Résumé
Théorie sur l'absurdité du monde
Extraits
C'est l'histoire d'une minable escroquerie dans le monde des courses de lévriers : deux pauvres types, qui cherchent à sortir de la dèche, acceptent trop aveuglément de servir de prête-nom à un invisible truand en faisant courir à sa place une chienne, "Silence Complice".
Mais ces deux entraîneurs amateurs se laisseront eux-mêmes entraîner dans une course folle à la poursuite de gains illusoires...
Par la compagnie Un vélo dans la tête.
Avertissement : ci-dessous va vous être exposée toute une théorie sur l'absurdité du monde. On vous aura prévenu.
Bon, donc on a deux types qui, en plus d'exister, ont une vie de merde, et les deux ensembles, quoi qu'on en dise, ça fait beaucoup.
Bien sûr, comme chacun de nous, ces deux types ont l'instinct de survie, un truc sans lequel on serait bien tranquille, et une certaine aspiration prétentieuse au bonheur. Ils déploient donc des efforts inconsidérés dans le but de satisfaire ces deux besoins : survie et bonheur - la question de savoir si l'accomplissement du deuxième nécessite celui du premier nous collera la migraine un autre jour.
Hélas pour eux, nos deux protagonistes ne sont pas forcément nés avec les bonnes cartes en mains, ce qui complique un peu la donne, car, malgré toute la stratégie et l'intelligence tactique qu'on peut déployer, il reste difficile de gagner en étant pourvu d'un jeu uniformément pourri. Et ce, en admettant déjà qu'on arrive à obtenir le nombre de cartes prévu par les règles impénétrables édictées par on ne sait qui ou quoi, et sans lequel, on est souvent relégué à un simple poste de spectateur.
C'est donc cela que nous souhaitons montrer : le déploiement de forces inconsidéré tout autant qu'effréné mis en œuvre par nos deux protagonistes afin d'atteindre un but qui leur est pourtant inaccessible ; l'agitation vaine de ces deux êtres qui se débattent en eaux troubles afin d'éviter la noyade, mais qui finiront toujours, quels que soient leurs efforts, par couler.
Voilà, c'est ça qu'on veut faire. Et ça va être drôlement bien…
Scène 2/ Les faits
Bill : Quand est-ce qu'on court ?
John : On l'engage dans un meeting de province. Un bled quelconque... j'ai noté ça.
Bill : Quand ?
John : Dès que ses papiers sont faits. Une semaine. Le chien est prêt pour la course. C'est juste un essai.
Bill : On lui donne un nom d'abord.
John : Il faut qu'on enregistre son nom. (pause) Alors y a quoi dans ce bouquin ?
Bill : Ecoute ça... "La course de lévriers avec lapin mécanique a été inventée par O.P. Smith, décédé à Miami, Etats-Unis, en 1927. Il a installé sa première piste dans l'Oklahoma en 1909, avec la complicité d'un jeune vacher, Tom Keen." Ça dit aussi qu'à la mort de Smith... "Des individus peu recommandables tels que Al Capone ont infiltré le circuit. Ce genre de parrainage a détourné les honnêtes gens des courses de lévriers..."
(pause)
John : C'est un sport formidable.
Scène 19 / La cavale
Bill : Tu savais qu'un chien pense que c'est son maître qui mène la meute ? C'est pour ça que le chien est loyal. Le chien pense que son maître est un autre chien.
Scène 22/ Règlement de comptes
John : Les gens sont plus intelligents que les chiens. (pause) Pourquoi ces chiens courent-ils autour de la
piste ? Parce qu'ils croient que cette chose qu'ils prennent en chasse est vivante. Et quand la course est finie, ils mordent dans le vide et ils gémissent vu que cette chose qu'ils ont prise en chasse a disparu. Ce leurre, ils ne l'attrapent jamais et jamais ils ne l'attraperont, mais ils continuent de le prendre en chasse.
Bill : C'est ce que je veux dire.
John : Tu ne veux rien dire du tout.
Bill : Les gens sont pareils.
John: Certains peut-être. Pas nous. Pas moi.
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