En patenariat avec le Théâtre de la Ville. A partir de 10 ans.
Un père de famille au seuil de la cinquantaine rentre d’un voyage d’affaires, quand soudain il se retrouve catapulté dans sa ville natale. Ce sera l’occasion pour lui de revisiter son enfance et de dénouer un drame familial intimement lié à l’histoire de ses parents.
Odyssée fantastique dans le temps, Quartier lointain est un manga signé par le talentueux bédéiste Jirô Taniguchi. Ce périple initiatique se délie comme un rêve éveillé captivant, un appel suprême à mieux se connaître et à suivre ses désirs.
Autant de thèmes qui ont séduit le metteur en scène, en plus d’exalter sa curiosité pour les langages scéniques. Traduire le dessin et le hors champ de la BD en théâtre l’inspire autant que la fable existentielle et tendre de Taniguchi.
Adapté du manga de Jirô Taniguchi © 1998/Shogakukan Inc, Ed. Castermann
« Les comédiens sont drôles et justes. Ils savent laisser agir le blanc des cases dessinées par Taniguchi. » Le Courrier (Suisse)
« Quartier lointain enchaîne trouvailles ludiques et vrais choix esthétiques. Traduction physique réglée au millimètre près, dans un ballet limpide de fluidité. Comme dans la BD, les émois sont cadrés. Ce qui n’empêche pas de plonger profond dans l’émotion. » Le Temps (Suisse)
« Inspiré de Jirô Taniguchi, bédéiste japonais à l’univers sobre et délicat, Quartier lointain réussit le tour de force de retranscrire sur scène une très belle métaphore sur la mémoire et le destin. » Le Monde des Religions
« La transposition de ce manga en pièce de théâtre, par ses contraintes, produit un objet théâtral aussi fin que drôle, aussi léger que grave, qui mérite d'être recommandé encore et encore. » BSC News Magazine
« Un spectacle délicat et de haute tenue. » L'express, Laurence Liban, 08 octobre 2011
Un temps en suspension.
Nous voulons raconter l’histoire d’un homme qui passe à côté de son existence sans s’en apercevoir. Un jour, pour une raison qui le dépasse, il se retrouve face à sa propre histoire. De façon non spectaculaire, dans la plongée de sa mémoire, il touche à l’émotion de son enfance. Nous désirons évoquer comment son passé le rattrape un jour, au détour de rien, au coin d’une rue. Comment, sous une impulsion incontrôlée, il est poussé à aller au-devant de lui-même. Il ne se passe rien, si ce n’est le récit d’une transformation et d’une réconciliation intérieure. Une lente dérive des sentiments et des événements ordinaires qui modifie imperceptiblement ce que nous sommes.
Les personnages de Taniguchi font régulièrement cette expérience de la brèche, de l’entredeux. Au détour de micro-événements, la visite d’une exposition, un voyage en train ou un tour de manège, ils sont happés par leur propre vécu et pénètrent dans le temps dilaté du souvenir. S’ouvre alors à eux la possibilité d’un retour en arrière, à travers les liens d’interdépendance propres aux attaches familiales. Par une subtile mise en tension entre un cadre quotidien et la résurgence d’émotions enfouies, Taniguchi plonge le lecteur dans un monde de la tendresse, de la protection et de la confiance mutuelle. Qui ne vont pas sans leurs corollaires, l’abandon, la perte, la nostalgie, la mort. Un univers de pleins et de vides, d’intimité et de prise de conscience.
Selon l’écrivain japonais Yoshihawa, les récits de Taniguchi se caractérisent par une notion quasi désuète aujourd’hui : la gentillesse. Loin de tout scepticisme, être gentil, pour lui, n’est pas péjoratif, c’est au contraire oser se montrer bienveillant. Envers les autres, envers la nature, envers soi-même. Il y a de la provocation dans ce regard altruiste, situé dans les marges du système productiviste. Un espace ouvert à la rêverie et à la contemplation.
Nous ne reproduisons pas fidèlement le langage de Taniguchi, mais voulons capter l’esprit de son oeuvre, la qualité de son geste. La transposition à partir d’un récit non théâtral oblige à questionner la spécificité de chaque art. Passer d’une bande dessinée à la scène implique de réfléchir au rapport entre le texte et l’image dans le 9e art, et donc entre le texte et les autres modes d’expression scéniques. Pour adapter cette bande dessinée, nous n’optons donc pas pour un traitement réaliste, mais affirmons la théâtralité. L’illusion de la fiction est déjouée : c’est bien un groupe d’acteurs qui s’empare de cette histoire, en endossant des rôles multiples, et qui entraîne le spectateur dans l’univers délicat de Taniguchi.
Carine Corajoud, dramaturge de la Compagnie STT.
106, rue Brancion 75015 Paris