Une souris grise

du 9 au 14 février 2004
1H30

Une souris grise

Un jeune cadre invite le nouveau directeur commercial Europe de son entreprise et son épouse. Malheureusement l'hôte et son fils sont, ce jour-là, sujets à des coliques. Allusions, jeux de mots, incompréhension - le directeur est d'origine allemande -, tout est prétexte à quiproquos et jubilation du langage.

Des troubles intestinaux inopportuns
Le monde tourné en dérision

Extraits

Calaferte vient de nous quitter…

Journée exceptionnelle chez les Bernachons… Charlotte et Gérard « attendent du monde à déjeuner… » Et pas « n’importe quel monde ». Rien de moins que Monsieur Hans Otto Waterbrunner et son épouse Gerda… Monsieur Waterbrunner en personne, le nouveau directeur commercial pour l’Europe de l’entreprise dans laquelle travaille Gérard… Pour l’Europe, je ne sais pas si vous voyez… A partir d’aujourd’hui, c’est lui qui va faire la pluie et le beau temps dans toutes les filiales… Si votre tête ne lui revient pas, vous pouvez aussi bien vous retrouver éliminé du jour au lendemain…

Et malheureusement, ce matin, Gérard Bernachon n’a pas bonne mine… Un poisson pas frais mangé hier soir chez belle-maman, sans doute, ou autre chose… Toujours est-il que lui et son fils Ludovic ont « les intestins plus que détraqués »… Alors vous imaginez : se retrouver devant son nouveau directeur commercial « entre deux va-et-vient », on dira ce qu’on voudra, c’est pas l’idéal !

Une souris grise commence comme une pièce de Feydeau, on ne peut s’empêcher de penser à On purge bébé. Comme beaucoup de textes du « théâtre baroque » de Louis Calaferte, cette œuvre contient un aspect comique fort, évident, voulu, qui repose sur l’expérience, le constat, le « vrai » que l’auteur tourne rapidement en dérision.

Comme dans Les Mandibules, les petits êtres, aux prises avec de mesquins problèmes quotidiens, de dents cariées, de calvitie précoce, de dérangements intestinaux… d’enveloppe corporelle en général, se débattent dans un monde qui les dépasse.

Le vrai personnage des comédies de Calaferte ne fait rire qu’autant qu’il est pitoyable.

Patrick Pelloquet

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Huit ans après la création des Mandibules, Patrick Pelloquet renoue le dialogue avec l'œuvre de Calaferte et met en scène Une Souris Grise pour le Théâtre Régional des Pays de La Loire... Entre rire et dérision, une fable du quotidien sous forme de comptine…

Patrick Pelloquet entretient depuis longtemps une complicité avec l'œuvre de Calaferte. Une même connivence autour de la comédie unit le metteur en scène et l'auteur des Pièces Baroques. L'un joue avec les mots et les situations que le dramaturge éveille et parcourt toute la gamme du rire, de la farce à la dérision, du grotesque à l'absurde.

Un déjeuner est la situation principale de cette pièce. Un jeune cadre invite le nouveau directeur commercial Europe de son entreprise et son épouse. Malheureusement l'hôte et son fils sont, ce jour-là, sujets à des coliques. Allusions, jeux de mots, incompréhension - le directeur est d'origine allemande -, tout est prétexte à quiproquos et jubilation du langage.

Une Souris Grise illustre cette mise à distance particulière que Louis Calaferte adopte dans son œuvre théâtrale. L'auteur jette un regard singulier sur le monde qu'il tourne à la dérision. La scène agit comme un miroir. Les niveaux de lectures se superposent : linéaire et métaphorique. L'anecdotique devient emblématique. A grands coups de fourchettes, le dramaturge esquisse d'un portrait de la société avec ses traits plus ou moins grossiers, déformés : social, familial, hiérarchique, d'éducation… Le spectateur oscille entre deux univers : celui de Beckett et de Ionesco, navigue entre le non-sens et l'absurde, sous tendus par un humour qui va de la farce à l'ironie grinçante. Sur l'air d'une comptine, qui du chat ou de la souris mangera l'autre ?

Au même titre que Calaferte prend le théâtre comme vecteur pour parler de la société, Patrick Pelloquet prend à témoin les interprètes pour s'adresser au public. Le metteur en scène opère spontanément un travail sur la matière. Si l'homme est prisonnier de son enveloppe charnelle, l'acteur est un obstacle : il doit devenir une marionnette pour aller au plus vrai du rapport humain. Ce que traduit le décor très fonctionnel aux allures de laboratoire, de lieu d'observation ; ce qu'expriment les personnages stéréotypés, aux couleurs grises de souris… de laboratoire.

"Une petite souris grise
Dans son bel habit de gala
Voulant manger des friandises
Tomba sous la griffe du chat"

Au-delà du comique surgit une émotion, profonde. Celle d'une prise de conscience. Patrick Pelloquet nous fait entendre la voix de Calaferte : " Quand allons-nous vivre ? Il est urgent d'apprendre à vivre et à aimer. Il faudrait arriver à faire comprendre cela petit à petit… "

Le texte de la pièce est publié aux Editions Hesse (Théâtre complet , Pièces baroques 1994).

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Le vrai comique est celui qui, en même temps qu’il nous divertit, au fond nous émeut. Jamais, il n’est si proche de la perfection que lorsque par une infime déviation il pourrait se métamorphoser en tragique. Il doit éveiller en nous les résonances dont on ne sait quel indéfinissable malaise. Le distinguer de la drôlerie.

5 janvier 1957

Comme la plupart des comédies contemporaines sont fondées sur le postulat d’une action, reposent sur les drôleries verbales ou de situations, non sur un caractère et sur son progressif développement psychologique, les personnages y sont sans vérité, sans consistance, destinés uniquement à servir les rouages d’une construction dramatique arbitraire, à débiter des répliques qui doivent emporter le rire, au service du but que l’auteur s’est proposé.

Autrement comprise, la comédie est l’un des genres certainement les plus difficiles, qui ne bénéficie pas, comme le drame ou la tragédie, d’un préalable émotionnel, et ne peut s’articuler que sur un minutieuse observation psychologique qui exige bien du talent pour la rendre vivante au théâtre.

8 janvier 1966
Le chemin de Sion, Carnets 1956-1967, Denoël, 1980

" Quand allons-nous vivre ? Il est urgent et important d’apprendre à vivre et à aimer. Il faudrait arriver à faire comprendre cela petit à petit. Vivre, c’est avoir conscience de sa dignité d’être. "

L’aventure intérieure (entretien avec J.-P. Panty) Julliard, 1994

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A l'occasion du décès de Louis Calaferte en 1994, Jean-Pierre Miquel, qui fut l'un de ses amis et qui mit en scène plusieurs de ses pièces, lui rend hommage dans l'Evénement du Jeudi du 19 mai 1994.

" J'ai personnellement mis en scène six pièces de Louis Calaferte, et j'ai longuement parlé avec lui des vertus particulières qu'il accordait au théâtre. J'en ai fait monter trois autres (à l'Odéon et à Reims), et j'ai pu constater ainsi sa préoccupation principale : décrire le langage et le comportement des gens - simples et ordinaires - à tous les âges de la vie, et dans des situations diverses, des plus banales aux plus folles. (…)

Cette œuvre dramatique est exceptionnelle tant par sa pertinence, son exactitude minutieuse, son absence totale de mépris, de méchanceté que par sa drôlerie, qui ne prétend pas combattre ou dénoncer, mais débusquer le cocasse dans le familier. Calaferte voulait par son théâtre capter la dimension comique de la vie, que l'on ne trouve jamais dans ses récits ou ses poèmes. Il croyait à la nécessité du comique, à sa vertu salvatrice et, de ce fait, regardait le genre humain avec une sorte d'attendrissement qui contrastait singulièrement avec la violence de ses propos sur la dérive grossière de notre société de mensonge, d'avidité, de lâcheté et de bêtise. (…)

Le théâtre ne fut donc pas pour Calaferte une tentative secondaire, car il écrit en 1993 qu'il s'inscrit dans son œuvre " d'exceptionnelle façon, dans la mesure où le théâtre est, qu'on le veuille ou non, absolument irremplaçable en raison de cette fusion immédiate entre la pensée et le public qu'il offre chaque soir dans les salles surchargées de la violence du désir de l'œuvre en charnelle rencontre avec cette complémentarité indispensable au comédien qu'est le spectateur. "

Jean-Pierre Miquel
Ancien administrateur général de la Comédie Française
Metteur en scène. Décédé en février 2003.

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Sélection d’avis du public

Pathétique souris grise Par Julien B. - 24 novembre 2014 à 22h35

"Humour" pipi caca du début à la fin. Une pièce dépouillée de second degré. Les personnages sont plus creux que caricaturaux, le texte est sans intérêt. Le tout est nul, vide d'émotion. Rien à en tirer, même en cherchant une prétendue prise de conscience d'une dérive de la société vers la lâcheté et la bêtise.

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Pathétique souris grise Par Julien B. (1 avis) - 24 novembre 2014 à 22h35

"Humour" pipi caca du début à la fin. Une pièce dépouillée de second degré. Les personnages sont plus creux que caricaturaux, le texte est sans intérêt. Le tout est nul, vide d'émotion. Rien à en tirer, même en cherchant une prétendue prise de conscience d'une dérive de la société vers la lâcheté et la bêtise.

Informations pratiques

Auditorium Saint-Germain-des-Prés

4, rue Félibien 75006 Paris

Saint-Michel
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  • Bus : Seine - Buci à 103 m, Saint-Germain - Odéon à 152 m, Saint-Germain-des-Prés à 240 m, Sénat à 290 m
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Auditorium Saint-Germain-des-Prés
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Spectacle terminé depuis le samedi 14 février 2004

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