En Guinée, à Conakry, le pont du 8 novembre est un lieu de sinistre mémoire, comme le camp Boiro qui lui est associé. Un pont chargé de souffrance. Un lieu chargé de morts, le « pont des pendus ».
Le jeune dramaturge guinéen Hakim Bah conte une histoire vraie, celle de Dani qui est né et a grandi en prison où ses parents étaient internés sans savoir pourquoi. La mère, une « beauté d’ange couleur café au lait plutôt bien façonnée », avait épousé un jeune métis français… Il n’en fallait pas plus pour être interné, torturé, exécuté sous la dictature de Sékou Touré.
Dani, qui a vu son père pour la première et la dernière fois au bout d’une corde, sous le pont des pendus, est l’unique personnage de la pièce. Il livre sa propre histoire, dans une langue blessée, meurtrie, un « cadavre dans l’œil », dans la gorge, dans les mots.
Dans sa mise en scène, Guy Theunissen prend le texte à bras les mots, lui offre un surcroît de vie et d’émotion avec des photos de famille, des documents d’archives, quelques pas de danse esquissés et la présence complice du musicien Témé Tan, bien connu de la scène électro-pop.
Aujourd’hui, le pont des pendus a été détruit pour faire place à un échangeur. Oublié dans les lourds silences de l’histoire. Par ce texte, Hakim Bah a souhaité écrire « les traces des cordes de ce pont ».
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