Résumé
A propos de Séjour pour 8 à Tadécia
« Une tragédie qui ressemble à un vaudeville »
Comédie dramatique en neuf tableaux. Tadécia. Une ville quelque part en Europe. Six réfugiés se retrouvent dans un vieux théâtre encore debout malgré les bombes. Commence pour eux et les deux officiers chargés de leur évacuation un séjour qui va donner à leur existence un tour inattendu.
Rien n'est simple. Tel est le credo de Luc Girerd, les guerres pas plus que le reste des affaires humaines. En situant l'action de sa pièce au cœur d'un conflit, sans doute balkanique, sur la scène d'un théâtre, il nous laisse entendre que le travail de l'imaginaire peut seul nous mettre à distance de l'acte meurtrier ; à défaut de faire l'économie de sa sombre et inexplicable nécessité.
Séjour pour 8 à Tadécia raconte la cohabitation temporaire de huit personnages réunis de force par la guerre. Aucune solidarité de camp ne les soude. Seule la nécessité les associe, autant qu'elle les oppose les uns aux autres. Les lois de la guerre et de la paix qui règnent au dehors ne sont pas différentes de celles qu'ils s'inventent pour partager le territoire, la nourriture et les femmes.
Si l'auteur est chrétien, protestant précise-t-il, il ne faut attendre de lui aucune leçon morale. Ses personnages sont partagés, contradictoires, ambivalents. Si certains n'ont de cesse d'affirmer leur sens moral, leurs actes les démentent. Ils ne sont pas ce qu'ils croient être et font tout autre chose que ce qu'ils ont l'intention d'accomplir. La dimension héroïque ne leur est pas étrangère, mais la trop humaine trivialité a tôt fait de les rattraper. Il n'y a pas trace, dans son théâtre, de quelconques soucis humanitaires mais uniquement de puissantes préoccupations humaines. Il ne condamne personne, n'épouse aucun camp, ne vole au secours de personne mais nous incite à nous confronter à la complexité de l'âme humaine. Il nous rappelle que le Mal, comme le Bien, est au cœur de l'homme et non de telle ou telle faction.
Nous ne cessons de vouloir ignorer cette évidence parce que nous préférons ce qui est simple et tranché. Mais Luc Girerd n'aime ni ce qui est simple ni ce qui est tranché. Sa foi religieuse n'est nullement manichéenne ; peut-être même lui interdit-elle toute autre certitude que celle selon laquelle l'homme tient en lui-même les clefs de sa perte ou de son salut, qu'il croie ou non en Dieu.
Mais si Luc Girerd ne condamne pas la guerre, il en déplore la mystérieuse et navrante nécessité, dont le secret touche sans doute au cœur même de la race humaine et de ce qui la perpétue : l'union infiniment problématique des deux sexes qui la composent. Eros et Thanatos sont compères à jamais.
La guerre de Luc Girerd, c'est celle des films du même nom et celle que l'on voit à la télévision. Grâce à Dieu, l'auteur n'en a vécu aucune (pourvu que ça dure !). Mais pas très loin de chez lui, c'est-à-dire sur la terre, les hommes n'arrêtent pas de se faire la guerre. Et cela oblige à réfléchir, même dans la quiétude qui est la nôtre depuis quarante ans. Et y réfléchir ce n'est pas nécessairement se sentir coupable. Au contraire, c'est une obligation à quoi porte l'écriture.
Le décor choisi par l'auteur (la cage de scène d'un théâtre déserté) n'en est pas un, ou plutôt il les incarne tous. Entre les décors anciens laissés à l'abandon et les décors à venir, il devient ainsi une métaphore du monde où une pièce se jouera en un temps de guerre où le théâtre fait relâche. Un acteur rescapé de l'exode viendra ainsi opportunément nous rappeler que la vie des hommes entre eux est une comédie, et que sans la comédie de la diplomatie (qu'incarne un autre des personnages), aucune paix n'est possible.
Dans Séjour pour 8 à Tadécia, les thématiques s'entrecroisent, s'emmêlent, se dénouent au fil des scènes. La pièce est aussi le récit de l'amour déçu d'un adolescent, où l'inébranlable réalité le confronte à la désillusion et au désenchantement.
Luc Girerd aime le théâtre qui s'avoue tel. Il n'a honte ni du dialogue ni des mots ni des situations, fussent-elles comiques ou dérisoires. Son théâtre ressemble fort à celui dont nous sommes dans la vie quotidienne d'infatigables interprètes. C'est à une sorte de mort et de naissance d'un monde qu'il nous convie.
Gildas Bourdet
Tadécia. Une ville quelque part en Europe. Dans les ruines d’une guerre qui écrase les civils, six réfugiés se retrouvent dans un vieux théâtre encore debout malgré les bombes. Pour les uns il s’agit d’oublier la disparition du fils aîné, pour les autres c’est la course aux passeports pour fuir devant un ennemi sans pitié. Commence alors pour les six réfugiés et les deux officiers chargés de leur évacuation un séjour à Tadécia, qui va donner à leur existence un tour inattendu et rendre à chacun des raisons d’espérer…
Après certaines de mes pièces précédentes qui traitaient de la guerre sous des angles futuristes, ironiques ou dramatiques, j’ai voulu montrer avec ce nouveau texte que l’amour y avait peut-être aussi sa place. Et que malgré la menace des armes, le rire et l’espoir ne sont jamais complètement tués dans le cœur des hommes. Du moins je l’espère, puisqu’un destin bienveillant m’a permis de ne point connaître (pour l’instant) l’horreur des combats qu’à travers le bruit de notre arsenal médiatique.
D’où une pièce que j’ai voulue aussi drôle qu’émouvante, tout en m’excusant à l’avance de ce paradoxe sans doute bien éloigné de la réalité des terres déchirées. On se défend comme on peut du malheur des autres…
Oui s’il fallait définir Séjour pour huit à Tadécia, j’en parlerais comme d’une tragédie qui ressemble à un vaudeville. Mais n’est-ce pas la définition même de nos existences ?
Luc Girerd
difficile d'être objectif... il manque une sensation forte dans cette pièce: sommes nous vraiment en guerre? Les acteurs s'écoutent peu entre eux, est-ce voulu?
difficile d'être objectif... il manque une sensation forte dans cette pièce: sommes nous vraiment en guerre? Les acteurs s'écoutent peu entre eux, est-ce voulu?
1, place de Bernard Palissy 92100 Boulogne Billancourt