Résumé
Mot de l'auteur
Mot du metteur en scène
Croyant être amoureuse d’un routier, j’épousai finalement un dentiste. Un vrai conte de fée ! L’algèbre des amours adultérins agrémenté d’une série d’inconnues absurdes et savoureuses : quel est au juste le prénom de mon fils ? ma femme est-elle brune ou blonde ? mon mari très jaloux ou très lâche ?
Tout est possible ! Au théâtre en tout cas j’en suis convaincu, et c’est dans cet esprit-là que j’ai écrit Trois balles de
match. De quoi parle cette pièce ?
Comment la résumer ? Bien malin qui pourrait le faire.
C’est un jeu. Disons que je propose au spectateur un jeu. Une fois les règles de base posées : cinq personnages (Charles et
Judy Lendl, leur fils Tonio, plus Eddy et Moune, un couple d’amis), un décor unique (le salon des
Lendl), le jeu peut commencer. En quoi consiste-t’il ? À présenter au public une
situation et une fois celle-ci installée, identifiée, à la retourner, la
pervertir, voire « l’exploser », et ainsi de suite …
Ne cherchez pas une intrigue claire et solide dans Trois balles de match,
il y en a dix. Ne cherchez pas une vérité unique dans ce spectacle, il y en a plusieurs et toutes provisoires.
En écrivant cette pièce, je n’avais aucune ambition que de me surprendre et de m’amuser moi-même ; en présentant
aujourd’hui ce spectacle, l’ambition demeure de surprendre et d’amuser… le public cette fois-ci !
Thierry Georges-Louis
L’auteur et l’équipe de comédiens de Trois balles de
match, en me contactant, m’ont placé dans une situation totalement nouvelle : m’inscrire en tant que metteur en scène, dans un
projet déjà constitué, impulsé qui plus est par Jean-Michel Ribes.
Quel pouvait être mon rôle, où était la cohérence de la proposition ?
La première porte d’entrée, immédiate, fut le texte de Thierry
Georges-Louis, la découverte d’une écriture extrêmement personnelle qui m’offrait la perspective d’un spectacle singulier,
à part. J’y trouvai tout ce qui me séduit dans les prises de parole de Jean-Michel
Ribes, et dans les engagements qu’il a tenu en prenant la direction du Theâtre du Rond-Point : promouvoir des
auteurs « à la marge », déroutants, qui utilisent la dérision et le rire pour aiguiser notre intelligence et mieux parler de nos
contemporains. La rencontre avec l’auteur et les comédiens, leur écoute, le travail qu’ils avaient déjà fourni me confirma dans
cette intuition : il y avait là de quoi explorer de nouveaux registres,
prolonger le lien que j’entretiens avec l ’écriture vivante, et renouer avec la comédie.
Comme Roger Vitrac en son temps, Thierry Georges-Louis pervertit les règles du
comique, pour en inventer de nouvelles, décalées, avec une sophistication extrême.
Avec, il prend pour cible une bourgeoisie trentenaire, urbaine, sexuellement émancipée, nourrie de
glamour publicitaire, de référence télévisuelles et de cinéma américain.
Il plonge ses personnages dans une mécanique de dialogue qui tient à la fois du vaudeville, du boulevard et du
sitcom, pour mieux en dénoncer la vacuité, voire la débilité si l’on en croit
Tonio, enfant handicapé mental et prématurément âgé qui regarde ce petit monde s’agiter avec un bon sens
désopilant. La réalité devient alors grimaçante, et la pièce, en tournant à la
farce, nous dévoile le visage d’une société emprisonnée dans ses pulsions, ses normes de jouissance, en
perte de sens, horrifiée par la déchéance et le malheur.
La force de l’écriture est de multiplier les situations, tout à tour cocasses, incongrues, dérisoires ou obscènes. Thierry Georges-Louis laisse ainsi au metteur en scène et aux comédiens la liberté d’expérimenter, de traquer les codes et les faux-semblants, d’inventer un jeu de masques et d’attitudes afin de trouver la forme et le ton justes, forcément surprenants, en décalage avec une réalité que personne n’arrive à saisir. Nulle gravité mais une douce folie qui nous permet de voir le monde autrement et d’entendre tout en riant la férocité du propos.
Michel Cochet
2 bis, avenue Franklin Roosevelt 75008 Paris