Ces chants sont une épopée de la rue où vit et souffre une population dont c’est le domaine et si l’on peut dire la maison… les femmes, et la première prostituée. Un chant sur la misère. Sans attendrissement : l’humour et le rire ne sont jamais loin. La langue du poète est toute fraîche, comme si les fortifs attendaient encore la chanson du « cœur populaire ».
Adaptation d’après Les Soliloques du pauvre et Le cœur populaire.
« Les comédiens prennent un plaisir visible à cet humour très noir et au génie de l'invective. » L'Humanité
« Un moment superbe de bonheur. » Le Progrès de Lyon
« C'est d'une beauté brute de décoffrage à en pleurer. » L'Union
« Le jeu est juste, le rythme entraînant la lumière pensée en toute intelligence. » Actualités sociales hebdomadaires
« Très rythmé, on ne s’ennuie pas une seconde » RFI - Vous m’en direz des nouvelles
« Excellent spectacle. C'est bouleversant. » Pariscope
« Très joli montage. » le Nouvel observateur
Une poésie actuelle, c’est bien triste à dire. Qui nous parle comme si elle sortait toute fraîche de notre nouveau millénaire. Quoi, avons-nous fait si peu de progrès, que le « grand squar' d'Amour» rêvé par Rictus soit encore aussi loin ? L’argot -oh, pas trop- devient la langue poétique, l’argot qui tout à coup donne au poème la surprise et l’obscur d’un Valéry. La rime, oui, mais servante et non pas esclave. Un poète à dire, à chanter, une chanson qui comme toute autre, et mieux, dit ce qui est à tous, le désir, le malheur, le rêve, la faim, l’espérance. Sans parler d’une autre espérance, présente, celle d’oeuvrer pour « remett’ tout en équilibre » puisque « l’homme est tout seul dans l’univers ».
Anne Übersfeld – Editions Le Geai Bleu
La langue de Rictus est celle de la rue, actuelle et indispensable. Elle nous concerne, ici et maintenant. Je pense qu’il y a des foyers d’insurrection impossibles à éteindre par la force puisque la force que nous possédons est celle qui les a créés. Nous voulons retrouver un théâtre d’indignation, réaliser la pertinence de ces dénonciations en un lieu magique où tout peut se passer, où tout va se passer. Chez Rictus il y a la musicalité des mots, les chuchotis, les sons à peine proférés, les voix rauques, sanglantes, ancestrales… et les chansons !
Rictus ou le théâtre comme un pamphlet moderne. Aujourd’hui la violence échoue devant la douceur du mal. Nous devons rester attentifs avant tout à la vérité des paroles et garder une juste pudeur dans l’indécence nécessaire. Au bout du drame, il est légitime de se demander si le rire est une arme. Et si oui, quel rire ?
Faire oeuvre de théâtre oui mais avec peu de moyens et beaucoup d’invention en questionnant les questions. Y a-t-il des pourquoi qui nous condamnent à croire ? Ce texte est rempli d’images débordantes. Nous cherchons à que le verbe devienne un instrument dramatique éclatant, une parole vivante et quotidienne. Pauvres d’hier, sans-abri aujourd’hui même combat ? Nous laisserons parler le texte en amoureux de la parole. Nous souhaitons nous démarquer allègrement du politiquement correct. Et nous demander en permanence : c’est quoi habiter ensemble sur la terre ?
Didier Perrier
Moi, vous savez, j’suis qu’un boulot,
j’connais qu’ mon travail dès l’ matin
et si des fois j’ me soûl’ la gueule,
c’est censément qu’ dans mon méquier
on fait qu’avaler d’ la poussière
(vous comprenez j’suis mat’lassier,
mais à part ça l’ coeur su’ la main)
C’est qu’ c’était h’eun’ bell’ petit’ blonde,
pas ben haut’ mais ben balancée,
grass’ comme eun’ caill’, de d’ partout ronde,
et comme un agneau tout’ frisée.
Quand, comm’ de juste alle était nue,
on aurait dit d’eune estatue
polie, frignolée, faite au tour,
preuv’ qu’alle était « enfant d’amour ».
Nous, on est les pauv’s tits fan-fans,
les p’tits flaupés, les p’tits foutus
à qui qu’on flanqu’ sur le tutu :
les ceuss’ qu’on cuit, les ceuss’ qu’on bat,
les p’tits bibis, les p’tits bonshommes,
qu’a pas d’bécots ni d’ suc’s de pomme,
mais qu’a l’ jus d’ triqu’ pour sirop d’ gomme…
... Nous, on n’est pas des p’tits fifis
des p’tits choyés, des p’tits bouffis
qui n’font pipi qu’dans d’ la dentelle,
dans d’ la soye ou dans le velours...
3, rue des Déchargeurs 75001 Paris