Créé à la Maroquinerie - Paris -1998
A l’avant-scène, au centre, se touchant, trois jarres identiques, un mètre de haut environ, d’où sortent trois têtes, le cou étroitement pris dans le goulot. (…) Elles restent rigoureusement de face et immobiles d’un bout à l’autre de l’acte. Visages sans âge, comme oblitérés, à peine plus différenciés que les jarres. La parole leur est extorquée par un projecteur se braquant sur les visages seuls. (…) Voix atones sauf aux endroits où une expression est indiquée. Débit rapide.
Tel est le dispositif inexorable indiqué par Beckett pour Comédie (1963) qui met en scène, dans une lumière d’outre-tombe, l’immuable trio du vaudeville. Adultère, mensonge, banalité, misère humaine, y résonnent pour l’éternité, comme les motifs dérisoires d’une polyphonie exténuée, mais qui résout pourtant, entre deux hoquets, sa furieuse tension formelle dans la pure et simple affirmation de l’immédiate émotion du théâtre.
Menant la réduction des éléments scéniques à leur point ultime de concentration, Pas moi (1972) ne met plus en scène qu’une Bouche affolée par son refus véhément de lâcher la troisième personne et le flot irrépressible des paroles qui la traversent : … quelque chose qu’il faut qu’elle… dise… si c’était ça… quelque chose qui dise… comment c’était… comment elle - … quoi ? … avait été ? … oui… quelque chose qui dise… comment ç’avait été… comment elle avait vécu… toujours plus avant… coupable ou non… toujours plus avant…
Focalisé par l’auteur sur la vision fascinatoire d’une entaille de chair palpitante, le spectacle de ce combat éperdu touche à l’évidence poignante des grands mythes archaïques. Mon ambition, entreprenant la réalisation de ces deux actes brefs, ne visera qu’à transmettre au public l’extraordinaire énergie qui me fait vibrer, depuis trente ans déjà, au contact des écrits magiques de Samuel Beckett (1906 - 1989).
Christian Rist
Après Beckett / d’après Beckett trois journées de libre hommage à Samuel Beckett
Spectacles en alternance les Vendredi 16 et samedi 17 juin à partir de 18h30, Dimanche 18 juin à partir de 16h
Bing, une pause chorégraphique par Alain Michard
création sonore : Kolatch, création lumière : Yves Godin
avec Elise Olhandeguy, danseuse / Hubertus Biermann, comédien musicien / Daniel Isoir, pianiste
Bing, une densification d’objets visuels et sonores dans une contraction du temps. La danse, le texte et la musique forment un ensemble homogène. Unis dans une même tension, une même vibration, chacun par son minimalisme et son intensité contribue à capter l’attention du spectateur dans le plus infime, à l’emporter de manière hypnotique vers l’abstraction, la soustraction, vers l’effacement.
concert de musique contemporaine par l’ensemble S :I.C Petits pas de paraboles Projection de films et diffusion d’enregistrements radiophoniques avant et après le spectacle
avec Elena Andreyev (violoncelle), Gilles Deliège (alto), Sophie Deshayes (flûte), Pierre Dutrieu (clarinette), Vincent Leterme (piano), Anne Mercier (violon), Françoise Rivalland (percussions)
S :I.C (Situation : Interprètes Compositeurs) confronte son goût pour la musique de chambre aux propositions des compositeurs d’aujourd’hui. Par son travail de chambriste, l’ensemble crée un espace d’échanges avec les compositeurs qui permet de remettre en question aussi bien les moyens d’écriture utilisés que la position d’interprète face au langage spécifique de chaque musicien du groupe.
Spectacle de marionnettes d’après " Acte sans parole I " par la Compagnie Lokki et les Escaboleurs
Entrée libre, mise en scène Christiane Lay, manipulation Kim Depret et Christiane Lay
La marionnette de Petits pas de paraboles n’a pas de main et se trouve dans l’impossibilité de jouer le texte à proprement parler. Avec elle, ce handicap lié à la question des corps invalides ou fragmentés présents dans l’œuvre de Beckett révèle encore plus le mouvement intérieur de ce petit être, et accentue par là même le tragique comique de la situation
La Cartoucherie - Route du Champ de Manoeuvres 75012 Paris
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.