Tout est matière à conter et à dire pour l’artiste vendéen. Après avoir donné la parole aux habitants du cimetière de son village ou réhabilité la mémoire d’une espèce animale disparue, Yannick Jaulin visite les récits des livres saints et des mythologies. Il s’en empare avec curiosité, respect et tendresse sans oublier l’humour qu’il sait si bien manier.
C’est ainsi qu’il revendique qu’un « conteur vendéen aux accents poitevins-saintongeais soit tout à fait libre de raconter à sa manière les mythes fondateurs. Le paradis terrestre, par exemple, qu'il situerait quelque part dans les Deux-Sèvres ». Jubilatoire !
« Des récits que l'on croyait connaître et auxquels il donne un nouveau souffle avec cette joie suprême de raconter et de transmettre. L'acteur s'impose, magnifique, généreux, caustique, jovial, émouvant aussi. » Télérama sortir TT
« Mais toute cette matière collectée n’aurait pas abouti au spectacle final présenté sur la scène des Bouffes du Nord sans les talents d’humoriste et le sens du comique hors pair de Yannick Jaulin. En effet, ce n’est pas chose aisée de faire rire d’un sujet comme les religions, or il y parvient avec brio tout au long de la représentation. » Cristina Marino, Le Monde, 11 mars 2016
« facétieux conteur, incarnant avec verve et un sens aigu du comique des personnages bibliques. (...) Un spectacle très spirituel. » A.A., Le Canard enchaîné, 16 mars 2016
Une naissance est souvent l’occasion de renouer avec le proche et le lointain. La naissance d’un spectacle pour un artiste, l’opportunité de renouer avec celles, ceux qui font exister les spectacles et de dire ou de redire deux ou trois choses des origines et des chemins pris.
Je veux vous parler d’un spectacle et de sa manière de voyager.
Depuis l’origine, j’oeuvre pour donner à l’art du conteur une place sur un plateau de théâtre. Je ne fais que cela, explorant le fond et la forme et parfois arrivant à rencontrer le monde. Pas toujours. Je ne me serais pas douté que Comme vider la mer avec une cuiller allait autant entrer en résonance avec le cours du temps.
Ce spectacle qui ne parle que de ça ! Du récit religieux, de notre besoin d’infini, de quoi faire avec ces récits aujourd’hui.
J’aborde les textes des religions du livre pour ce qu’ils sont : des contes, des récits aux multiples versions, aux évolutions étonnantes, et donc aux interprétations infinies. De leur dimension mortifère quand on les réduit à une vérité. Ils ont fait notre monde, façonnent encore notre quotidien et ne pas les connaître est sans doute un héritage fragile de notre anticléricalisme. On ne peut se contenter d’ignorance, du déni de ces textes-là. Si mes questions peuvent alimenter ce débat fondamental pour l’avenir de notre société, alors...
Yannick Jaulin
La rencontre avec Yannick Jaulin s’est faite naturellement à Brioux-sur-Boutonne en 2013 à l’occasion des 25èmes rencontres du Festival Au village. Yannick travaillait déjà sur son projet de spectacle Comme vider la mer avec une cuiller et moi sur Martyr de Marius von Mayenburg que j’allais créer en janvier 2014 au TAP à Poitiers. Nous avons échangé autour de ces sujets brûlants d’actualité qui nous animent tous les deux : comment le religieux continue de façonner le monde dans lequel nous vivons. Ces récits bibliques notamment peuvent être interprétés de plusieurs façons. Si Mayenburg démontre dans sa pièce comment un adolescent peut se radicaliser dans sa propre interprétation de la Bible, Jaulin, lui, nous raconte ses propres « versions » de ces récits. Non pas de manière doctrinaire mais bien comme un conteur. Un homme de son temps qui saisit dans les Écritures des résonances avec notre monde contemporain, passant sans transition de sa coiffeuse Dalila et son petit garçon Samson, aux rasta de Bob Marley et à son récit personnel. Cette rencontre nous a déplacés chacun à notre endroit.
Pour ma part, je n’avais jamais créé de spectacle où le texte ne pré-existe pas avant l’acte de création. Habituellement, je travaille à partir de textes d’auteurs vivants. J’ai appris à accompagner un auteur dans son processus d’écriture. Ce processus singulier se nourrit d’improvisations au plateau. Yannick passe constamment de l’auteur à l’acteur sans faire la distinction entre ces deux fonctions précises : celle d’inventer et celle de dire. L’une se nourrit de l’autre et vice-versa. Tout le travail de répétitions (qui n’en est finalement pas un au sens strict du terme) consiste à « accompagner » la naissance d’un texte qui prend corps par et avec le verbe de Jaulin. Ce travail fut pour moi une expérience unique, passionnante et jubilatoire. En étroite collaboration avec Valérie Puech et l’ensemble de l’équipe artistique de la Compagnie Le Beau Monde ? nous avons pris le temps de chercher, d’essayer, de recommencer, sans jamais abandonner notre objectif : ne perdre aucun spectateur dans ce flot de paroles. Nous avons présenté des sorties de résidence où nous échangions avec les spectateurs pour mesurer comment ils naviguaient dans cet océan d’histoires. Rappelons que la base de notre recherche était on ne peut plus concrète : un homme et une femme dans un musée regardent le tableau d’un Annonciation de Fra Angelico. A partir de ce postulat tout devient possible et l’enjeu du travail a été de constamment revenir au concret de cette situation pour ensuite « entrer » dans les récits comme dans un livre d’histoires dont on feuillette à loisir les pages. Dans ce parcours, la figure du conteur demeure un guide essentiel : cet homme d’aujourd’hui, en jean, qui tente d’entrer en communication avec une jeune femme en lui décrivant ce tableau. Nous ne distinguons que son dos au départ, puis son visage. Enfin, nous découvrons que cette femme va prendre, elle aussi, la parole, par l’intermédiaire de son instrument : le violon. Toutes les nappes musicales et sonores du spectacle appartiennent à cet autre imaginaire qui s’exprime dans une autre langue, celle de la musique.
Ce fut donc aussi une première pour Yannick Jaulin : celle de partager la scène avec un autre corps, une autre présence et une autre langue. Morgane Houdemont accompagne admirablement le parcours de la pensée du conteur qui erre entre la salle du musée, le salon de coiffure, un cimetière, une église, la scène d’un théâtre... Ces improvisations musicales pour l’une et vocales pour l’autre ont donné naissance à ce spectacle. Yannick Jaulin ouvre un espace d’échanges et de dialogues avec les spectateurs toujours avec humour et bienveillance sur des sujets brûlants qu’il traite avec délicatesse.
Nous partageons tous les deux ce désir d’interroger plutôt que de résoudre et ce n’est pas un hasard si la pièce s’achève brutalement sur une énigme : Et si le fils de Dieu avait été une femme ?
Matthieu Roy
que des faits TOTALEMENT exacts, une analyse minutieuse des livres du monothéiste, des "ornementations" lyriques, pas une seule grossièreté et vous ne voyez pas le temps passer
Très bon acteur, étonnante interprétation des écritures très beau texte, avec de l'humour, très beau décor (Fra Angelico tout de même) Un spectacle qui parle à tout le monde avec une belle parenthèse au violon inattendue.
grand moment épique et drolatique, avec échappées en patois évocations puissantes et familières en même temps mes 2 émotions esthétiques : l'Annonciation de Fra Angélico merveilleuse dans ce lieu et la "plage" de violon - bravo les artistes
Un spectacle qui à la fois rire et réfléchir
Pour 5 Notes
que des faits TOTALEMENT exacts, une analyse minutieuse des livres du monothéiste, des "ornementations" lyriques, pas une seule grossièreté et vous ne voyez pas le temps passer
Très bon acteur, étonnante interprétation des écritures très beau texte, avec de l'humour, très beau décor (Fra Angelico tout de même) Un spectacle qui parle à tout le monde avec une belle parenthèse au violon inattendue.
grand moment épique et drolatique, avec échappées en patois évocations puissantes et familières en même temps mes 2 émotions esthétiques : l'Annonciation de Fra Angélico merveilleuse dans ce lieu et la "plage" de violon - bravo les artistes
Un spectacle qui à la fois rire et réfléchir
Spectacle qui fait du bien
8, avenue Dolivet 92260 Fontenay-aux-Roses
Voiture : N 20 depuis porte d'Orléans - sortir à Bagneux.