Trois courtes pièces de Daniel Keene sont mises en scène par Dider Bezace dans un montage intitulé Un soir, une ville... Un spectacle dans lequel la ville devient un véritable personnage, elle est réinventée sur le plateau avec en creux la présence d'autres personnages. Un spectacle qui révèle l'universel en chacun de nous.
Il fait froid, un père enlève sa veste et la pose sur les épaules de son fils. Une vieille dame sans mémoire cherche obstinément à son doigt la bague qu’elle n’a plus. Deux hommes s’étreignent dans la nuit pour conjurer leur solitude et signer l’aveu d’une possible tendresse. Autant de gestes simples, intimes ou anodins qui, dans le théâtre de Daniel Keene, deviennent des actes symboliques d’une grande force dramatique. Des gestes qui créent des liens quand la vie les empêche, qui relient fortement les êtres entre eux malgré la distance qui les sépare.
Ils fondent avec les mots qui les entourent et les produisent, le réel hommage poétique d’un grand auteur contemporain à la profonde humanité de notre condition, si dure et misérable soit-elle.
Les trois courtes pièces que nous présentons dans un montage intitulé Un soir, une ville… ont en commun de se situer dans des lieux citadins où se croisent tant d’inconnus. Ce sont des ports où ils accostent provisoirement avant d’aller plus loin, des endroits de partance qui mènent ailleurs, les étapes d’un parcours de transition, on y passe et on s’éloigne sans se retourner. Une ombre sur un visage, l’inquiétude d’un regard, une allure précipitée ou la lourdeur d’un pas nous ont dit furtivement le secret d’existences dont il est impossible de soupçonner l’étendue.
C’est l’imaginaire de l’auteur qui prolonge la brièveté de cette sensation momentanée ; il la transforme en une connaissance généreuse de la vie qu’il nous est donné de partager grâce au théâtre, à sa force antique d’exploration, grâce à sa capacité, jamais démentie, de mettre l’universel au creux de chacun de nous.
Dans cette dramaturgie, faussement réaliste, faite de fragiles rapprochements entre des personnes souvent solitaires, la ville elle-même est un personnage. Toujours différente et identique à elle-même, mouvante et omniprésente, elle semble sur scène se transformer en de multiples espaces qui viennent cadrer les fragments de ces vies inachevées. La ville est indifférente au sort de ceux qui la sillonnent et cependant indispensable à la quête de chacun : on s’y cherche, on s’y trouve parfois et on s’y perd aussi. Elle est le cadre scénographique permanent de ce théâtre, une forme de lieu scénique conventionnel comme la scène élisabéthaine l’est pour la dramaturgie de Shakespeare, le tréteau du Vieux-Colombier pour le théâtre de Jacques Copeau ou l’arène antique pour Sophocle ou Eschyle. Ce n’est pas un « décor », c’est une machine propre à mettre en scène la destinée urbaine du personnage que l’auteur fait naître de son imagination citadine. Pour jouer Keene, il faut donc sans cesse réinventer la ville sur le théâtre, de pièce en pièce, avec en creux la présence des autres personnages, ceux des pièces qu’on ne joue pas.
Didier Bezace, 2 mai 2011
Un verre de crépuscule et Quelque part au milieu de la nuit de Daniel Keene sont publiés aux éditions Théâtrales.
« Mis en scène dans la splendide scénographie de gris conçue par Jean Haas et éclairée par Dominique Fortin, le spectacle est aussi captivant qu’un roman noir. Les comédiens y glissent, fortement incarnés, mais dans un entre-deux ouaté, une présence/absence troublante. » Laurence Liban
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