Francine Christophe écrit la vérité sans victimisation.
Elle a six ans lorsque son père part au front, en 1939. En 1940, il est fait prisonnier en Allemagne. Il est alors officier.
En Juillet 1942, Francine est arrêtée avec sa mère, et retenue dans des camps : Poitiers puis Drancy puis Pithiviers, Beaune-la-Rolande… puis retour à Drancy, « camp modèle, antichambre des camps de la mort » Elle fait partie des « privilégiés » : « la Convention de Genève obtient notre maintien en France, à titre d’otages, pour nous, femmes et enfants des officiers prisonniers de guerre français »
Et pourtant…
« Nouveau départ… Gare de l’Est… On roule, on roule … Nous entrons en Allemagne… Arrivée à Bergen-Belsen… jusqu’à sa libération par les Russes en 1945 lors d’un transport ferroviaire.
C’est longtemps après ces événements que Francine Christophe a écrit ces pages sur l’enfance qu’elle vécut en enfer. Pour que ses enfants et petits enfants en connaissent l’histoire vraie.
L’adaptation théâtralisée du texte initial, que nous présentons, est le fait de l’équipe artistique de ce projet, avec l’accord de Francine Christophe.
La vérité, dans cette écriture, donne toute sa valeur à la transmission du sens. Les événements évoqués appartiennent à un drame humain historique. Leur évocation par le Théâtre les fait entrer dans le champ de la Tragédie. Des instants d’humour offrent sa respiration au drame. Ces moments-là - tous les déportés s’en souviennent - sont aussi véridiques que ceux qui dressent le portrait de l’enfer. Dans le monde de l’envers. Ici, sur la terre des Hommes. Tant que ne sera pas élucidée la question de « comment, pourquoi et ce que peut l’Homme contre l’Humanité… »
L’écriture droite de ce texte nous réveille quant à l’universalité et l’intemporalité du sujet.
Philippe Hottier
53, rue Notre Dame des Champs 75006 Paris