Un nouvel art de la paresse, une nouvelle utopie ? Sans doute une des premières pièces qui met les mains dans le cambouis de notre présent imprégné par la pandémie. Avec dérision et une certaine acuité, Jean Bechetoille panse nos plaies, après les avoir triturées joyeusement, pour mieux nous interroger collectivement sur notre manière de tenir ensemble, de faire communauté. Ralentir ou emprunter les chemins de traverse, à chacun sa voie. A partir de 13 ans.
A partir de 13 ans.
Un nouvel art de la paresse, une nouvelle utopie ? Sans doute une des premières pièces qui met les mains dans le cambouis de notre présent imprégné par la pandémie.
Dans cette épopée familiale et musicale, c’est la jeune génération qui tient les rênes, celle née en plein chaos, en pleine retraite. Le terrain de jeu, c’est la famille, comme dédoublée cette fois-ci, deux couples accueillant simultanément deux fils, Aliocha et Serge, à cheval sur deux époques, 21-39 puis 39-55. Un présent (le nôtre) où tout semble s’être figé, arrêté sur place, et une projection, vingt ans après, du côté des enfants. Et l’héritage, les choix des parents, on en fait quoi ? Quel monde ont-ils construit et transmis aux plus jeunes ? Un monde loin du monde, peuplé de faisans et de hérissons où la seule activité semble être le ramassage de noix, ou parfois le théâtre. Et l’amour dans tout ça ? Encore faut-il trouver le ou la partenaire, quitte à oser la grande aventure, le saut dans le vide.
Avec dérision et une certaine acuité, Jean Bechetoille panse nos plaies, après les avoir triturées joyeusement, pour mieux nous interroger collectivement sur notre manière de tenir ensemble, de faire communauté. Ralentir ou emprunter les chemins de traverse, à chacun sa voie.
« Aliocha et Serge, les deux enfants qui grandissent au sein de cette famille foutraque, où les morts parlent aux vivants et les vivants aux faisans, sont peut-être d’immenses philosophes, peut-être des psychotiques rendus zinzins par des parents qui ont transformé leur échec existentiel en mode de vie. Tous les débats du moment, entre adeptes du retour à la terre et consuméristes effrénés, mangeurs de salades et chasseurs du dimanche, onanistes discrets et baiseurs impénitents sont là, et chacun peut choisir, comme toujours, son camp. » La Terrasse – Catherine Robert
« Les thèmes abordés sont vastes et résonnent en échos à nos propres interrogations. Peut-on vivre en autarcie ? Qu’est-ce que le vivre ensemble ? Comment sortir de l’enfance lorsque l’avenir demeure un inconnu menaçant ? On fait comment avec l’héritage que nous ont légué les parents ? Que faire face aux menaces des dangers climatiques et sanitaires ? Comment panser les blessures de notre monde et le réinventer ? Surtout lorsque la solution de la communauté montre ses limites. Et sans un public devant qui jouer, à quoi sert le théâtre ? Jean Bechetoille aborde la vie, celle que nous vivons et celles que nous subissons, avec une plume des plus réjouissantes. C’est vif, nerveux et rempli d’humour. » L'Œil d'Olivier – Marie-Céline Nivière
« C’est un spectacle imparfait et inégal, mais d’une singularité remarquable. La tonalité déroute ; le texte a beau être joué avec une dérision réjouissante, à la lisière de la farce, le tragique y est omniprésent (avec la mort de Guillaume et à la toute fin de la pièce, que nous ne dévoilerons pas). Les trouvailles scéniques sont nombreuses ; le plateau est quasiment nu, mais figure merveilleusement l’éden bourguignon où règne une sensualité lascive. La vidéo est utilisée de façon pertinente ; tout au long du spectacle, le spectre de Guillaume apparaît à l’écran et dialogue avec les personnages. » Sceneweb – Igor Hansen-Love
« En fait, si cette pièce est étrange, c'est juste qu'elle modélise et plaque une problématique très « soixante-huitarde », le fameux « ne rien faire et ne surtout pas jouer le jeu de la société de consommation » en 2020. On se croirait, pour un peu, dans le film collectif (mais réalisé par Jacques Doillon) L'An 01. Au-delà de toutes ces considérations, l'auteur mène bien sa barque. […] Une trouvaille, celle des apparitions du fantôme de Guillaume, le père disparu. » Regarts – Gérard Noël
Rest and Watch invente la vie de nos enfants entre 2020 et 2055. Dans dix-huit ans, la crise sanitaire que nous traversons ne sera plus qu’une anecdote à l’échelle de l’histoire de l’humanité ou plutôt, n’aura été qu’un des nombreux symptômes d’une crise plus profonde.
Je ne tente pas de dresser un portrait pertinent du monde qui nous attend – mon écriture ne repose sur aucune observation rigoureusement scientifique –, mais le thème de la communauté isolée dans un monde apocalyptique me permet de questionner la place de l’individu au sein du groupe et d’observer les comportements humains dans un espace-temps étrangement modifié. En assumant pleinement la subjectivité des projections, j’interroge le sens de la vie sans possibilités de projection, la place qu’occupe la mort dans le monde moderne, les liens de filiation et le déterminisme, le refus de la société néolibérale, la sexualité sans l’autre, le rôle de la création dans un monde à bout de souffle et le théâtre sans public.
L’histoire... Deux semaines après la naissance des enfants, Serge et Aliocha, Guillaume, le père de Serge, meurt mystérieusement écrasé sur la rocade. Jacinthe et son fils Serge se réfugient chez Hélène et Jean, parents d’Aliocha. Ensemble, ils refusent de poursuivre toute activité et vivent reclus en Bourgogne dans un monde à bout de souffle. En 2039, la sécheresse a remodelé la face du globe, les humains fuient les villes, beaucoup sont morts. L’humanité est sur le déclin et la nature s’en réjouit. Quelques espèces se sont étrangement adaptées, comme les faisans, les noyers et les hérissons qui se multiplient au fur et à mesure de la pièce.
Dans notre spectacle précédent – sorte de cérémonie prénatale –, nous avions imaginé que Serge et Aliocha inventeraient un système de penser appelé Rest and Watch. Dans le monde que je décris ici, nous l’aurions mis en pratique à leur insu. Nous sommes passifs, paisibles et perdus. Nous contemplons la fin de l’humanité. Trop bien intentionnés, nous conditionnons nos enfants à ne rien faire et à ne pas se projeter en dépit des désirs qui les traversent : ils ont 18 ans et passent leur journée à inventer des spectacles et à rêver de femmes...
Finalement, si ne rien faire n’est certainement pas la solution idéale pour panser les blessures de notre monde et le réinventer, si la vie en communauté montre rapidement ses limites, Rest and Watch est une invitation lancée aux spectateurs le temps du spectacle : « Reposez-vous et regardez. » Comme si le théâtre pouvait encore proposer une brève alternative à notre manière de vivre.
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