74 Georgia Avenue / Les Marchands ambulants / Le Vieux Juif

Saint-Denis (93)
du 21 mars au 15 avril 2007

74 Georgia Avenue / Les Marchands ambulants / Le Vieux Juif

Trois courtes pièces de Murray Schisgal qui se déroulent dans le New York de l'immigration pauvre : les docks, Brooklyn, les petites chambres d'hôtel. Scènes de satire sociale, comme autant de tableaux de mœurs, en particulier sur le Nouveau Monde et le capitalisme, il y est question de la façon dont les êtres vivent avec leur mémoire et organisent leurs relations.

Dans le New York de l'immigration pauvre
Note du metteur en scène
La presse

  • Dans le New York de l'immigration pauvre

Ce spectacle de Stéphane Valensi est la mise en scène de trois courtes pièces de Murray Schisgal : Les Marchands ambulants, Le Vieux Juif et 74 Georgia Avenue, écrites respectivement en 1978, 1965 et 1988. Elles ont toutes en commun de se dérouler dans le New York de l'immigration pauvre : les docks, Brooklyn, les petites chambres d'hôtel.

On y rencontre, comme chez Chaplin, les figures typiques de la rue new-yorkaise : marchand ambulant de bananes, marchande de fleurs, jeune homme naïf débutant dans la vie, et d'autres encore ; un vieux juif dans sa chambre ; un Noir, fils de l'ancien gardien de la synagogue voisine, un Blanc, revenu dans le quartier de son enfance.

De nombreux éléments viennent du théâtre yiddish américain, développé à partir de la fin du XIX e siècle : la forme populaire de l'adresse, les structures archétypales des relations, l'humour des sketches et le caractère moraliste des petites histoires. Jusqu'à la présence du chant, au cœur de chaque pièce.

Scènes de satire sociale, comme autant de tableaux de mœurs, en particulier sur le Nouveau Monde et le capitalisme, il y est plus généralement question de la façon dont les êtres vivent avec leur mémoire et organisent leurs relations : le rapport nostalgique de certains avec leur passé, la façon dont les hommes composent leurs identités et se mettent en scène aux yeux de leurs semblables. S'attachant à mettre en lumière les petits arrangements des hommes, le théâtre de Schisgal invente des petites suites de vanités populaires.

Le texte de la pièce est publié à L'avant-scène théâtre, traduction française de Stéphane Valensi.

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  • Note du metteur en scène

Sont rassemblées ici trois pièces de Murray Shisgal, écrites à vingt ans de distance, un triptyque sur les migrations urbaines et le mystère de l’identité.
Le Vieux Juif (1965) est seul dans son meublé. Las de confier ses secrets à son miroir, il dialogue avec un groupe de voisins imaginaires.

Comédie caustique sur le rêve américain, clin d’oeil aux Marx Brothers et à Charlie Chaplin, Les Marchands Ambulants (1978) met en scène deux nouveaux émigrants sur les docks de New York. Shimmel, fraîchement débarqué du bateau en provenance du vieux continent, rencontre Cornelius, arrivé l’avant-veille et fièrement assis près de sa charrette à bras. Ce vétéran newyorkais va lui enseigner les rudiments du business, l’exhorter même à se choisir et s’acheter un nouveau nom. Les facultés d’adaptation et d’apprentissage du blanc-bec vont se révéler surprenantes.

Dans 74 Georgia Avenue (1989) un homme d’affaires blanc, Marty, décide de passer quelques jours sur les lieux de son enfance à Brooklyn. Le quartier a changé. La maison est maintenant habitée par Joseph, un homme noir, le fils du gardien de la synagogue qu’il fréquentait jadis. Et de façon magique, ces années resurgissent grâce à Joseph qui redonne vie et voix à ces figures du passé qui peuplaient l’enfance de Marty.

Caustique ou plus touchante, la comédie ici ne cesse de poser la question de la représentation. Les personnages de Schisgal, poussés par la nécessité, font du théâtre sans le savoir et empruntent le parcours du comédien, de la coulisse au plateau, sans bouger de la scène de leurs propres vies.

Le « Vieux Juif » face à ses interlocuteurs imaginaires, les marchands et leur jargon d’emprunt, Joseph et sa parodie au commencement de 74 Georgia Avenue : chez Schisgal, « l’habit fait le moine », chaque personnage joue de son identité et de celle des autres.

Jeux de miroirs, jeux de masques, travestissements, rendent compte de fraternités souterraines, de solidarités de territoires.

Dans 74 Georgia Avenue, ces petites métamorphoses, qui confinent au chamanisme, témoignent de l’esprit des choses revenant souffler sur les vestiges d’un monde ancien, sur les lieux du vide et de la solitude, porteur d’un sourire ou d’un secret. Joseph est dépositaire d’une mémoire qui n’est pas la sienne et qu’il s’approprie en la restituant à celui qui l’a précédé, là où il vit.

Les villes comme les identités - terreaux de nos espérances - sont mouvantes, les quartiers disparaissent, se reconstruisent, la mémoire est vacillante et pourtant des trésors réapparaissent là où on ne les attend pas.

Point d’unité de ces trois textes, le chant libère les voix étouffées ou enterrées. Ces fables, caractéristiques de l’humour juif new-yorkais, ont une portée universelle : histoires d’un passé singulier qui resurgit, histoires d’ici et d’ailleurs, histoires d’éternels recommencements.

Ces trois variations comiques et touchantes nous entraînent au coeur des métamorphoses successives des frontières mentales et géographiques de la ville ; invitation au voyage dans un espace en perpétuel mouvement figurant trois étapes du rêve américain.

La scénographie de Jean Haas, dans un geste épuré, s’attache à restituer au plus proche de la magie du plateau nu l’univers des docks, des meublés et intérieurs du New York pauvre. L’unité plastique sera ainsi dégagée grâce à plusieurs panneaux mobiles, murs de brique, qui offriront des perspectives, des axes sur lesquels viendront s’adosser les trois fables de Schisgal.

Trois occasions de tracer, loin de toute reconstitution naturaliste, des aires de jeu et d’illusion pour les acteurs où deux d’entre eux seront invités à passer d’une histoire à l’autre.

L’oeuvre de Schisgal est une exploration au coeur de l’humain. Elle pose dans le style de la comédie - avec des personnages typés et excessifs - le problème de la continuité et de la discontinuité de l’héritage culturel, le problème de l’identité dans la diversité.

Stéphane Valensi

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  • La presse

"On est ému et troublé (Le Vieux Juif), on rit franchement (Les Marchands ambulants), on est profondément bouleversé et l'on rit aussi avec 74 Georgia Avenue, pièce dans laquelle Schisgal a mis beaucoup de lui-même, de ses souvenirs. Stéphane Valensi, qui joue lui-même dans deux registres (le vieux juif et le jeune crédule à peine débarqué d'Ellis Island) est très fin. Il dirige bien ses camarades et a trouvé un rythme excellent. Marc Berman est au meilleur de son talent profond et mobile dans deux rôles qu'il dessine très bien et Paulin F. Fodouop donne au magnifique personnage qu'il incarne sa sincérité et sa grâce. C'est très beau." Armelle Héliot, Le Figaro, 22 mars 2007

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Spectacle terminé depuis le dimanche 15 avril 2007

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