« On ne connaît jamais son enfant. On devrait recevoir un mode d’emploi à la maternité. On nous apprend comment changer les couches, comment donner le bain. À la place, on devrait juste apprendre comment aimer nos enfants sans chercher à les connaître. Toute la vie, on ne fait qu’essayer de les changer. On veut qu’ils nous ressemblent, qu’ils vivent ce qu’on a raté ou au contraire, on veut qu’ils soient différents, on ne supporte pas de voir un miroir sorti de son ventre. » Alexandra Badea
Suite à une série de conversations menées avec Anne Théron autour de la maternité, Alexandra Badea écrit À la trace d’un geste, témoignant à la fois d’elle-même et d’une génération de femmes, faisant de l’écriture une eau qui révèle les dessins invisibles tracés au jus aigre des silences.
Au décès de son père, événement qui réveille un pan anesthésié de mémoire, Clara découvre un sac de femme dans ses affaires. À l’intérieur, peu de choses : quelques objets anodins et une carte d’électeur au nom d’Anna Girardin. Rien de plus, mais suffisamment pour que Clara décide d’enquêter.
Tout en subtilité, le récit déploie une intimité inscrite dans le réel : chacun des personnages que Clara croise sur son chemin mène une vie « normale » tout en semblant être adossé à un mur en train de s’effondrer. Leur chute pourra-t-elle être salvatrice s’ils parviennent à être lucides sur leur rapport au monde ? À la trace explore la manière avec laquelle la société finit par pervertir, défaire ou rendre plus troubles les liens que chacun entretient avec ses proches et sa propre vie.
« Il y a, d’un côté, le biologique – la procréation, c’est l’engendrement par le père et l’enfantement par la mère – et, de l’autre, la filiation. Cette dernière est toujours exprimée par un acte, quel qu’il soit : à Rome, le père soulevait son enfant dans ses bras. Dans le Béarn, au Moyen Âge, l’homme se mettait « en couvade » et recevait les visiteurs comme s’il avait lui-même accouché. La filiation est essentiellement un acte social, qui n’a rien à voir avec le biologique. » Françoise Héritier
A la trace suivi de Celle qui regarde le monde est paru aux éditions de L’Arche. Avec à l’image Yannick Choirat, Alex Descas, Wajdi Mouawad, Laurent Poitrenaux.
« Voilà toute une bande de femmes qu’il va falloir absolument suivre – et suivre A la trace, titre du spectacle, hypnotique et émouvant, qu’elles composent ensemble, et que l’on ne saurait trop recommander d’aller voir (...). La jeune auteure Alexandra Badea signe le texte et Anne Théron la mise en scène de cette pièce portée par un quatuor d’actrices exceptionnel : Nathalie Richard, Judith Henry, Liza Blanchard et Maryvonne Schiltz. » Fabienne Darge, Le Monde, 11 mai 2018
« Il en résulte une pièce magnifique, à la fois dense et fluide, et une mise en scène sublime, tout en glissements de paroles entendues et de regards captés. Un flux continuel d’une douceur rythmique hypnotique. La pièce aussi est construite sur un jeu de rencontres et la mise en scène organise avec bonheur celle du théâtre et du cinéma. » Jean-Pierre Thibaudat, blog Balagan, 31 janvier 2018
« La machine théâtrale mise en route par Anne Théron sur trois étages de décor nous transporte avec succès dans plusieurs intimités et plusieurs continents à la fois. Elle mêle cinéma et théâtre dans une subtile alchimie : Nathalie Richard dialogue avec ses amants numériques dans de faux directs qui enrichissent avec brio les strates de la fiction. » Emmanuelle Bouchez, Télérama TT, février 2018
« Entre la quête métaphysique et le polar, le texte d'Alexandra Badea déplace les habitudes de mise en scène d'Anne Théron sans la bousculer. Et réciproquement. Définis par leurs paroles et leurs jeux singuliers autant que par les liens qui les unissent entre eux, les personnages féminins de " À la trace " sont au carrefour de l'intime et du politique. » Anaïs Héluin, ScèneWeb, janvier 2018
« Il y a la plasticité des images vidéo, et la lumière qui transforme l’espace scénique. Il y a l’écriture d’Alexandra Badea qui emprunte des formes différentes : monologue, dialogues, narration. Dans le double récit qui s’opère sur le plateau, on a deux trajectoires parallèles : celle d’Anna dans sa fuite ; celle de Clara dans sa quête. Cela pourrait être deux lignes parallèles qui courent vers on ne sait quoi. » Ubu
« C'est à une subtile exploration des relations et de l'âme humaines à l'ère des réseaux sociaux et de la mondialisation que se livrent les deux artistes. (...) Le public a très longuement salué, lors de la première, ce travail d'artistes, tout à la fois poétique, psychologique, sociologique, psychanalytique. Il n'y a là aucune pesanteur, pas un geste de trop, pas un mot de trop, tout est profond, subtil, analyse avec une rare acuité » Christine Zimmer, DNA, 30 janvier 2018
« Je ne sais pas. Je ne sais plus. J’ai été enceinte une fois. J’ai perdu l’enfant. Je l’avais attendu longtemps. J’aimais cet homme… Je suis devenue folle en l’aimant. Il était militaire. Il partait pour des missions ponctuelles, il revenait, il repartait et à chaque départ mon coeur s’arrêtait. J’avais peur qu’un jour il meure et que rien ne reste derrière nous. Parfois l’amour est trop abstrait. J’avais besoin de le rendre concret, de le rendre vivant, de le recréer dans un autre corps. L’enfant est arrivé. Mais il n’est pas resté longtemps. » À la trace
Original, texte intéressant, bien joué... à voir
Un beau spectacle avec d'excellentes comédiennes, un texte beau et fouillé qui résonne à bien des moments du spectacle sur les étapes de la vie : le rapport mère-fille, le regard des autres, la solitude, la maternité, sa place dans le monde... Les passages avec vidéos auraient gagné à être resserrés sans doute, et moins marqués : ils apportent un peu de lourdeur, alors que comédiennes et texte sont très justes.
Pour 2 Notes
Original, texte intéressant, bien joué... à voir
Un beau spectacle avec d'excellentes comédiennes, un texte beau et fouillé qui résonne à bien des moments du spectacle sur les étapes de la vie : le rapport mère-fille, le regard des autres, la solitude, la maternité, sa place dans le monde... Les passages avec vidéos auraient gagné à être resserrés sans doute, et moins marqués : ils apportent un peu de lourdeur, alors que comédiennes et texte sont très justes.
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