Koch cherche à mourir pour échapper à une affaire d’argent. A l’aide de Monique conduisant la jaguar, il se rend au Quai ouest afin de se jeter dans le fleuve. Dans un sombre hangar désaffecté ils croiseront « le réel incertain et louche des habitants du quai ».
Entre Charles, petit truand, sa sœur Claire, ses partenaires Fak et Abad, sa vieille mère Cécile et son père Rodolfe il n’y a qu’une loi : le deal.
Quai ouest, destination finale de Maurice. Maurice veut en finir. Mais dans le Quai ouest ce n’est pas si simple. Même pour sa propre mort, il faut acheter, il faut trafiquer.
Maurice arrive dans un univers implacablement lié au business et où tous les survivants du cataclysme, combinent, trafiquent. Car il s’agit bien d’un cataclysme. Il ne reste plus rien. Jusqu’à l’eau, « ils » ont coupé l’eau. Il ne reste plus guère d’humanité. Cécile traite sa fille de petite pute, Rodolfe sa femme de putasse, Charles projette de tabasser sa sœur, Fak veut la « baiser », uniquement la « baiser ».
Quai ouest, point de non-retour dans un lieu ou Abad, gardien du lieu, des « enfers », erre, surveille et trafique lui aussi.
Ce cataclysme, nous avons essayé de le décrire en déstructurant l’espace, en juxtaposant des lieux par changements parfois violents de lumières, en créant une étrangeté du lieu, du sol, de l’atmosphère. La structure du texte de Quai ouest est très étrange aussi : dialogues rythmés, soliloques, langage extrêmement soutenu par endroit, très familier parfois.
Mais Quai ouest n’est pas un cauchemar. Il est la résultante d’une société à la dérive, la société de l’argent qui anéantit tout : la famille, les relations, l’humanité. Une famille était venue chercher l’espoir, le travail, l’honorabilité. Ils n’ont trouvé au bout du compte que le vide, la famine et se sont repliés sur eux-mêmes comme des bêtes sauvages. Claire surnagera un moment à cette déroute par la fraîcheur de son âge et de son innocence. Mais le Quai ouest est implacable…
La grande force de Quai ouest, à travers ce carnage est tout de même son extrême humour, son énorme dérision. Quai ouest est bien une comédie, noire, mais une comédie.
La patte des grands auteurs se reconnaît toujours : « mieux vaut en rire sans doute ! » Koltès flirte avec l’onirisme et la réalité. Parfois ce sont les personnages qui décident si le soleil se lève ou se couche…
François Ha Van
78, rue du Charolais 75012 Paris