Paul et Arthur, Arthur et Paul, si différents l’un de l’autre et pourtant ne faisant qu’un… Arthur qui ne demande qu’à sortir, à s’imposer, est cet autre à l’intérieur de Paul. Certains soirs, Paul, aidé par les litres d’alcool qu’il ingurgite et les questions qui le tourmentent, fait surgir Arthur comme un fantôme à la fois inconsistant et si présent, il est à la fois son ange gardien et son démon, sa petite voix intérieure.
Paul vit dans cette fosse, construite, cristallisée autour de lui : accumulation et sédiment de son éducation, durcie comme du béton et dont il n’arrive à repousser les limites qu’en prenant des substances, afin que peut-être, les parois en deviennent moins opaques et laissent entrevoir un horizon flou mais lumineux où se profilent les figures qui peuplent, ont peuplé sa vie.
A deux, ils essaient de repousser les murs, agrandir la fosse qui se resserre comme un étau, avec les mots qui surgissent et portent la catastrophe de leur vie. Et s’ils ressassent toujours les mêmes histoires, c’est qu’ils ont commencé les travaux d’agrandissement de la fosse.
Un combat acharné de mots prononcés ou retenus
Un couple a racheté une maison, ils ne connaissent rien de l’ancien propriétaire, de son passé, de sa famille, ni finalement la raison de la mise en vente. Après le rachat, d’étranges phénomènes surviennent dans leur vie. La femme assiste, impuissante, à la métamorphose de son mari que des forces intérieures ou extérieures poussent vers la destruction de leur couple. Sans en avoir le contrôle, il écrit des monstruosités révélant les désirs profonds, les fantasmes de l’un et de l’autre. C’est un combat acharné de mots prononcés ou retenus, une lutte sensuelle et érotique qui va les opposer. Ils ne savent pas que la maison, et le livre qui s’écrit tout seul, font partie de ce combat. Ils n’ont pas d’arme contre ces adversaires de taille, "révélateurs photographiques" de leur relation.
"Nous désirons raconter cette chose "invisible", et pourtant si concrète, qu’est la relation entre deux êtres, faite de mots prononcés et de non dit qui avec le temps et la transformation des êtres fait naître des tropismes dans la relation. Ces mouvements intérieurs enfouis, jamais exprimés, qu’un mot ou une attitude font resurgir comme un diable qui sort de sa boîte, font apparaître un univers complètement irrationnel entre les êtres." Philippe Carbonneaux
Extrait
La femme : Tu es vraiment…
Et puis l’endroit où tu parles de l’éléphant… Le passage sur l’éléphant…Son empoisonnement dans l’étang… C’est tellement injuste, triste…Il était tellement confiant de revoir cet homme dans l’eau, il se faisait une telle joie de jouer dans l’étang avec cet homme qui te ressemble tant, et tu l’as tué, tu lui as fait avaler par la trompe ce poison si mortel… Pourquoi…
L’homme : Oui c’est vrai, c’est horrible… ça c’est horrible ce que tu viens de dire… Oui, si tu as vraiment lu ce que tu viens de dire… Parce ce que tu vas peut-être me trouver absurde mais… Je ne me rappelle pas vraiment avoir écrit ce que tu viens de dire… ça fait, il est vrai, plusieurs jours que je ne l’ai pas relu ce manuscrit sous la lampe… Cela me fatigue tellement les yeux… J’ai tellement mal à la tête quand je le lis… mais cela doit avoir sûrement une explication…
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