Sur le siège 19A du vol Air France en provenance de Kinshasa et à destination de Paris, une journaliste de 34 ans. Elle vient de quitter son pays qui ne donnait aucun espace à ses rêves et se rend à Londres. Elle se souvient de sa ville... Kinshasa.
Au cours du vol, elle se laisse gagner par ses souvenirs, sous la forme d'une succession de courtes séquences qui sont autant de bribes d'une vie passée, de flash-back, d'anecdotes, véritable kaléidoscope de la vie quotidienne à Kinshasa, enrichi par des personnages hauts en couleur. Marie-Louise Bibish, auteure de ce texte, raconte sa ville à travers une femme qui nous ressemble en la personne de la comédienne Alvie Bitemo.
Un album de souvenirs, des morceaux de vécu et de tendresse accrochés au grand arbre de la mémoire. La poésie de l’instant, la tendresse du regard, le rire du quotidien, la musique de la rue…
" Pour moi c’est une vieille histoire. Pas très exotique mais assez romantique. Je connais le fleuve Congo. D’une rive à l’autre on peut apercevoir la capitale de l’autre Congo.
À Brazzaville, combien de fois ai-je regardé se dresser sur la rive d’en face la silhouette de Kinshasa ? Pendant des années j’ai eu un peu peur d’y aller. Dès que j’arrivais à Brazza, on me disait « oh tu devrais aller à Kin, c’est pas pareil qu’ici, ça bouge dans tous les sens ! Mais fais attention parce qu’au beach « ils » vont te racketer grave à l’aller comme au retour… » . Je ne savais pas très bien qui étaient ces « ils » … Et puis, presque par hasard, un jour je me suis posée à Kinshasa. J’y ai rencontré Bibish et Faustin. Ils m’ont guidée et conduite dans les quartiers voir travailler les artistes, visiter les uns, assister aux répétitions des autres... On a beaucoup parlé. Surtout dans les cafés, avec la musique de Werrason à fond tandis que dans le café d’à côté c’était le tube de JP Piana…
J’ai aussi beaucoup marché là-bas, jouant parfois au funambule entre les rigoles et les trous. Je me souviens d’un peintre dont la fille s’appelait Princesse d’or, me prenant par la main pour me faire traverser son quartier et me montrer toiles et dessins…
Couleurs, sons, bruits, voix, corps…sexe, courses, kalachnikovs sur certaines épaules, femmes très élégantes, circulation, discussions toute la nuit… Dans ma mémoire, des années après, tout est resté intact, en relief. Et lorsque j’ai lu le texte de Bibish, j’y ai tout reconnu. Son écriture fait surgir des images très fortes. Samantha à Kinshasa est un tableau impressionniste. Un théâtre très contemporain, en fragments, s’y glisse…
L’histoire de Samantha à Kinshasa s’élève entre les notes, les coups de klaxons, les tubes de Werrason, et les mélodies improbables. Côté pile : histoire douce ; côté face : de la violence ; sur la tranche : les lignes bougent. "
Catherine Boskowitz
Parc de la Villette 75019 Paris