le camp à chaque seconde, un trou noir qui le rend fou petit à petit et qui va le conduire jusqu’à l’hallucination éthylique. 
Rosco est un personnage trouble. Il est bourru, il fait peur, il est mystérieux car il cache lui-même des choses sur sa vie, son passé. Il est violent. Mais jamais il ne va faire de mal à personne même si le contact avec une arme déclenche chez lui un certain sadisme. 
Et puis il y a encore Terry, Ned le Poissard, O ’Curtis le rescapé de la haine des blancs et la mémoire du Sud, et enfin Chester Cox, le vendeur de poulet frit qui stigmatise chez les autres la vie dans tout ce qu’elle a de plus pathétique et vaine.

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L ’amour existe. Mais il faut pour ça le traquer en chacun de nous. Il est difficile d’aimer lorsque tout autour de soi provoque le dégoût, la révolte ou la solitude. Se battre à chaque instant contre la médiocrité des comportements et la pauvreté des sentiments, nous permet de rêver à un monde un peu moins sordide où l’isolement des individus précipite le temps dans l’amnésie. 

Comment a-t-on pu en arriver là  ?
Comment a-t-on pu en un seul siècle détruire tout espoir en l’être humain et en sa capacité à se sortir de lui-même et de sa propre aliénation  ?
Les guerres et les dominations de toute sorte ont anéanti l’individu et désintégré les peuples. Les progrès inimaginables de la science ont permis aux hommes de vivre plus longtemps et paradoxalement de vivre plus longtemps mal. 
Le rejet de l’autre, sa propre ignorance, sa volonté de laisser le monde tel qu ’il est, avec des cadavres dans la bouche et un désir certain d’en finir une bonne fois pour toute, rend tout acte de résistance héroïque, voire révolutionnaire. 
Montrer au théâtre des êtres d’une apparence abjecte, mais qui au fond ont tout en eux pour mettre fin à ce masque de dégoût qui nous les rend si misérables, et mettre en œuvre, avec l’aide de la providence et de la comédie, l’expérience de la liberté, est un peu le travail utopiste auquel je me suis attaché cette fois-ci. Non sans une certaine dose d’ironie. 

Mohamed Rouabhi

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"Tous les personnages du Providence Café paient leur tribut à cette Amérique de l'après-guerre du Golfe. Ils sont naifs et sans illusions, affreusement drôles et désolants. La force de Laurent Gamelon, la précision de Dominique Pinon et l'érotisme béat de Florence Thomassin sont de nature à faire aimer le théâtre à ceux qui n'y vont pas." - Brigitte Salino, Le Monde du samedi 15 mars 2003

"Contre cette Amérique du bout du monde que caricature sauvagement Providence Café ?
Une Amérique qui se fiche pas mal du reste du monde et qui va pourtant déclencher la guerre. Dans son décor enfumé de bistrot zonard, Mohamed Rouabhi exhibe une pathétique galerie de déglingués en tout genre, tous désespérément truculents, magnifiquement tragi-comiques." - Fabienne Pascaud, Télérama du 22 au 28 mars 2003

"Ce que décrit avec beaucoup d'humour, Mohamed Rouabhi,c'est cette Amérique qui nous a fait rêver. S'il prend des archétypes, c'est pour mieux dénoncer la peur de l'autre qui les anime. Ces hommes nous sommes familiers. C'est le visage caché de l'Amérique." - Jean-Louis Pinte, Le Figaroscope du 19 au 25 mars 2003

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Spectacle terminé depuis le dimanche 13 avril 2003

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