Tout public
Eté 1974. Zouc et Hervé Guibert se rencontrent pour une série d’interviews qui durera huit après-midi. Sans poser de questions, ou presque pas, Hervé Guibert se contente de retranscrire la parole de l’actrice Zouc. Elle sait très bien où elle va. De fil en aiguille, elle dira mieux que personne qui elle est, avec une poésie et une lucidité admirables elle se racontera, d’abord son enfance dans la campagne suisse des années cinquante-soixante, l’étroitesse d’esprit de la bourgeoisie locale, la méchanceté des gens au village, l’ennui qui l’accompagne, ses facéties sur les bancs de l’école pour faire rire ses camarades, seul moyen pour elle de trouver sa place. Puis ses séjours en « maison de repos », son « hystérie » dont elle saura jouer dans son métier d’actrice. Ceux qui l’ont vu sur scène s’en souviennent à jamais.
Pour les autres, dont je fais partie, les documents filmés que l’on peut trouver d’elle sont tout simplement stupéfiants. Fascinants. Sa présence physique est sans égale, les mondes intérieurs qu’elle convoque à volonté pour créer ses personnages sont d’une intensité hors du commun. Son amour des autres, sa gentillesse profonde, sa capacité d’écoute sont là pour témoigner que nous sommes en présence d’une personne d’exception dotée d’une sensibilité merveilleuse. Incomprise dans son enfance, internée à plusieurs reprises, elle trouvera son équilibre dans l’exercice de son art.
De son vrai nom Isabelle von Allmen, Zouc est une humoriste suisse née en 1950 à Saint-Imier (canton de Berne).
En 1966, elle entre au conservatoire de Neuchâtel puis de Lausanne. Trois ans plus tard, les cabarets d'été de Neuchâtel accueillent ses premiers spectacles. Le succès régional donne envie à Zouc de partir pour Paris, elle s’inscrit au cours de Tania Balachova.
En 1970, elle interprète plusieurs rôles dans Jeux de massacre de Ionesco mise en scène par Jorge Lavelli. Repérée par Maurice Alezra, ce dernier l'engage et les représentations que la jeune femme donne à la Vieille Grille sont les prémices de son futur spectacle L'Alboum de Zouc.
Durant les années 70, l'humoriste interprète de nombreux rôles au théâtre et à l'opéra, tout en présentant pour la première fois son Alboum. Elle l'adapte même pour la télévision en 1974 et propose la suite deux ans plus tard, R'alboum, présenté au Théâtre de la Ville puis en tournée à travers la France, la Belgique, la Suisse, le Canada et le Maroc.
En 1984 et 1985, elle joue Zouc à l’école des femmes au Théâtre de Paris puis, en 1987, Zouc au Bataclan (Molière du meilleur spectacle comique). Le cinéma s'intéresse aussi à elle et des réalisateurs comme Michel Drach ou encore William Klein la sollicitent souvent. Elle travaille également pour la télévision et joue dans Monsieur Abel réalisé par Jacques Doillon
Sa vie prend un tournant tragique puisqu'elle est opérée d'un cancer du sternum en 1997. Elle contracte au bloc opératoire une infection nosocomiale. Neuf interventions sont nécessaires pour la sauver, mais elle demeure handicapée. Très diminuée physiquement, Zouc tente depuis de réapprendre à vivre.
Au départ, il rêvait d'être cinéaste. A 17 ans, recalé au concours de l'Idhec, Hervé Guibert s'intéresse à la photographie avec un petit Rollei offert par son père qu'il gardera toute sa vie.
Il expose et publie plusieurs ouvrages. Après quelques débuts difficiles dans sa carrière de comédien, qui lui font rencontrer Patrice Chéreau (plus tard, il écrira avec lui le scénario de L'homme blessé), il intègre la rédaction du Monde où il est critique à la rubrique photographie pendant huit ans ; c'est la période de la pleine expansion de l'art de l'image.
Petit prince aux dons multiples, il n'a que 23 ans quand il publie, en 1977, grâce à Régine Deforges, son premier livre, La Mort propagande. Son deuxième roman, Suzanne et Louise, est davantage un roman photo.
Homosexuel, atteint du sida, Hervé Guibert a constamment placé la maladie au coeur de son oeuvre.
Après plusieurs livres au succès incontestable, il atteint la gloire en 1990, en révélant sa maladie dans A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie, talent qu'il confirme l'année suivante avec Le Protocole compassionnel. De son mal mortel, il va faire le « grand » reportage de sa vie.
Il aura, en tout cas, goûté à toutes les formes d'oeuvre d'art durant sa vie : photographe, journaliste, écrivain (avec pas moins de 28 ouvrages), chroniqueur de photographies, scénariste et vidéaste...
Il meurt, à 36 ans, des suites d'une tentative de suicide ; il ne pouvait plus supporter sa lente agonie.
Place du théâtre (quartier de la Mairie) 94130 Nogent-sur-Marne
Voiture : Autoroute A4, au niveau de la Porte de Bercy en venant de Paris, prendre la sortie n° 5 “Nogent-sur-Marne”, rester sur la voie de gauche.