Avidya, l'auberge de l'obscurité

A la frontière du réel et de l’imaginaire, Kurô Tanino nous invite à passer la porte d’une auberge figée hors du temps, où la scénographie est au service d’une envoûtante fable philosophique.

Au cœur des montagnes du Japon, dans une auberge dédiée aux bains traditionnels, deux marionnettistes arrivés de Tokyo attendent le propriétaire pour présenter leur spectacle. Intrigués par ce nain et son fils au visage impassible, les villageois s’en approchent peu à peu. Dans les vapeurs fiévreuses, les langues se délient, les esprits s’agitent, les destins se réalisent. Il est dit que l’auberge Avidya a le sien tout tracé, condamnée à la démolition pour laisser place à une nouvelle ligne de chemin de fer.

Dans cet huis-clos cinétique servi sur plateau rotatif, c’est la fin d’un monde qui est donnée à voir, et le spectacle des êtres qui la traversent, dans toute sa palette d’émotions – de l’angoisse à la volupté. Outre un puissant hommage au Japon profond de ses ancêtres, Kurô Tanino nous offre un voyage dans le ventre de nos désirs, aux confins des non-dits.