Amateur des contre-pieds saisissants, c’est en caressant à rebrousse poil le postulat qui donnait son titre à un fameux film de Maurice Pialat que la troupe des Chiens de Navarre s’amuse avec Quand je pense qu’on va vieillir ensemble des promesses d’une espérance de vie censée faire de chacun de nous des centenaires en puissance.
Prônant le jeu de massacre sociétal sans craindre les zones d’ombres poétiques pas plus que les plages de tendresse, le théâtre des Chiens de Navarre se réécrit lors de la représentation dans l’instantané de sa monstration. Neuf comédiens lâchés sur le plateau sous le regard d’un metteur en scène et chef de troupe qui, en la personne de Jean-Christophe Meurisse, veille chaque soir au grain, harmonise les performances entre les solistes en garant du tempo idéal.
Des rituels sorciers des Maîtres fous de Jean Rouch aux expériences destroy du cinéma de l’américain Harmony Korine, ce théâtre du rire cathartique adore aussi puiser son inspiration au cœur de la littérature, tels les écrits de l’auteur suédois Stig Dagerman qui, avec son texte testamentaire Notre besoin de consolation est impossible à rassasier, irrigue le spectacle de sa présence fantomatique.
Par les Chiens de Navarre.
« Comme d’habitude, les Chiens se plaisent à rapprocher les contraires, à frotter les opposés dans un mélange de sérieux et d’« on est là pour rigoler », où la franche déconnade porte toujours en elle le poids de la mélancolie. (...) Le couple, l’enfance, l’envie d’ailleurs et d’autrement affleurent dans cet opus où brille toujours la capacité à faire naître une écriture de plateau bien particulière, où l’improvisation réglée place sans cesse les comédiens sur la brèche. » Eric Demey, Mouvement, 25 février 2013
« Dire que l’on va vieillir ensemble, avec ces Chiens de Navarre et leurs comédies à la française, limite franchouillardes, cela fiche un sacré coup au moral. Mais dans le bon sens, car cette meute de comédiens continue de nous faire rire en pointant les travers de ses contemporains, c’est-à-dire les siens. » Marie-Christine Vernay, Libération, 6 mars 2013
« L’imagination des Chiens de Navarre déborde comme le lait dans la casserole quand on ne surveille pas le feu. Les Chiens de Navarre ne veulent pas surveiller le feu, ni le domestiquer, ni le maîtriser, ils aiment quand ça déborde, quand ça dégouline. L’aléatoire est leur rigueur. Cela peut laisser ici l’impression d’un spectacle pas fini et là celui d’un spectacle faisant l’éloge du fragmentaire et de l’imprévisible. Ça passe ou ça casse. Cette fois ça passe et plus que bien. » J.-P. Thibaudat, rue 89, 27 février 2013
Très beau spectacle, raffiné et dissacrant.
Décalé, trash mais fin et drôle à la fois. Pas facile de réussir ce grand écart là. A ne franchement pas louper.
Pour 2 Notes
Très beau spectacle, raffiné et dissacrant.
Décalé, trash mais fin et drôle à la fois. Pas facile de réussir ce grand écart là. A ne franchement pas louper.
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