En anglais, surtitré en français.
Les Mayoruna, hommes-félins, vivent non loin des sources de l’Amazone, dans la vallée du Javari. En 1969, le photographe-reporter Loren McIntyre s’enfonça dans la jungle, aux confins du Brésil et du Pérou, à la recherche de leur tribu isolée et semi-nomade. L’expérience transforma sa vie. Seize ans plus tard, à Manaus, il raconta son histoire à Petru Popescu. L’écrivain roumain en tira un roman de cinq cents pages, Amazon Beaming.
Simon McBurney y a puisé la matière d’un spectacle solo étrange et envoûtant, pour nous faire partager ce voyage hors du temps par les voies du théâtre le plus inventif et le plus contemporain. Muni d’un casque audio, chaque spectateur est immergé dans un univers sonore où le récit se fait parcours initiatique à travers les échos d’une autre nature, aux frontières immémoriales de la conscience.
McBurney et sa compagnie Complicité ont longuement mis au point ce projet en s’entourant d’une équipe de techniciens de pointe et en prenant conseil auprès de spécialistes des sciences cognitives. Les créations de Complicité ont été applaudies dans plus d’une quarantaine de pays. Invité en France par Peter Brook dès 1995, Simon McBurney y est revenu à plusieurs reprises, notamment avec Mnemonic (1999). Il n’avait jamais encore eu l’occasion de se produire à l’Odéon.
Un spectacle de Complicité / Simon McBurney d’après Amazon Beaming de Petru Popescu.
« On est dans l’ordre du concret, du direct, du vivant, et, en même temps, du magique, de l’illusion plus forte que le réel, de l’envoûtement. Entre aventure initiatique et expérience sensorielle, quand les frontières entre l’espace et le temps s’annihilent. Que le conscient et l’inconscient ne font plus qu’un. » Didier Méreuze, La Croix, 4 avril 2018
Le commencement est ici-même
À travers la fumée, j’ai observé le chef. Il a un port très royal, sans affectation, et ses yeux ont deux expressions : de malice quand il réfléchit à une question,d’innocence quand il en pose une. Je lui demande si son peuple a déjà remonté le cours du temps. La réponse est négative. Bernache n’a jamais assisté à ce genre de rituel, mais son père, qui fut chef en son temps, le lui a décrit en détail. Et d’où son père tenait-il son savoir ? “Il se souvenait”, répond Bernache. Est-ce du rituel ou du commencement même que son père se souvenait, cela n’est pas clair. En tout cas, rien n’égale l’air confiant de Bernache alors qu’il me répète, dans la traduction de Câmbio : “Nous retournons au commencement. Nous y serons bientôt.”
La fumée du cigare de tabac vert me fait tousser, puis je parviens à demander : “Bientôt, c’est quand ?”
Bernache parle, et Câmbio traduit : “Après cette nuit, et demain, et une autre nuit.”
“Et donc, où est ce commencement, au juste ?”
Bernache délibère avec les autres chamans, puis hausse les épaules : “Ici. Tout autour de nous.”
“Ici ? Ici même ?”
“Oui.”
“S’il est ici même, pourquoi doit-on encore y retourner ? S’il est ici même, nous sommes déjà dans le commencement.” Pas encore, dit-il.
Pour cela, je ne reçois aucune explication. Tout ce que je peux faire, c’est supposer que le commencement peut être ici, mais qu’il faudra quelque temps avant qu’il se mette à se manifester comme tel.
Je suggère cette explication à Câmbio, qui la traduit. Bernache et les autres l’écoutent, sans approuver ni désapprouver. Je choisis un autre angle d’attaque. Et si nous ne retournions en arrière que pour découvrir que le commencement est terminé ? Bernache cligne des yeux, perplexe, puis se met à rire.
Le commencement ne peut pas être terminé. Il s’ensuit une longue conversation tâtonnante sur la nature du commencement, au cours de laquelle, avec un peu d’aide des autres chamans, il est révélé que le commencement a une durée qui lui est propre et qui n’est pas affectée par ce qui lui succède. Le commencement gît au début du temps, peuplé par tous les dieux et par les modèles de toutes les choses et de tous les êtres.
Amazon Beaming, chap. 4, Petru Popescu (traduction Daniel Loayza, 2018)
un voyage où l'on se perd-se trouve dans le temps l'espace la forêt la tempête les drames les interrogations-incompréhensions et qui vous transperce le corps traverse le cœur ballote la tête
on part, on divague, on rit, on entre en transe …une expérience magique !
Spectacle incroyable : superbe mise en scène, interprétation époustouflante, un panel d'émotion très large, et une mention toute particulière au son, à tous ces sons, ces musiques, et au travail incroyable de l'équipe technique. L'immersion est totale dans cet univers qui ne peut laisser indifférent.
Seul sur scène, assisté d'une technique audio impeccable, McBurney nous emmène et nous immerge au cœur de la grande forêt amazonienne, c'est carrément envoûtant en effet... presque une expérience initiatique. Quelle présence et quelle prouesse de conteur !
Pour 6 Notes
un voyage où l'on se perd-se trouve dans le temps l'espace la forêt la tempête les drames les interrogations-incompréhensions et qui vous transperce le corps traverse le cœur ballote la tête
on part, on divague, on rit, on entre en transe …une expérience magique !
Spectacle incroyable : superbe mise en scène, interprétation époustouflante, un panel d'émotion très large, et une mention toute particulière au son, à tous ces sons, ces musiques, et au travail incroyable de l'équipe technique. L'immersion est totale dans cet univers qui ne peut laisser indifférent.
Seul sur scène, assisté d'une technique audio impeccable, McBurney nous emmène et nous immerge au cœur de la grande forêt amazonienne, c'est carrément envoûtant en effet... presque une expérience initiatique. Quelle présence et quelle prouesse de conteur !
On est transporté du début à la fin par cet acteur époustouflant. Il guide dans son voyage et on l’y suit hypnotisé ! Un grand spectacle.
une nouvelle forme de théâtre: remarquable ;comment à l'aide de la technique ( le son et des écouteurs) et un seul comédien Mac Burney en personne) vous donner l'impression d'être en Amazonie vraiment impressionnant
Place de l'Odéon 75006 Paris