La pensée caustique de Voltaire est redevenue d’actualité. Ce n’est pas ce qui a motivé Maëlle Poesy et Kevin Keiss lorsqu’ils ont décidé d’adapter Candide à la scène, mais plutôt l’envie de creuser la question : comment se construit une identité ? Raconter l’histoire de Candide, c’est suivre le parcours d’un antihéros qui décale notre lecture du monde. En embarquant avec lui dans ce voyage autour de la terre, sa quête devient notre quête : il est où « le meilleur des mondes » auquel nous aspirons ?
Le Candide mis en scène par Maëlle Poesy fait l’expérience de la folie des hommes, de leurs absurdités mais aussi de la nécessité pour chacun de partager son histoire, avec l’assurance que raconter c’est déjouer le destin. Un Candide qui invente ce qu’il peut, comme il peut, pour résister à la violence du monde, entre inquisition et tremblement de terre.
Pourquoi adapter le Candide de Voltaire ?
Deux thèmes de Candide étaient déjà présents dans mes spectacles précédents : la construction de l’identité individuelle face au groupe d’une part, et la question du voyage initiatique de l’autre. J’avais envie de travailler sur une forme littéraire plus libre qu’une pièce déjà écrite qui permette une plus grande part d’invention au plateau.
Comment s’est passé justement le passage du conte de Voltaire à la scène ?
Avec Kevin Keiss qui est dramaturge et auteur, et avec qui nous avions déjà collaboré, nous avions envie d’inventer notre propre matériau théâtral, de pouvoir l’adapter aux évolutions des répétitions, de penser une écriture d’un texte sur mesure. Nous avons donc fait des choix d’adaptations permettant de développer certains thèmes de Candide, et Kevin en a écrit les dialogues.
Dans Candide, le personnage voyage sans cesse, découvre le monde. Comment crée-t-on du voyage dans une boîte noire ?
C’était ma gageure principale quand nous avons commencé à travailler. Comment donner au spectateur l’impression qu’une boîte noire puisse représenter deux continents, des milliers de kilomètres. Je ne veux pas trop déflorer les solutions que nous avons trouvées mais disons que l’idée est d’utiliser des moyens très théâtraux pour représenter les voyages. En jouant avec le son, les lumières, on peut créer des sensations d’espaces, de lieux, et faire travailler l’imaginaire du spectateur. D’une certaine façon, on fournit au spectateur une série de signes et c’est son imagination qui permet de compléter l’univers proposé. Sur la scène, le décor est composé de trois structures métalliques qui se modulent pour créer les espaces de chaque tableau. Ce dispositif nous permet d’inventer les mondes que traverse Candide de façon poétique et ludique.
Le voyage, c’est aussi une question de déplacement corporel, avez-vous travaillé spécifiquement les corps ?
Oui, l’élément chorégraphique est important dans le spectacle. Les corps des comédiens sont soumis à des paysages différents et leurs corps s’en ressentent. En Amérique latine, ils traversent la neige, l’eau, les montagnes et ils ne bougent pas comme en Europe. J’ai fait dix ans de danse avant de me lancer dans le théâtre et j’en ai gardé un souci de l’organicité de ce qui se passe au plateau. Cette mise en scène de Candide pose aussi la question de savoir ce que les corps peuvent raconter à la place ou en plus du texte, quel sous texte se lit dans l’énergie ou la personnalité de certains personnages. Je voudrais qu’une part de l’inconscient des personnages passe par le corps.
Voltaire, suite aux attentats du début janvier 2015, a acquis un regain d’actualité. Est-ce en écho avec votre travail ?
Le spectacle a été pensé en 2013 et monté en mai 2014, donc bien avant que Voltaire ne redevienne une valeur à la mode. Il reste qu’en 2013, l’état du monde était déjà à peu près ce qu’il est aujourd’hui, et un travail autour de la philosophie des Lumières, la pensée critique, l’importance d’une pensée majeure, majeure c’est-à-dire par soi-même, me semblait déjà vraiment nécessaire. Et Candide, bien sûr, interroge tout cela : la relation au pouvoir ou à l’intégrisme religieux.
Votre Candide propose-t-il une réponse esthétique à cette question du vivre ensemble ?
Essayer d’appliquer dans la façon dont on travaille avec les gens la façon dont on aimerait que le monde fonctionne. Être en accord avec ses idées. Dans la pièce, par exemple, tous les comédiens font tout : ils jouent plusieurs personnages, sauf celui qui interprète Candide, construisent le monde et le déconstruisent à vue. Le personnage de Candide peut évoluer, avancer, parce que tout le monde se démène autour de lui pour faire avancer son histoire. Sans cette solidarité entre les acteurs, la pièce n’avance pas. Et donc on pourrait dire que le spectacle raconte un élan commun à porter des idées ensemble.
Si quatre acteurs jouent une vingtaine de personnages, comment avez-vous fait pour que le spectateur ne s’embrouille pas ?
Je travaille à la fois sur les énergies, les silhouettes et les costumes des personnages. Nous sommes partis d’une silhouette basique, la même pour tout le monde, et autour nous ajoutons quelques éléments qui permettent de la modifier de manière très lisible et très rapide : un manteau porté d’un côté et c’est un inquisiteur. En le retournant, il devient le signe d’un protestant intégriste. Il fallait que les accessoires puissent déployer une multitude de signes.
L’identité passe donc par le vêtement ?
Disons que Candide se fait très souvent dépouiller, rhabiller, comme une marionnette, au début de la pièce, en fonction des endroits où il se trouve, des personnes avec lesquelles il est. Et puis à un moment il trouve son costume, un costume de vagabond, inspiré des hobos américains, parce que c’est ce qu’il est : un vagabond, quelqu’un qui découvre le monde et s’apprend soi-même au passage.
Propos recueillis par Stéphane Bouquet, octobre 2015
Une mise en scène échevelée. Un candide hélas toujours d’actualite. Un très beau théâtre. Un spectacle utile.
Toujours actuel,joué très bien par des jeunes acteurs,le public était enthusiaste!
merveilleusement joué .beaucoup d'imagination dans la conception du décor et l'utilisation des éléments. .Nous sommes littéralement emportés dans le mouvement du conte avec une belle dextérité grâce au talents des comédiens BRAVO A CETTE TROUPE.
Une pièce magnifique mais à raccourcir car vers la fin on se répète un petit peu. Acteurs talentueux.
Pour 7 Notes
Une mise en scène échevelée. Un candide hélas toujours d’actualite. Un très beau théâtre. Un spectacle utile.
Toujours actuel,joué très bien par des jeunes acteurs,le public était enthusiaste!
merveilleusement joué .beaucoup d'imagination dans la conception du décor et l'utilisation des éléments. .Nous sommes littéralement emportés dans le mouvement du conte avec une belle dextérité grâce au talents des comédiens BRAVO A CETTE TROUPE.
Une pièce magnifique mais à raccourcir car vers la fin on se répète un petit peu. Acteurs talentueux.
une mise en scène nouvelle et dynamique qui illustre à merveille les propos, oh combien modernes, de Candide et ses acolytes. Une très belle soirée avec des acteurs jeunes et enthousiastes.
Belle mise en scène et de très bons acteurs .J'ai beaucoup aimé les clins d'oeil à notre époque... bravo!
J'ai vu ce spectacle avec mon fils ado en novembre 2015. Candide version actuelle. Une mise en scène géniale, pleine de trouvailles, des interprètes aux multiples visages, tous excellents.
17, boulevard Jourdan 75014 Paris