"Non, on ne donne pas de coups de pieds dans les meubles. Non, on ne gifle pas le psychanalyste. Ou rarement. Non, les séances ne sont pas gratuites. Non, on ne vous paye pas pour venir. Non, on ne mange pas pendant les séances. Non, on n'a pas besoin d'avoir confiance pour s'analyser. Non, on ne tire pas les cheveux du psychanalyste. Non, il ne s'agit pas d'intéresser le psychanalyste. Non, on ne tape pas les enfants des autres en salle d'attente..."
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la psychanalyse sans jamais oser le demander à votre psychanalyste... Tout ce que vous avez toujours fait pour être sûr de tout rater y compris votre psychanalyse... Eh bien ce mode d'emploi est pour vous car ici tout est vrai, tout respire le vrai... C'est piquant, sensible, drôle...
Comment rater sa psychanalyse, publié par les Editions Frison Roche, est un texte écrit par Bernard Cremniter, éminent Psychiatre et Psychanalyste appartenant à l’Ecole de la Cause Freudienne, dernière Ecole fondée par le Docteur Jacques Lacan et actuellement dirigée par Jacques-Alain Miller.
Comment rater sa psychanalyse est un projet de Théâtre d’Investigation qui vise la rencontre de ce qui se joue dans la psychanalyse. Notre axe de départ est le texte Comment rater sa psychanalyse écrit par Bernard Cremniter, éminent psychanalyste de l’Ecole de la Cause Freudienne.
Ce projet est une passerelle entre l’espace public et la sphère privée, entre le plateau et le cabinet, entre le monde et l’immonde, entre la Scène et l’Autre Scène, entre le savoir et le jeu.
En chœur, nous aborderons ce texte en pratiquant la méthode analytique qui consiste à associer librement, condenser, déplacer, abolir la chronologie, interpréter, suspendre, surprendre… dire ce qui passe par la tête. La méthode découle de la phrase du Docteur Jacques Lacan : « Je pense où je ne suis pas, donc je suis où je ne pense pas ». Nous jouerons à tirer les ficelles de cet énoncé.
Le public, placé en bi-frontal, sera le témoin de ces tentatives qui capotent et qui clapotent… Avec un groupe de vraies/fausses actrices, d’un vrai/faux assistant, d’un faux/vrai metteur en scène… et de vrais Experts en Raté/Ratage, nous inventerons une série de Protocoles ludiques pour faire entendre ce qui se dit / ne se dit pas dans le texte et …dans l’analyse.
Comment rater sa psychanalyse investira divers registres de la représentation : lecture, improvisation, petites annonces, interview, Karaté Lacan, témoignage réel, danse ratage, vrai/faux vidéo-reportage, séance d’hypnose, néo-dictée de néologismes, remplacement d’acteur au pied levé…
Chaque soir, nous ouvrirons une fenêtre sur un Expert en Raté/Ratage, qui parlera en direct de ce qui rate dans son domaine, preuves à l’appui : Thierry Niang (chorégraphe), Christian Prigent (poésie), Jean Pierre Han (journaliste, critique), Eugène Durif (auteur), Dgiz (slameur), Ben (arts plastiques), Anne Saulay (Administrateur du Sénat), Christophe Lamiot Enos (poésie), Bill Mad (avocat international), Stéphane Ferrara (boxeur), Pierre Larrouturou (économiste)…
Il y aura 10 représentations uniques marquées par 10 prises de paroles uniques.
Alain Gintzburger & Johanna Korthals Altes
« Vous poser la question du sexe du psychanalyste que vous n’allez pas encore voir vous détourne savamment de ce qui se passe dans votre vie. L’essentiel attendra bien, tandis que vous vous demandez : « Une femme, ce serait mieux pour moi, non ? », « Oui, mais un homme, c’est bien ! » En fait, le sexe d’une oreille ne dépend pas du sexe dont c’est l’oreille, mais comment admettre qu’une oreille mâle puisse ressembler à une oreille femelle ? »
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« Une attitude extrêmement profitable au ratage, c’est de ne plus rien dire au psychanalyste. Venir aux séances, certes, mais pas davantage : le silence et rien d’autre. Comme il est rare que le psychanalyste parle beaucoup, le résultat sera excellent. Quoi de plus reposant que le silence. »
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« Voilà qu’on vous parle d’argent maintenant ? ça se complique, et les complications, vous aimez ça. On ose même vous réclamer de l’argent ! Rétorquez immédiatement que le principe vous déplait : payer pour être écouté vous paraît inadmissible et dégradant. Vous avez trois idées sur le sujet : d’abord ne pas payer pour ça ; ensuite, à la rigueur, discuter le principe de séances gratuites, tout en faisant savoir que, finalement, le mieux serait que l’on vous paye pour venir. »
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« Être ou ne pas être, le principe d’Hamlet est prodigieux. Recourez-y à la moindre occasion : « j’ai envie / je n’ai pas envie. » S’il ne tenait qu’à vous, vous seriez bien prêt à concéder ceci ou cela, mais c’est l’envie qui décide. L’envie, c’est comme un cheval fatigué, mal nourri et qui a fait trop d’heures. Il n’en peut plus. A la première ornière, il tombe, vous obligeant à continuer à pied, et par dessus le marché, à porter la selle. Non, décidément, vous n’avez pas envie de parler. Surtout là, avec un inconnu. »
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« Un des coups imparables du rateur d’élite, c’est l’indécision. Il est à tenter souvent et aussi tôt que possible, car le dispositif analytique c’est comme la portée de chatons : il faut le noyer avant qu’il prospère… Dépression et indécision sont les deux mamelles du ratage. L’indécisepression ! C’est l’indécisepression qui permet de durer dans l’intenable. Pour tout faire rater, l’indécisepression n’est jamais à court d’inspiration. »
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« C’est une donnée classique de l’analyse : la chose excitante, c’est tomber amoureux
de son psychanalyste.
- il y a même des mariages, à ce qu’on dit ?
Cet amour sans mesure peut toucher à l’épique. Imaginez que vous deveniez
follement amoureux ?
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« Il n’est donc pas garanti que la psychanalyse fasse divorcer, même si les psychanalystes aiment à s’en vanter. Ils sont très fiers de ça. Mais psychanalyse et divorce sont en fait infiniment plus indépendants qu’il n’y paraît. L’astuce des psychanalystes est la suivante : s’il y a divorce, ils s’en attribuent le mérite. S’il n’y a pas divorce, ils s’en attribuent le mérite également. »
5, rue du Plateau 75019 Paris