Quatre femmes recluses expriment leur besoin d'absolu à travers une quête passionnée de Dieu.
Chacune d'elle est dévorée par une obsession qui lui est propre : la soumission pour Thérèse, la maternité pour Madeleine, la métaphysique pour Véronique, le pouvoir pour Catherine.
Dans leur univers monastique catholique, l'isolement devient propice à l'expression violente et extrême de leur recherche mystique.
Leur intimité et surtout la véracité de l'existence charnelle du Christ, enivrent leurs sens jusqu'au délire le plus inquiétant.
Elles ne prendront conscience de leur destin que lorsqu'elles auront traversé la mort, atteignant contre leur gré l'antithèse de leur espérance suprême.
Dans l'au-delà, les saintes amantes poursuivront leur quête spirituelle même après la désillusion.
Cette pièce a deux mérites :
- son écriture, libre, inventive, sans pesanteur de style, malgré un langage riche et imagé ;
- des rôles très bien dessinés qui situent chaque personnalité des nonnes, inspirés très sûrement d'écrits issus de la littérature chrétienne.
J'ai souhaité ajouter en contrepoint la présence charnelle du Christ, cet amant révélé dans la passion des moiteurs du couvent, un personnage double, dans le rapport mystique où des textes de Saint-Jean-de-la-Croix vont ponctuer, comme des avertissements, ces liaisons amoureuses.
La mise en scène va tenter de projeter cette communion de solitudes absolues, dans un rituel profane, où la théâtralité, si bien composée dans l'œuvre, sera le sédiment d'une action dramatique onirique.
Ce "concile d'amour", où le jeu de l'acteur est le pari primordial de la réussite du spectacle, devra entraîner le spectateur dans l'univers à la fois sensuel et délirant d'une mystique sans limite à l'imaginaire.
Un décor austère de cellule de monastère sans aucun accessoire superflu, une immense croix de bois lourde et pesante, à la fois comme une menace aux dérèglements des sens et comme une invitation aux "délices de la pietà".
Des costumes par moment réalistes mais suivant l'évolution de la dramaturgie, des créations fantasmagoriques de vêtements liés aux obsessions des … saintes amantes.
Guy Shelley
53, rue Notre Dame des Champs 75006 Paris