Elle a sept ans, des seins comme des mandarines et ne va plus en classe. Elle se cache dans le local à vélos de l’école et manipule un petit de maternelle. C’est une petite fille ordinaire qui fait commerce de sa puberté précoce avec la froideur méthodique d’un homme d’affaires. Elle se soustrait par le mensonge à celle qui se prend pour sa mère, s’invente un père ennemi public n°1 et fugue la nuit sur un manège. Aujourd'hui, elle est devenue une femme et explore sa féminité bousculée.
Une bête ordinaire n'est pas un conte pour enfants et le choix a été fait que « elle » qui nous parle soit une femme. Cette femme devant nous, ouvre la boîte, explore sa féminité bousculée. Elle retraverse son enfance déroutée par cette puberté précoce, avec ses fièvres et ses inquiétudes. C'est aussi un jeu salvateur dont elle s'amuse. Au fil d'une narration dialoguée, elle fait revivre la petite fille restée enfouie en elle et les personnages qui l'ont marquée. On y croise aussi quelques animaux fantastiques et son père inventé, celui qui lui offre une fenêtre d'insurrection et de liberté. Il lui apprend à se défendre. Ce support imaginaire l'aide à construire une image d'elle-même sublimée. Elle en devient plus forte. Sa singularité l'a isolée. Enfant, elle n'a pas compris la brusque métamorphose de son corps et sa mère dépassée ne semblait ne rien voir ni rien entendre. « Elle » retrace le chemin de la petite fille-femme jusqu'à déchiffrer la femme de maintenant, jusqu'à retrouver son intégrité.
Véronique Bellegarde
3, rue des Déchargeurs 75001 Paris