Adaptation de Cécile Backès d ’après le récit de Jean-Paul Wenzel.
En 1944, Wilhelm Klutz, un soldat allemand, prend l’identité d’un soldat français, Louis Duteil, pour épouser une Française, Odette Garnier. A la libération, Henri Duteil part à la recherche de son frère Louis dont on est sans nouvelles. En 1982, Jean, le fils d’Odette et de Wilhelm, tente de retrouver son père.
Le texte de Jean-Paul Wenzel et Bernard Bloch, adapté par Cécile Backès, la metteur en scène, juxtapose et alterne quatre voix, en brèves séquences, celles d’Henri, de Wilhelm, d’Odette et de Jean. Multiplication-succession instantanée des points de vue, des préoccupations. Dispersion-éclatement de la chronologie et des lieux : hier et aujourd’hui, la France et l’Allemagne. Saint-Etienne, octobre 1943. Francfort, mars 1982. Saint-Dié, mai 1945. Mannheim, juillet 1982.
Chaque séquence, en sa voix, son temps et son lieu, est pièce d’un puzzle qui finira par se recomposer, celui des origines de Jean et de la destinée conjuguée de ses parents et des frères Duteil.
La pièce est poursuite, enquête, quête haletantes. Elle est oratorio dans la polyphonie de ses voix contrastées. Elle se densifie du surgissement d’autres voix, off celles-là, qui apostrophent, commentent, viennent en aide ou résonnent parfois dans l’autre langue, l’allemand paternel.
Mais cette aventure, ce suspens, cette forme « chorale » séduisent d’autant qu’ils suscitent chez le spectateur une réflexion parallèle à celles des protagonistes : lui aussi, confronté au patchwork de ces vies-là, exemplaires de notre temps, il s’interroge sur ses origines, son identité, les hasards qui président aux existences, la conjugaison des bouleversements collectifs et des cheminements individuels, le poids de la faute et la rédemption.
15, route de Manom 57103 Thionville