Pourquoi raconter l’histoire d’Antigone ? Pour le cri de cette femme, qui ose dire non, non au pouvoir de son oncle Créon, non à ces compromis que nous faisons toute notre vie et qui nous éloignent de nous-mêmes.
Réunissant Anouilh et Sophocle, l’Agence de Voyages Imaginaires, dans un spectacle d’une incroyable inventivité, sait mieux que quiconque raconter l’Histoire et insuffle humour et fantaisie au cœur de la tragédie…
L’Antigone de Philippe Car a pris racine dans un petit village de la brousse au Burkina Faso. De sa résidence de création, la compagnie a rapporté mille idées. Dans un théâtre d’image proche de la féerie, les comédiens restituent tout le sel de l’histoire à travers le mime, le clown, la commedia dell’arte, les marionnettes et les masques. Un petit lit en fer blanc au milieu du ciel, un palais qui sort du lit, un Hémon sans tête ni mains, un immense garde à double tête.
Le ciel du Burkina est partout sur la scène et la tragédie est là, mêlée au clownesque et au dérisoire. La magie théâtrale est venue remplacer celle du continent africain et, comme dans un rêve, apparaissent les images et les personnages d’une des plus légendaires histoires qui nous ait été léguée il y a plus de 2500 ans par Sophocle.
Fondée en 2007 par Philippe Car, à l’issue d’une scission avec le Cartoun Sardines Théâtre, l’Agence de Voyages Imaginaires est implantée à Marseille.
D'après Sophocle et Jean Anouilh.
Sur le chemin d’Antigone a été créé en brousse, au Burkina Faso, pays des hommes intègres, où la place de la femme de Bobo Dioulasso est représentée par une statue de femme qui passe le balai… Très tôt, la société nous apprend à ne pas résister. On ne résiste pas facilement à ses petites habitudes et à ses peurs. Antigone ne triomphe pas du pouvoir, elle ne le combat même pas. Simplement elle lui résiste comme un matériau résiste à la pression, elle ne lui laisse aucune prise. De la petite résistance quotidienne à celle d’Antigone qui meurt pour ses idées, il y a toute forme de combat intérieur. Une vie sans résistance, même aux objectifs modestes, ce n’est pas une vie. Vivre c’est agir, grandir, repousser les limites de ce trop petit terrain. L’équilibre de la mise en scène joue sur différents modes de narration, impliquant de manière intrinsèque le spectateur au fil de l’histoire. Accompagnée de ses deux anges gardiens, Valérie Bournet, actrice polymorphe, joue tour à tour Antigone, Créon et Séraphin, le conteur de la pièce ; un être à la fois pur et malicieux.
La musique, composée par Vincent Trouble, fait partie intégrante du spectacle. Elle est très souvent jouée en direct par les comédiennes. Ici, le tragique mais aussi l’humour et le merveilleux sont là, parce que c’est comme ça que l’Agence de Voyages Imaginaires aime raconter des histoires. Cette Antigone s’inscrit dans ce que la création contemporaine a de capacité à nous tenir en éveil et en émoi, dans sa capacité à nous indigner et à résister. Un rappel poétiquement engagé sur l’humain !
30, rue du Chevaleret 75013 Paris