Dans la continuité de son projet de troupe Tchekhov (monter l'intégralité de son œuvre dramatique), après les grands succès public et critique de La Mouette et Oncle Vania, Christian Benedetti propose un superbe Trois soeurs.
Le projet Tchekhov
La presse en parle
Note d'intention
Sur le manuscrit Tchekhov avait écrit : « Du présent n’attendez rien, n’espérez rien. ».
Dans une ville de garnison en Sibérie, trois sœurs célèbrent deux anniversaires : la naissance de la benjamine et la première année de la mort du père. Sans père, sans repères, à la fois les sœurs et la garnison, tous attendent que quelque chose ou quelqu’un arrive.
Comment être à l’heure à un rendez-vous qu’on ne peut que manquer ? On parle on parle on parle, on rêve on rêve on rêve, on espère on espère on espère… On nous oubliera. Si on pouvait savoir !
« Christian Benedetti signe là une troisième mise en scène du dramaturge russe, vibrante de vie et d'émotions. Il réussit à rendre sensible le chaos qui règne dans cette maison et en même temps éclaircit les tensions, les élans entre les personnages… Un grand moment d'intelligence et de plaisir. » Sylviane Bernard-Gresh, Télérama Sortir
« Avec une grande simplicité de moyens, Benedetti et sa belle troupe nous offrent un Tchekhov éclatant de limpidité et tellement proche qu’il en devient bouleversant. » Myrto Reiss, Au poulailler, 22 novembre 2013
« On est immédiatement de plain-pied avec les protagonistes et il faudrait citer chacun des 14 interprètes (plus deux qui jouent en alternance), tant ils sont convaincants et incarnent avec une intelligence magnifique les si touchants personnages de Tchekhov. Il y a là quelque chose d’envoûtant, de prenant. Un spectacle magnifique. » Armelle Héliot, Le quotidien du médecin
« Ici on parle vite, un silence est un abîme, une musique, un bonheur triste. C’est rude, âpre, terriblement vivant. C’est du Tchekhov droit dans les yeux. » Odile Quirot, Le Nouvel Observateur
« Avec Christian Benedetti et ses interprètes, ensemble choral sans fausse note, l’impression résonne longtemps. » Annie Chénieux, Fauteuil d’orchestre
« Une mise en scène d'une acuité et d'une pertinence stupéfiantes… un jeu au diapason totalement maîtrisé. » MM, Froggy’s Delight
« Il faut aller voir ces trois sœurs pour ses interprètes, sa singularité, sa nudité, sa noblesse et pour ressentir, face aux destins qu'il nous est donné d'entrapercevoir, l'amertume extrême. Car au fond de cette amertume lucide et déchirée, surgit une beauté, une beauté qui n'est pas esthétique ni artistique, mais une beauté humaine.» Bruno Fougniès, Reg'arts
« Cette pièce de Tchekhov maintes fois jouée est proposée ici en un point de vue nouveau, percutant et cisaillant… Emportés dans ce vaste projet, l’équipe de comédiens fait corps avec le phrasé et projette de lumineuses syncopes, de cinglantes suspensions de dialogues et sidérants contretemps. Une grande et troublante partition. » Isabelle Bournat, Artistik Rezo
« Les comédiens rentrent de corps avec les personnages incarnés, à croire qu'ils ne font qu'un. L'espace ne récèle aucune zone d'ombre car les comédiens l'investissent sur l'ensemble de sa superficie. A traduction parfaite, le texte n'en est que plus crédible. Nait en bouche, l'écriture de Tchekhov, laquelle prend forme avec l'intelligence de la narration… Christian Benedetti referme le livre de théâtre de Tchekhov avec cette magnifique mise en scène des Trois Soeurs. » Philippe Delhumeau, Théâtrothèque
« Qu'un classique comme Les Trois Sœurs soit toujours à (re)découvrir, en voici une éclatante démonstration, avec cette nouvelle version, magnifique, âpre et bouleversante, de la pièce de Tchekhov, signée par Christian Benedetti dans son beau Théâtre-Studio d'Alfortville (Val-de-Marne). » Fabienne Darge, Le Monde
« Des trois pièces du dramaturge russe montées en accéléré par Christian Benedetti, « Trois soeurs » (qui vient après « La Mouette » et « Oncle Vania ») est la plus réussie, la plus émouvante. » Philippe Chevilley, Les Echos
Tchekhov interroge nos capacités, nos moyens et nos obligations.
Quelle forme pour quel théâtre aujourd'hui ? « Il faut des formes nouvelles. Des formes nouvelles, voilà ce qu'il faut, et s'il n'y en a pas, alors tant qu'à faire, plutôt rien. » (La Mouette - acte 1 - Treplev à Sorine). Changer la façon de faire ne suffit pas si elle ne met pas en perspective une autre façon de regarder et de voir.
Faire bouger celui qui regarde, le faire changer de point de vue. Si le spectateur naissant est l’homme même, la mort du spectateur est la mort de l’humanité. Comme le dit Marie-José Mondzain : « C'est la barbarie qui menace un monde sans spectateur. »
Mettre en scène Tchekhov, aujourd'hui, c'est prendre en charge pleinement cette nécessité et son questionnement. C'est aussi, un peu comme « revenir à la maison ». Il y a toujours un modèle chez Tchekhov. Nous sommes souvent en deçà de celui-ci. Les tragédies sont pourtant les mêmes, pas inférieures. Il ne s'agit que de la mort chez Tchekhov... Mais pas de la mort toujours représentée comme le sujet même de la représentation théâtrale. Nous savons que nous devons mourir et nous n’avons pas forcément besoin du théâtre pour nous le dire ou nous le rappeler. Non, il s’agit du vrai sens de la représentation, de la vraie raison du théâtre : Pourquoi on ne sait pas pourquoi on va mourir.
Il y a un combat à mener avec le théâtre et l’acte de création en général, c’est contre ce qui s’assigne, capture, fige... L’institution culturelle, par exemple, définit le rôle de chacun : ceux qui regardent et subissent, devant ceux qui imposent ce qu'ils font, dans une nécessaire hiérarchie du sens qui laisse l’expert dominer le jeu des images offertes aux spectateurs silencieux.
La figure nouvelle du spectateur, une figure en fuite.
Tchekhov interroge la construction ou la destruction de la place du spectateur. Il nous révèle que les images ont un pouvoir humanisant et la distance qu'elles créent entre l’homme et ses émotions offre à celui-ci les conditions de sa liberté. A lui de ne pas subir les images, de les refuser.
L’espace…
Tchekhov le décrit précisément (les lieux, les objets). L'esthétique théâtrale de l'époque y trouvait son compte. Aujourd'hui laissons au cinéma le soin de reconstituer ce passé perdu et laissons au théâtre le soin de le réinventer. Lorsque nous arrivons dans un théâtre, le régisseur de l'endroit dispose, pour les répétitions, un espace provisoire, fait de bouts d'autres ayant déjà servis... Un tracé au sol... Ces fragments et ce tracé deviennent alors « notre espace ». Ce « pas fini », ce provisoire, c'est le théâtre même... « Détester, avec la lucidité toute relative de ma raison, toute scénographie qui ne soit pas uniquement indicative » , comme le disait Pasolini.
Nous travaillons et nous continuerons à travailler sur un principe scénographique unique, allusif, un espace de répétition. Nous utiliserons seulement ce qui est utile pour jouer la pièce : quelques chaises, deux tables, une balançoire, deux bancs, un fauteuil. Juste ce qui est nécessaire pour mettre en lumière le sens, montrer la pensée.
Pas de psychologie, pas de pathos, pas de « personnages ».
Des caractères et des structures mentales confrontées à des structures de comportements et d’actes à l’intérieur d’une structure globale. Un théâtre structuraliste ? Oui en terme de méthode. Comment représenter ce qui semble irreprésentable ?
Non seulement changer la façon de faire, mais tenter de changer la façon de regarder. Déplacer le spectateur de sa fonction, l’obliger à changer de « point de vue », à regarder à côté... Juste à côté. Regarder le « caché » , le « en dessous » , car il n’est question que de cela.
« Être un humain, c’est produire la trace de son absence sur la paroi du monde et se constituer comme sujet qui ne se verra jamais comme un objet parmi les autres mais qui, voyant l’autre, lui donne à voir ce qu’ils pourront partager : des signes, des traces, des gestes d’accueil et de retrait. »
Même si on ne nous montre pas tout, savons-nous voir ce qu’on nous montre afin de comprendre et penser ce que l’on ne nous montre pas ?
Montrer suffit parfois pour être subversif sans être idéologique. Tout dépend de la manière dont on montre. Il ne s’agit pas seulement de montrer différemment, mais il s’agit aussi de changer la façon de regarder en laissant au spectateur son libre arbitre. C’est ce que faisait Tchekhov en écrivant, il ne prenait pas partie, mais posait factuellement les situations sur scène.
Ces situations et la forme radicale de son écriture étaient sa force de subversion.
Si il disait que ses pièces étaient des comédies, c’est, selon moi, parce qu’il pensait que cela devait se jouer dans un rythme de comédie, vite. Ce mélange de ce tempo et de ces thèmes est un fondement de son théâtre.
Pour moi, la question fondamentale au centre de l'oeuvre de Tchekhov, et reprise comme titre par Giorgio Agamben, c’est « Qu’est-ce que le contemporain ? »
Dans chacune de ses pièces, il propose un nouvel axe de questionnement et de réponse. Dans Trois soeurs, être contemporain c’est « être ponctuel à un rendez-vous que l’on ne peut que manquer. »
Ainsi : Irina, la pièce commence le jour de sa fête, le 5 mai, qui est aussi le jour anniversaire de la mort de son père, un an plus tôt. À partir de ce jour, nous célèbrerons une naissance et une mort. Macha et Verchinine, ponctuels à ce rendez-vous entre deux êtres condamnés mécaniquement à se séparer. Rien de plus instables que des soldats en temps de troubles. Tousenbach qui, entre Irina et Soliony ne peut qu’en mourir. Andréi avec Natalia, il l’épousera et poussera dans le landau les enfants d’un autre. Et au milieu de tout cela, Tousenbach dit cette phrase qui est une des plus magnifiques de toute l'oeuvre de Tchekhov : « Tenez, il neige, où est le sens ? »
« Rien ne vous instruit mieux des conditions de la scène que le capharnaüm d’une répétition. » A.P. Tchekhov
Le théâtre de Tchekhov est fait de structures dramatiques polyphoniques où les voix s’entrecroisent dans une lutte impuissante ou une résistance passive, balayées par le flot ravageur d’une Histoire faite par d’autres.
Tchekhov est le premier qui arrive à rassembler le social et le personnel à l’intérieur de drames, comme Edward Bond, dans le sens de la logique de l’imagination et de l’humain. Il sort du théâtre qui peut imiter ces choses-là, mais le théâtre est une expérience factice sans réel contenu. Dès que nous parlons du drame, nous parlons de nous.
Le texte d’une pièce n’existe que dans l’interprétation qu’on en donne. Monter une pièce implique pour le metteur en scène non seulement une lecture, mais aussi une mise en question de lui-même.
Lorsqu'en 1900 le théâtre d’Art monte les Trois soeurs, Tchekhov écrit avec émotion, et comme à bout de souffle, à Olga Knipper : « Je dois assister aux répétitions, il le faut ! Je ne peux pas laisser à Alexeev la responsabilité de quatre rôles féminins, quatre jeunes femmes intelligentes, quelle que soit ma confiance en son intelligence. »
Mise en scène inventive, comédiens bien dirigés, pièce enthousiasmante. Une des pLus beLLes pièces de Tchekhov.
oui déçue par la mise en scène : j'attendais qqchose de + neuf , effectivement les acteurs avalent leurs répliques + qu'ils ne les donnent . Il y en a une qui crève la scène, celle qui joue Macha ou Machenka. J'éviterai dorénavant ce metteur en scène...
Mise en scène illisible. Avec Chekhov le risque est de surjouer soit dans la déclamation soit dans l'intimisme. Benedetti a essayé d'éviter ces 2 écueils par des artifices de direction d'acteurs: élocution accélérée incompréhensible et sans raison dramatique. Jeu syncopé inutile et vain. Grossières erreurs d'interprétation. En bref: mauvais coup. Pauvre Anton. Il ne mérite pas ça!
Pour 2 Notes
Mise en scène inventive, comédiens bien dirigés, pièce enthousiasmante. Une des pLus beLLes pièces de Tchekhov.
oui déçue par la mise en scène : j'attendais qqchose de + neuf , effectivement les acteurs avalent leurs répliques + qu'ils ne les donnent . Il y en a une qui crève la scène, celle qui joue Macha ou Machenka. J'éviterai dorénavant ce metteur en scène...
Mise en scène illisible. Avec Chekhov le risque est de surjouer soit dans la déclamation soit dans l'intimisme. Benedetti a essayé d'éviter ces 2 écueils par des artifices de direction d'acteurs: élocution accélérée incompréhensible et sans raison dramatique. Jeu syncopé inutile et vain. Grossières erreurs d'interprétation. En bref: mauvais coup. Pauvre Anton. Il ne mérite pas ça!
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