Sacco et Vanzetti

Evénements
A propos
Mot du metteur en scène

• Evénements

5 mai 1920
Aux Etats-Unis, en pleine crise identitaire et xénophobe, deux hommes, Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti, sont accusés d’avoir participé à un hold-up avec mort d’hommes à la clef. Ils sont immigrés, italiens et anarchistes. Tout est dit et il n’en fallait pas davantage. Sans véritables preuves, au terme d’une parodie de justice en guise de procès, ils sont jugés coupables et condamnés à mort.

23 août 1927, 0 heure
Sacco et Vanzetti sont exécutés par courant électrique. Ce sinistre coup d’éclair jettera la lumière sur tout un monde émergeant : le nôtre. L’événement, le sentiment d’injustice secouent le monde entier mais le monde entier n’y pourra rien. Il restera perclus dans son sentiment d’impuissance. Pour la première fois dans l’histoire l’émotion est mondiale.

Mai 2008
Les Inactualistes décident de remettre au goût du jour l’histoire de Sacco et Vanzetti, à l’heure où les jeunes générations les ignorent et où les usines de l’oubli tournent à plein régime pour nous refourguer la production planétaire du consommable éphémère et du divertissement tarifé.

• A propos

Une rue. Un accordéoniste, une prostituée, quelques ouvriers. Quelques immigrés qui tentent de se faire une place au soleil. Quelques militants qui veulent inventer leur propre soleil. On attend Galleani, le grand leader anarchiste, à une époque où la politique anime les uns, rassemble les autres. Et puis, une descente de police, où tout bascule. On embarque deux hommes, italiens, armés, un peu agitateurs, un peu suspects...

Dans la rue, c’est là que va se jouer ce procès hors normes quelque peu irréel, jamais absurde, pour signifier cette volonté politique d’uniformisation des êtres et des idées. Le spectateur plonge dans l’univers de l’Amérique des années 20, grande époque de la prohibition où l’on ne fume plus, où l’on ne boit plus, où l’on ne s’aime plus qu’en cachette. C’est dans ce climat instable d’agitations politiques, de questionnements identitaires, de peur, où le pouvoir et les institutions en place se resserrent comme un étau sur les hommes et les idées, que va se dérouler la première grande affaire politique et judiciaire mondialisée du XXème siècle : celle de Sacco et Vanzetti.

L’intention n’est pas de réviser le procès des deux hommes, mais plutôt d’enquêter sur une époque qui donne le la à notre propre système de valeurs.

La compagnie Les Inactualistes approfondit avec ce spectacle des thématiques chères à l’équipe de création : le ballottement des individus, la prise en charge par les institutions des destins individuels, la préservation du désir singulier, l’amicalité comme véritable lien social.

Ces thématiques sont abordées par un texte riche et pourtant très accessible. Le metteuren- scène et le décorateur ont travaillé ensemble à retranscrire sur scène cet univers où se fond et se confond le tribunal avec la rue.

Remerciements à monsieur Ronald Creagh, directeur du Centre d’Information et de Recherche sur les Cultures d’Amérique du Nord (CIRCAN) pour ses travaux et son aide précieuse.

• Le mot du metteur en scène

L'histoire de Sacco et Vanzetti est immense. Rien ne manque en effet, tout se prête au mythe et au théâtre : l'Innocence et la Culpabilité ; les Victimes et les Bourreaux ; le Tragique, la Vie et la Mort. Tous les symbolismes primordiaux apparaissent à tour de rôle, à la place qui leur est assignée par le grand Mythe de la Justice. Et plutôt que de trancher catégoriquement sur l'innocence ou la culpabilité des deux accusés, j'ai préféré suggérer une clef de l'histoire en plongeant dans les coulisses d'une époque et tenter de mettre à jour les liens qui se tissent entre les grandes institutions et les destins individuels. Tout m'y invitait et m'y incitait. L'histoire de Sacco et Vanzetti couronne une époque et donne le la à notre propre système de valeurs.

L. Joyez

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