On tue le père et puis après on fait quoi ?
La presse
Le Théâtre du Baldaquin
Une tragi-comédie familiale contemporaine vieille comme le monde.
Alex Legrand vient d'écrire un livre assassin, Avant que tes vers me bouffent, dans lequel il règle ses comptes avec sa famille et qui sort aujourd'hui. Aujourd'hui commence la pièce. Aujourd'hui, Alex Legrand est dans un état de panique totale : ses parents vont arriver chez lui d'une minute à l'autre, ils ne savent rien du livre de leur fils, ils ne savent pas qui les a tués. Ils viennent simplement prendre le thé et faire connaissance avec Annabel.
Mais avant l'arrivée de Monsieur et Madame Legrand, dans un temps d'attente dilaté par l'anxiété et l'imagination d'Alex, un temps où réalité et fantasmes se contaminent, Alexandre et Alexandra surgissent de l'armoire à plusieurs reprises : pacte d'amour sado-masochiste en alexandrins, procès du père où le fils devient accusé, venimeux pique nique familial autour d'un os et d'une salière.
Ces scènes fantasmatiques sont régulièrement interrompues, traversées par le temps réel : Jonathan passe et repasse avec des demandes auxquelles personne ne répond ; Annabel tente régulièrement de ramener Alex à la réalité de leur couple...
Mais le temps s'accélère. C'est l'heure du thé. Monsieur et Madame Legrand arrivent. Leur arrivée ne résout rien, au contraire. En s'introduisant dans l'intimité de leur fils, découvrant à son insu le livre patricide, ils sont envahis par l'anxiété, démasqués par les non dits, trahis par les mots.
Les malentendus entre les personnages se multiplient. Fantasmes et réalité se contaminent. Annabel et Jonathan sont pris dans la tourmente. Alex fait ce qu'il peut. Chacun fait ce qu'il peut, pas ce qu'il veut.
Alex Legrand est une histoire de rapports aliénés : un fils paralysé par ses parents, des parents paralysés par leur fils ; une histoire d'amour, des histoires d'amour invivables. Une histoire de mots aussi, de mots dits, de mots tus, de mots aux pouvoirs magiques, de mots qui créent la vie, de mots qui la condamnent.
" Le malheur de l'homme est d'avoir été un enfant ". Cette phrase empruntée à Franz Fanon pourrait résumer ce qui se noue au coeur de chaque personnage d'Alex Legrand.
La pièce parle et s'adresse à chaque enfant en nous, et à chaque père, chaque mère, qui lui/elle aussi a été un jour un enfant, soumis à des règles qu'il a dû accepter ou rejeter, peu importe - et qui en a pleuré, et qui en a ri.
Tout ce qui fait de nous ce que nous sommes et ne sommes pas. Tout ce qui nous libère et nous entrave. Ce que l'on détruit, ce que l'on construit. Tout ce que l'on tisse de liens, de noeuds, de rêves, possibles ou impossibles, seul et avec l'autre, et qui s'appelle la vie.
"La révélation d'un jeune auteur. Cinq comédiens d'une force et d'une invention peu communes." Télérama
"La pièce magnétise littéralement le public." La Scène
"Nathalie Fillion possède le don du mot original et foudroyant. Elle sait de plus bâtir un scénario. bref, c'est une écrivaine. Comme son personnage principal, qui a écrit un roman assassin sur ses parents et attend, paniqué, en compagnie de sa copine anglaise, leur arrivée. L'auteur a elle-même mis en scène cette comédie familiale qui pulvérise les codes du genre en bringuebalant entre réalité et épouvante stylisée. Difficile de ne pas être aimanté par ce spectacle dont le décor se réduit à un lit, un tapis et une armoire, et que défendent avec un entrain féroce cinq comédiens d'une force et d'une invention peu communes." Télérama sortir
Créé en 1992 par Stéphane Vallé, acteur et metteur en scène, pour des projets personnels, le Théâtre du Baldaquin s’est constitué en compagnie en 1996, autour de Stéphane Vallé et Nathalie Fillion.
La compagnie est en résidence à la Scène Nationale de Cergy Pontoise de 1995 à 1999, sous la direction de Vincent Colin avec qui le Théâtre du Baldaquin vit un compagnonnage sur plusieurs années.
Après un premier spectacle Le salon d’Ismène d’Hallali, montage d’après les stoïciens Epictète et Marc Aurèle, mis en scène par Stéphane Vallé, Nathalie Fillion s’engage dans l’écriture. Depuis, le Théâtre du Baldaquin est centré autour de cette écriture :
Pauvre Télémaque ou pas facile d’être le fils d’Ulysse, sa première pièce, mise en scène par Stéphane Vallé, est produite et créée à la Scène Nationale de Cergy Pontoise en 1997. Elle sera jouée en tournée pendant deux ans.
En 1999, Dans la gueule du loup, spectacle itinérant pour un théâtre vide, écrite et mise en scène par elle-même, est créée à la Scène Nationale de Cergy Pontoise et reprise au théâtre des Bergeries de Noisy le Sec.
Alex Legrand est le troisième texte de Nathalie Fillion produit par la compagnie.
Parallèlement à ses commandes pour diverses compagnies, Nathalie Fillion poursuit un travail personnel, qui la mène régulièrement de l’écriture jusqu’au plateau. L’engagement dans la forme dramatique étant une façon de continuer de poser des questions au plateau, de poser dans l’écriture même la question de la théâtralité et de la relation au spectateur. Questions auxquelles le plateau apporte ses propres réponses.
Fin 2004 - Questions motrices : où en sommes nous du 4ème mur ? Brecht l’aurait t’il fait tomber pour rien ? Quelle histoire nous a t’on raconté et comment ? Sommes nous condamnés à l’amnésie ? Que voulons nous à notre tour transmettre ? Dénoncer la théâtralité, en jouer et la déjouer, mettre le spectateur de plein pied avec elle, n’est-ce pas un des moyens de lui redonner sens ?
53, rue Notre Dame des Champs 75006 Paris