« Je ne saurai sans doute jamais ce qui m’a le plus attiré vers eux, entre la possibilité qu’offraient désormais leurs vins de m’enivrer régulièrement sans en souffrir pendant plusieurs jours, la découverte de leurs esprits libres, frondeurs, animistes, rebelles, responsables et insouciants, l’importance qu’ils accordent à la célébration ou la résistance qu’ils incarnent joyeusement… »
Sébastien Barrier
Célébration du présent. À travers sept vins naturels du Val-de-Loire, entre muscadets et touraines, tous affluents de la dive bouteille – celle qui parle et fait parler Sébastien Barrier sans modération. En camelot, clown, performeur, bonimenteur, prêcheur, acteur, chanteur, slameur, chansonnier, conférencier, il fait de la technicité de l’œnologue, de ses codes, de ses énoncés stéréotypés. Il chante moins le terroir que ceux qui l’habitent et cultivent sans produits ajoutés ce qu’ils versent au vivre ensemble. La seule authentique appellation d’origine est celle d’une personne.Qui buvons-nous ? Répondre à cette question, c’est s’exposer à la rencontre. À manifester sa fraternité. À venir, depuis la table, parcourir le domaine de vignerons exigeants, devenus les proches du conteur.
Ils visitent les spectateurs dans les photos de Yohanne Lamoulère projetées dans un dispositif mi-bistrot, mi-salle de spectacle, et nous invitent à déguster leurs crus, tandis que Sébastien Barrier dispense ses commentaires à ras bord. Dans les accords de sa Fender Telecaster, c’est aussi sa propre vie qu’il sert, ses observations, ses récoltes et ses maturations. Son addiction au vin autant qu’au verbe trouve écho dans le Journal d’un morphinomane, texte écrit par un médecin au XIXesiècle. Ses expériences de l’ivresse – histoires d’amour comprises – scandent ses souvenirs d’égotisme, un art de la digression bien concerté sous son apparence improvisée, l’expérience de ce qu’il nomme une « écriture orale », ce qui s’appelle un style.
Avec les vignerons et vigneronnes : Marc Pesnot, Agnès et Jacques Carroget, Jérôme Lenoir, Agnès et René Mosse, Pascal Potaire et Moses Gadouche, Thierry et Jean-Marie Puzelat, Noëlla Morantin.
« Un peu bavard, un type qui tient le crachoir cinq heures durant, de digressions en divagations ? À côté, Fabrice Luchini est un taiseux. Son débit de mots et de boisson pourrait être soûlant ; il galvanise, rend un peu plus vivant. » Étienne Sorin, Le Figaro
« Le comédien d’exception se livre à un marathon en forme de fresque humaniste arrosée au vin naturel. (...) Mais s’il y a à boire et à manger chez ce gars-là, adepte du spectacle de proximité (...), c’est autour d’un récit roboratif qu’il confectionne et recompose ad libitum sur la base d’une trame ethnologique saturée de tendresse et de drôlerie… Sans occulter la part de souffrance qu’induit l’addiction. » Gilles Renault, Libération, 14 décembre 2014
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