Une histoire vibrante

 " Un homme qui n’a de place nulle part, un étranger qui doit créer à chaque pas le terrain sur lequel il avance. " Marthe Robert

Alexis Forestier aime les œuvres qui ne se livrent pas d’emblée. Il aime entrer dans la fabrique de l’écriture. Ses spectacles sont nés des œuvres de René Char, Henri Michaux, Francis Ponge. Il vient de présenter Fragments complets, Woyzeck d’après l’œuvre inachevée de Büchner. Avec Kafka il prolonge sa recherche sur l’énigme de l’écriture " Comment puis-je espérer souder des morceaux pour en faire une histoire vibrante ? " écrit Kafka. C’est ce pari que tente Alexis Forestier en puisant dans Récits et fragments narratifs. Un homme se perd, trouve en chemin une maison, la quitte, continuera à se perdre. C’est autour de cette errance qu’une histoire semble se raconter. Cet homme, figure familière de l’œuvre de Kafka, l’arrivant, l’étranger, tente de se fabriquer une appartenance dans un monde qui lui échappe. Il est celui que ceux qu’il rencontre, l’homme, la femme, le veilleur, Gracchus vont essayer de s’approprier, il est surtout le double projeté du récitant, le double de l’auteur. Comme l’arrivant, le spectateur verra se modifier sans cesse et l’espace et l’histoire.