Rapport sur moi est une traversée singulière et personnelle des années 70 à la fin des années 90, des échos troubles de mai 68 à ce qu’on nomme la post-modernité. Traversée de fêtes et de musiques, d’appartements aux décorations évolutives, de maîtresses et de maladies, de tentatives de suicide, de fuite ou de disparition. Un voyage plein de lucidité et d’humour blanc, où l’écriture à vue de la petite histoire s’enchâsse dans la grande.
« Rapport sur moi n’est pas une pièce de théâtre, ni vraiment un roman. C'est un texte singulier et unique, un inédit. L’enjeu, le plaisir, c’est de donner cette singularité si drôle et émouvante à voir. D'en donner une représentation vivante, où l’on s’impatienterait gentiment des filtres esthétiques habituels, pour ne garder que les codes fondamentaux, pour être compris avec une syntaxe simple, une franchise musicale. De créer, modestement, une forme originale.
Pour cela, j’ai souhaité ajouter un contre-point à la narration littéraire de Rapport sur moi. Pour tendre le jeu, pour jouer de perspectives et de distances, pour créer de la surprise. Nous avons donc ajouté de la fable à la fable, imaginant la vie d’un groupe de rock, The Klongs, dont les répétitions constituent l’activité principale, ainsi que la matière première de notre spectacle. Grégoire, personnage et narrateur, fait partie de ce groupe. C’est en clandestin, paradoxalement, que s’invite Rapport sur moi dans « son propre spectacle ». Grégoire est ici batteur du groupe, discrètement amoureux de la pianiste (qui n’en sait rien, bien sûr), et un peu jaloux du leader charismatique (cheveux longs et guitare, fatalement).
Il y a deux représentations en une, l’une à la matière « réelle » subjective, l’autre à la matière documentaire, objective, les deux jouant de contrastes simultanés. Ces deux spectacles échangent, parlent des mêmes choses avec des mots différents, comme deux amis très différents que l’on voudrait se faire rencontrer.
Matthieu Cruciani
Place Jacques Brel 78505 Sartrouville