Nouvelle version scénique
Eclairer notre présent à l’aune de la folie d’un temps de légende qui résonne des bruits des cris et des fureurs du tragique shakespearien. L’histoire de deux frères dont l’un n’a qu’un désir, s’ériger en tyran… tandis que l’autre accepte de partager avec humilité la destinée d’appartenir au peuple des sans-grade.
Avec Requiem 3, Vincent Macaigne en appelle au plus épique des théâtres pour convoquer à cette bataille de titans dont l’enjeu est une couronne en carton, les bourrasques d’un vent du pouvoir qui est chargé de paillettes d’or, et les flots rougeoyants d’une vengeance qui se déverse sur le plateau comme autant de baquets de sang.
Vincent Macaigne dédicace Requiem 3 à tous ceux qu’il a connus et aimés. Derrière la démesure… Le masque tragique de son théâtre le protège de montrer ses vraies failles et ses blessures intimes. On pourra aussi lire dans ce geste, l’acte d’un poète partageant avec le public, sans que sa pudeur y ait à redire, ses secrètes révoltes, ses colères et ses larmes.
Deux frères. Dans une assiette deux poires. Une grosse, une petite. Le premier dit : « Vas-y. Je t’en prie, sers-toi. » L’autre finit par prendre la grosse poire. Le premier dit : « T’es gonflé. A ta place, moi, j’aurais pris la petite. » L’autre répond : « Bah, tu devrais être content. Tu l’as… » Peut-être alors raconter cette histoire de sang et de larmes qui nous parvient. Peut-être raconter aussi nos larmes lourdes, nos larmes d’ici. Parler aussi surtout d’amour, peut-être. De ce qui nous parvient des cris des tragédies et de ceux qui trempent encore aujourd’hui leurs mains dans le sang.
Ce spectacle est un spectacle dédié.
Dédié à mes amours, à mes frères, à mes ennemis et à mes amis d’aujourd’hui.
Au début, il y avait très peu de choses, quelques idées, quelques larmes et quelques bonnes et nobles colères enfouies.
Il y avait aussi et surtout ce banal besoin de cris naïfs.
Ou plutôt celui d’une étreinte, une étreinte mélancolique et burlesque avec je ne sais quel désespoir ou quel espoir .
Ou encore celui d’écrire sur ma vieillesse naissante, sur ma petite bourgeoisie d’enfant gâté, sur ma stupidité, sur mon manque d’héroïsme, sur mes laideurs et mes hontes et mes vilaines aigreurs, sur mes prétentions sans fondements, et sur mes amours perdues ou en fuites.
Un besoin de se battre encore un peu, tout de même, un peu dans le sang et le rire.
Mais tout cela importe peu.
L’écriture s’est faite jour après jour, à vue et à tâtons, elle s’est improvisée dans l’épuisement et le repos.
Avec les énergies, les larmes, les espoirs, les échecs et les victoires de mes comédiens.
Et leurs visions, bien sûr, se sont entremêlées à la mienne.
Nous avons donc essayé de déplacer notre façon de travailler en nous laissant dériver sans partir d’une structure fixe, réécrivant une fable à partir de nos corps furieux, de nos rires et de nos envies enfiévrées.
Vincent Macaigne
37 bis, bd de la Chapelle 75010 Paris