Une jeune neurologue se fait séquestrer dans son cabinet par un homme qui lui offre un bien étrange cadeau : un revolver... pour le tuer.
Qui est cet inconnu ? Pourquoi veut-il mourir ? Et surtout, pourquoi ne se donne-t-il pas la mort lui-même ?
Dans l’échange forcé qui est le leur, elle va découvrir pourquoi il sait sa fin inéluctable. L’urgence de vivre les réunira fugacement…
Gérard Gelas (Confidences à Allah, Molière 2010, Les derniers jours de Stefan Zweig, Riviera, Le lien, Le Tartuffe nouveau...) confie à Jacques Frantz (qui a travaillé avec Claude Berri, Jacques Weber, Coline Serreau, Claude Chabrol, Lars Von Trier, Jean-Jacques Annaud, Luc Besson...) et Claire Borotra (mise en scène précédemment par Robert Hossein, Roger Planchon, Jérôme Savary, Alain Sachs, Jean-Michel Ribes...) ce texte bouleversant, écrit par son ami Luciano Nattino, grand homme du théâtre italien, aujourd’hui atteint de la maladie de Charcot.
« Luciano Nattino, grand homme de théâtre italien, auteur et metteur et scène, est mon ami depuis 1972, quand, avec Antonio Catalano, ils vinrent au festival d’Avignon pour voir ma pièce Miss Madona et créèrent ensuite la Compagnie du « Mago Povero », titre de l’un de mes poèmes, devenue en suite la compagnie « Alfieri », l’une des plus fameuses d’Italie.
Au festival d’Asti, leur lieu de résidence, ils créèrent entre autres mon texte La Barque. Ils vinrent aussi fréquemment jouer leurs pièces au Chêne Noir.
Il y a quelques temps, Luciano développa la maladie qui aujourd’hui ne lui laisse pour communiquer avec l’extérieur que le clignement des yeux relié à un ordinateur. Ainsi fut écrite la pièce Un regalo… Dès la première lecture, je sus que ce n’était pas une pièce didactique sur la maladie et en même temps, j’apprenais beaucoup sur elle.
Quand le docteur Salvi, neurologue à l’hôpital Bellaria de Bologne, apprit que son patient était un homme de théâtre, il lui suggéra d’écrire un texte sur la SLA (plus communément appelée la maladie de Charcot), car nous ne savons que très peu ou rien — et pour cause — de ce qu’en pensent les malades.
Et Luciano écrivit. En pensant au « théâtre de la menace de Pinter et à l’univers de David Mamet aux rythmes faits d’interruptions et de
superpositions ».
Pour cette mise en scène, je me suis entouré du peintre Gérard Alary qui a déjà peint nombre de toiles à partir de la maladie d’Alzheimer exposées entre autres dans de grands formats à la Pitié Salpêtrière à Paris et pour la musique d’une composition originale de Christian Vander, qui me l’a offerte un soir de concert où je lui parlais du projet.
Nattino lui-même écrit que même s’il est au centre du récit suscité par la SLA, cela n’est pas seulement une pièce sur cette maladie, mais plutôt la découverte autobiographique de celui qui partant du Je se découvrira Autre, pour paraphraser Rimbaud. »
Gérard Gelas
Ce fut le docteur Salvi, neurologue à l’hôpital Bellaria de Bologne, qui me demanda si je pouvais écrire un texte sur la SLA. Cela aurait été pour lui « un cadeau ».
Un cadeau. Le mot eut une « résonance magnétique » en moi, une sorte de correspondance secrète. Mais qu’est-ce que moi, je pouvais offrir à ce grand spécialiste ?
Un cadeau, on le sait, est souvent rattaché à une surprise. Alors je décidai de faire deux surprises. Un récit sur mon parcours de malade, écrit en tandem avec mon amie Silvana et un texte théâtral avec deux personnages : un malade et un neurologue, ou mieux une neurologue, pour mieux faire vivre le contraste.
Dans le récit, on dépeint l’expérience de celui qui ne comprend pas ce qui est en train de lui arriver, des jours alternant entre ombre et lumière et d’autres qui basculent entre espoir et désillusion, jusqu’à la déclaration de la maladie et son parcours irréversible.
Dans le texte théâtral, le plan se manifesta rapidement en totale résonance avec le titre et jusqu’à l’idée du cadeau. Et il me vint à l’idée d’écrire une sorte de thriller.
Je pense avoir « confectionné » un texte pour le moins mystérieux, avec un homme revêche, aux brusques changements d'humeur et une professionnelle curieusement ironique et qui ne renonce pas.
En toile de fond, ma maladie, avec la présence de l'inquiétante manifestation des premiers symptômes.
Moi en fait, je n’apparais pas vraiment. Pourquoi parler de moi ? Je suis dans une autre dimension. Comme celui qui écrit une autobiographie et puis qui découvre que le Moi narratif est une personne différente. Le théâtre est ainsi, on devient tout autre chose que soi-même.
Je dois ce résultat à mon ami Silvana Penna et à ses précieuses suggestions. Je remercie infiniment Irene et Federica pour la rédaction matérielle du travail, les acteurs qui l’interprèteront et les autres protagonistes qui le feront vivre sur la scène.
A bientôt.
Luciano Nattino
8 bis, rue sainte Catherine 84000 Avignon